Paragraphe II :
Pauvreté et l'inégalité des populations des Etats de la
CEMAC
Nous traiterons dans ce paragraphe la question de la
pauvreté (A) et de l'inégalité des populations des Etats
de la CEMAC (B) comme manifestation de l'inefficacité de riposte aux
menaces.
A- Pauvreté des
populations
En examinant la relation entre pauvreté et
chômage, il est important de se rendre compte que le fait de disposer
d'un emploi n'implique pas forcément le fait de se libérer de la
pauvreté. Bien que la situation varie d'un pays de la CEMAC à
l'autre, cet état de fait reste valable dans la mesure où
l'obtention d'un emploi est loin de garantir la subvention aux besoins
fondamentaux de l'individu. Les données disponibles sur chaque pays
indiquent que le nombre de pauvres dépasse d'un certain pourcentage
celui des chômeurs, indépendamment de la nature des
critères utilisés pour mesurer la pauvreté. Même
lorsque les chômeurs forment une grande part de ceux qui prennent en
charge les familles pauvres, comme c'est le cas en Centrafrique (21,5 %) et au
Cameroun (24,9 %), la majorité des familles, qui vivent
l'insécurité économique dans les deux pays, sont prises en
charge par des personnes ayant un emploi.
L'insécurité économique associée
à la pauvreté peut être mesurée selon deux
perspectives. La première concerne la pauvreté de revenu qui
évalue le bien-être des individus en se basant sur leurs revenus
(on y définit le bien-être à travers ce dont la personne
peut disposer en termes de marchandises et de services en se basant sur sa
dépense de consommation réelle). La deuxième concerne la
pauvreté humaine qui va au-delà du PIB pour englober une
conception plus large où le bien-être des individus est
défini en fonction non seulement du revenu, mais aussi d'autres valeurs
comme l'éducation, la santé et la liberté politique. Alors
que la pauvreté de revenu est l'échelle la plus adoptée
par les concepteurs des politiques dans le monde entier, le concept de
pauvreté humaine donne, avec tous les indices qui s'y rapportent, une
image plus globale de la relation complexe et à multiples facettes entre
le revenu et le bien-être.
I- La pauvreté de
revenu
L'approche de la pauvreté en termes de revenu est la
plus largement adoptée au niveau de l'ingénierie politique. La
mesure la plus utilisée sur une grande échelle est l'approche qui
adopte le pourcentage chiffré ; ce qui veut dire le pourcentage du total
des habitants vivant en dessous d'un niveau de vie conventionnellement
défini comme seuil de pauvreté. De ce fait, le pourcentage
chiffré est un critère pour mesurer la propagation de la
pauvreté ou la portée qu'elle a atteinte dans une
société donnée. Il est possible de l'adopter aussi comme
mesure relativement claire de l'instabilité économique. La Banque
mondiale a vulgarisé les seuils internationaux de pauvreté de 1
et 2 USD par jour et par personne.
Le tableau en annexe présente l'application des 1,25$
dans la sous région CEMAC.
Relativement et généralement, le degré de
pauvreté de revenu dans les pays de la CEMAC est haut, malgré la
différence des niveaux de revenu, la volatilité de la vraie
croissance par habitant et l'augmentation des taux de chômage.
D'après le rapport sur le développement humain de 2014, la
population du Cameroun (9,56%), du Congo Brazzaville (54,1%), du Gabon (4,84%)
vivaient au-dessous du seuil de pauvreté de 1,25$ par jour pour la
période comprise entre 2002-2012.
Ces estimations reflètent le degré de
pauvreté selon son seuil international. On peut aussi considérer
les tranches des populations en dessous du seuil national de la pauvreté
avec ses niveaux les plus bas (c'est-à-dire le plus bas seuil de
pauvreté).
Pour les objectifs de notre analyse, il est à noter que
l'application du seuil international de pauvreté, de 1-2 USD par jour,
et le seuil national bas, donne respectivement une image identique du niveau de
l'extrême pauvreté dans la sous région.
Si telle est l'image de l'extrême pauvreté dans
les pays CEMAC à la limite de son seuil le plus bas, il est raisonnable
de prévoir qu'un taux élevé de la population vit à
la limite du seuil le plus bas ou le plus haut de la pauvreté.
Il est prévisible que la pauvreté de revenu et
l'insécurité qui lui est associée seront plus
répandues parmi les populations du milieu rural. La prévalence de
la pauvreté dans le milieu rural est évidente dans certains pays
à bas revenu et à revenu moyen-inférieur, tels que la
République Centrafricaine, le Tchad et le Congo Brazzaville.
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