Les états de la CEMAC face aux défis de la sécurité humaine( Télécharger le fichier original )par Marius Judicael TOUATENA SIMANDA Université de Yaoundé 2 - Master en Droit Public International et Communautaire 2015 |
II- Les personnes déplacées internesEn plus des réfugiés, il y a les Personnes déplacées internes (PDI). Les raisons diffèrent d'un cas à l'autre, mais ils ont des traits en commun. Ils sont tous des victimes de conflits locaux ou internationaux, des victimes de l'occupation ou des attaques des milices en conflit. L'escalade du conflit observée depuis décembre 2013 en RCA a entraîné le déplacement de quelque 930 000 personnes à l'intérieur du pays en 2014 et un exode en direction des pays limitrophes : 135 000 Centrafricains se sont réfugiés au Cameroun, 22 000 en RDC, 20 000 au Tchad et quelque 10 000 au Congo. Le nombre total de réfugiés centrafricains accueillis dans ces pays, compte tenu des réfugiés de plus longue date, s'élève à présent à quelque 427 200. La situation en RCA a également contraint des dizaines de milliers de ressortissants d'autres pays, originaires en majorité du Tchad et du Cameroun, à prendre la fuite. La situation des ressortissants tchadiens, en particulier, a posé un problème humanitaire : la plupart d'entre eux étaient installés dans le pays depuis des années et sont des Tchadiens de la deuxième ou de la troisième génération, ayant peu de liens, sinon aucun, avec le pays dont ils ont la nationalité219(*). Le rapport du Secrétaire général à propos de la situation en République Centrafricaine indique qu'environ 410 000 personnes déplacées à l'intérieur du pays, dont 62.500 à Bangui et 347.500 en province à la mi-novembre 2014. Plus de 420000 Centrafricains ont trouvé refuge dans les pays voisins. Une évaluation d'urgence de la sécurité alimentaire, menée par le Programme Alimentaire Mondial, a montré que 28% de la population centrafricaine est touchée par l'insécurité alimentaire. Près de 1,2 million des Centrafricains ont besoin d'une assistance humanitaire. Les populations des centres urbains sont tenues de faire des choix difficiles : priver leurs enfants des écoles, se passer des soins médicaux et se contenter d'un seul repas par jour pour pouvoir faire face à la pénurie alimentaire. Selon le HCR, la protection reste un besoin essentiel pour les PDI en Centrafrique car la partie du nord manque de sécurité, de services de base et d'opportunités de gérer les ressources matérielles. A Bangui, l'insécurité représente une contrainte majeure pour les PDI, pour les réfugiés revenus et les travailleurs humanitaires, pendant que les exactions dans les villages continuent, causant ainsi d'autres déplacements. Les travailleurs humanitaires trouvent des difficultés à accéder aux personnes qui souffrent de ces situations, d'autant plus que les attaques sont de plus en plus fréquentes contre les ONG et les Organisations Internationales sur la route. Les déplacés en Centrafrique ont des besoins précis, relatifs à leur situation, comme les documents d'identité, la possession d'un terrain agricole et la sécurité physique, en plus de la nécessité de chercher des informations sur leurs pays d'origine. Avec l'absence de ressources matérielles et d'offres d'emploi, les risques d'exploiter les femmes et les enfants augmentent et, selon le HCR, les besoins des PDI n'avaient pas reçu la priorité nécessaire à cause des défis humanitaires imposés. Dans ce cadre, le HCR insiste sur la nécessité d'attribuer une attention particulière à la prévention de la violence sexuelle et de la violence fondée sur le genre répandues entre les PDI. * 219 www.hcr.org site consulte le 30 juin 2015 à 16h23mn |
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