CHAPITRE II. : THEORIE GÉNÉRALE SUR
LE TAXI-MOTO
II.1. GENESE DES SERVICES DES TAXIS-MOTOS
Avant d'aborder la genèse de taxi-moto en Afrique
sub-saharienne, nous ne pouvons faire une impasse sur son ancêtre, le
vélo-taxi, utilisé pour le transport de personnes et de biens en
milieu rural.
En Afrique de l'Ouest, au Benin, le transport
«d'akassa» se faisait par la bicyclette
«kèkè-kannan», le transport de voyageurs venant
ultérieurement compléter cette activité (taxi-kannan)
(TOSSOU, 1993).
A l'Est, au Kenya et en Ouganda, le «boda-boda» est
apparu dès les années 1960 dans les zones autour de leur
frontière commune. Il permettait alors le transport, en toute
discrétion, de personnes et de produits entre les deux pays,
évitant ainsi les démarches administratives requises pour les
véhicules motorisées. Au début des années 1970, du
fait des contraintes économiques de la période du
Président Idi Amin Dada en Ouganda, la contrebande de marchandises en
provenance du Kenya s'est notablement accrue. Ce qui a encore favorisé
le développement de boda-boda. L'utilisation de vélo-taxi en
milieu rural s'est ensuite diffusée en milieu urbain aussi bien au
Benin qu'en Ouganda.
Enfin, en zone urbaine, nous pouvons également
mentionner le vélo-taxi de «Kaolaack» dans le bassin
arachidier sénégalais. Il est apparu dès les années
1930, à l'initiative des commerçants de la ville qui achetaient
de vieux cadres de vélo, les réparaient et les mettaient en
location (MORICE, 1981).
Tandis qu'en Afrique sub-saharienne, l'ancêtre du
taxi-moto est un simple vélo, sans transformation majeure du
véhicule. A Kisangani en RDC, ce vélo surnommé
«toleka» est usage même au moment où nous
rédigeons ce travail.
La situation en Asie du Sud-Est, où l'utilisation du
taxi-moto s'est également répandue, est différente. En
effet, on observe dans cette région une utilisation plus ancienne de
véhicules à deux ou trois roues, motorisés ou non, en tant
que mode de transport public urbain auxquels on ajoute
généralement un «réceptacle» pour le
passager : «beçak» en Indonésie,
«trisikad» au Philippines, «tuk-tuk» en Thaïlande,
etc.
En Asie du Sud-Est comme en Afrique, le taxi-moto est un
phénomène relativement récent. C'est dans les
années 1970 que l'on situe l'apparition des taxis-motos au Cambodge,
notamment à Phnom Penh (DURU, 2001), et aussi bien dans le transport
urbain qu'interurbain ou rural au Nigeria (OYESIKU, 2001).
En Afrique, c'est véritablement à partir du
milieu des années 1980 que le taxi-moto apparait en tant que tel, comme
au Niger et au Cameroun, ou bien comme résultat d'une évolution
du vélo-taxi, comme au Benin (AGOSSOU, 2004) et en Ouganda (HOWE,
MAUNDER, 2004).
Le taxi-moto est surtout présent dans les pays de
l'Afrique de l'Ouest.
En Amérique latine, à l'exception de la
République Dominicaine où les moto-Conchos ont commencé
à opérer dès le milieu des années 1980, le
taxi-moto est apparu plus tardivement et plus timidement. C'est notamment le
cas à Caracas où il est apparu au milieu des années 1990,
à Lima et d'autres villes plus petites comme Sincelejo en Colombie.
Ailleurs en Amérique centrale et au Mexique, les
vélos et les deux roues motorisées apparaissent progressivement
dans le transport public, certaines formes rappelant les véhicules
asiatiques, tels que les «rickshaws» indiens ou les
«beçaks» indonésiens.
Notons qu'en RD Congo, le phénomène taxi-moto
est arrivé après l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique de l'Est. Il
est entré par la partie orientale du pays. A Kinshasa, le taxi-moto est
surnommé «wewa» («vous» en Tshiluba, langue
parlée dans les deux provinces du Kasaï
démembrées).Beaucoup de ressortissants du Kasaï exercent
cette nouvelle activité (Radio Okapi, 02/06/2011)
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