Les états de la CEMAC face aux défis de la sécurité humaine( Télécharger le fichier original )par Marius Judicael TOUATENA SIMANDA Université de Yaoundé 2 - Master en Droit Public International et Communautaire 2015 |
B- Les menaces inhérentes à l'environnement et à la démographieNous verrons successivement les menaces inhérentes à l'environnement (I) et celles inhérentes à la démographie (II). I - Les menaces environnementalesAlors que les menaces environnementales telles que le changement climatique, la déforestation, la pollution de l'eau et de l'air, et les désastres naturels concernent tout le monde, elles touchent davantage les pays et les communautés pauvres. Le changement climatique exacerbe déjà les menaces chroniques d'ordre environnemental et les pertes d'écosystèmes provoquent la diminution des moyens de subsistance, en particulier pour les personnes pauvres. Un environnement propre et sûr devrait être considéré comme un droit, et non un privilège. Le Rapport sur le développement humain de 2011 souligne que l'équité et le développement durables sont intimement liés. Les sociétés durables ont besoin de politiques et de changements structurels qui alignent les objectifs du développement humain sur ceux du changement climatique au travers de stratégies de réduction des émissions et de résilience face au changement climatique, et de mécanismes novateurs de financement public-privé222(*). Les personnes les plus défavorisées participent peu à la détérioration de l'environnement à l'échelle de la planète, mais elles sont souvent les plus touchées par ses impacts223(*). Ainsi, bien que contribuant peu au changement climatique mondial, les pays à faible IDH seront probablement les plus touchés par la diminution et la variabilité croissante et prononcée des précipitations annuelles, avec des conséquences terribles sur la production agricole et les moyens de subsistance. L'ampleur de telles pertes montre combien il est urgent d'adopter des mesures visant à augmenter la résilience des personnes face au changement climatique224(*). Les catastrophes naturelles, qui augmentent en fréquence et en intensité, causent des dommages économiques et pertes en capacités humaines substantiels. Pendant la seule année 2011, les catastrophes naturelles provoquées par les tremblements de terre (tsunamis, glissements de terrain et affaissements du sol) ont entraîné la mort de plus de 20 000 personnes et des dommages à hauteur de 365 milliards de dollars, y compris la perte de l'habitat pour environ un million de personnes225(*). L'impact a été important pour les petits États insulaires en développement, dont les pertes, pour certains, ont atteint 1 % du PIB et, pour d'autres, jusqu'à 8 % ou même des multiples de leur PIB. Sainte-Lucie, par exemple, a perdu environ quatre fois son PIB en 1998 à cause de l'Ouragan Gilbert, et Grenade a perdu deux fois son PIB en 2004 à cause de l'Ouragan Ivan226(*). Le Rapport sur le développement humain de 2011 a examiné plusieurs scénarios environnementaux. Le scénario de « défi environnemental » a pris en compte les effets négatifs anticipés du réchauffement planétaire sur la production agricole, l'accès à l'eau propre et à un meilleur assainissement, et la pollution. Selon ce scénario, la valeur mondiale moyenne de l'IDH serait 8 % plus basse en 2050 que selon le « scénario de base », qui se fonde sur une continuation et non une aggravation des tendances environnementales actuelles. Plus grave encore, la valeur régionale moyenne de l'IDH en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne serait 12 % plus faible selon le scénario de défi environnemental que selon le scénario de base. Selon un scénario de« catastrophe environnementale » encore plus sévère, la valeur d'IDH mondial en 2050 chuterait de 15 % en dessous de la valeur du scénario de base, de 22 % en Asie du Sud et de 24 % en Afrique subsaharienne, stoppant ainsi, et même annulant des décennies de progrès en matière de développement humain dans les deux régions. Le Rapport sur le développement humain de 2013 analyse davantage l'impact de ces scénarios environnementaux sur le nombre de personnes vivant dans une extrême pauvreté de revenu. Selon le scénario de catastrophe environnementale, environ 3,1 milliards de personnes de plus souffriront d'extrême pauvreté de revenu en 2050 par rapport au scénario de progrès accéléré, au lieu de 1,2 milliard en 2010. Par contre, selon le scénario de base, le nombre de ces personnes diminuera dans le monde entier d'ici 2050. Quelque 2,7 milliards de personnes supplémentaires vivraient dans une pauvreté de revenu extrême selon le scénario de catastrophe environnementale par rapport au scénario de base, une conséquence de deux facteurs liés entre eux. D'une part, le modèle montre une augmentation de 1,9 milliard de personnes se trouvant dans une situation d'extrême pauvreté de revenu du fait de la dégradation de l'environnement. D'autre part, les catastrophes environnementales empêcheraient près de 800 millions de personnes de sortir de cette situation, ce qui aurait normalement été possible selon les projections du scénario de base. Ces résultats soulignent un message central du présent Rapport : les menaces environnementales font partie des dangers les plus graves pour le développement humain, et leurs conséquences sur la pauvreté risquent d'être extrêmement néfastes. Plus l'action est retardée, plus le coût sera élevé. * 222 Voir PNUD (2011a) pour plus de détails. * 223 Idem. * 224La Stratégie internationale des Nations Unies de prévention des catastrophes définit la résilience comme « la capacité d'un système, d'une communauté ou d'une société exposés à un danger à résister, absorber, s'adapter et se remettre des effets de celui-ci d'une manière rapide et efficace, y compris par la préservation et le rétablissement de ses structures et fonctions de base essentielles » (Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe 2009). * 225Daniell et Vervaeck 2012. * 226GIEC 2012. |
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