Développement du tourisme durable autour des chutes de Memve'ele à travers l'aménagement d'un village écotouristique à Ebianemeyong( Télécharger le fichier original )par Adonis Dorgelet EDANE EDANE Université de Yaoundé 1 - Licence Professionnelle en Tourisme et Hôtellerie 2012 |
3-3- ÉVALUATION DES IMPACTS SOCIO-ENVIRONNEMENTAUX32(*)De manière générale, tout projet d'aménagement d'un espace porte un effet (positif ou négatif) sur l'environnement biophysique et humain dans lequel ce projet s'implante. Un impact sur l'environnement est entendu comme : « l'évolution d'un paramètre de l'environnement (ou d'un milieu) résultant d'une activité donnée, comparée au niveau qu'aurait atteint ce paramètre si l'activité en question n'existait pas »33(*). L'évaluation environnementale désigne quant à elle : « l'ensemble de la démarche destinée à analyser les effets sur l'environnement d'un projet d'aménagement, d'un programme de développement, d'une action stratégique,... à mesurer leur acceptabilité environnementale, à éclairer les décideurs »34(*). L'une des étapes clés de l'évaluation environnementale consiste à déterminer la nature, l'intensité, l'étendue et la durée de tous les impacts que le projet risque d'engendrer35(*). Ces impacts peuvent être favorables ou défavorables, directs ou indirects. Dans le cadre de cette étude, il est question de faire une évaluation sommaire en fonction des observations faites sur le terrain du projet.
Les sources d'impacts du projet concernent les aménagements permanents tels que l'aménagement d'un village écotouristique contenant des bungalows pour des structures d'hébergement, de restauration, des aires de jeux et loisirs mais aussi et surtout l'exploitation dudit site. (Cf. Tableau n°13 ; page 54 ci-après). Le village écotouristique sera source de deux types d'impacts : *Les impacts liés aux aménagements proprement dits c'est-à-dire aux phases de pré-construction, de construction et de post-construction. Ils sont dus à l'acquisition des emprises, au déboisement du site, la gestion des contaminations et des déchets, la gestion des érosions, aménagement et restauration du site. *Les impacts liés à l'exploitation touristique de la structure. Ils peuvent être plus importants, plus longs. Ils sont dus à l'entretien des infrastructures, la gestion des pollutions diverses ; mais aussi et surtout à la gestion des flux des touristes. Tableau n° 13: Matrice d'interaction des impacts socio- environnementaux
Source : Dorgelet Adonis Edane, décembre 2012. Réalisé à base du Cours THD 322 de M.Etoga, LPTH, UY1, 2011-2012
a- Impacts sur le milieu physique La qualité de l'air Le transport est ici un facteur non négligeable, notamment dans les différentes phases de construction de notre structure. C'est ainsi que les matériaux de construction, les machines, le mobilier et l'agencement qui seront transportés vers le site et les déchets de construction doivent être éliminés. Une fois en exploitation, le «Complexe Dzale village » contribuera directement à la pollution de l'air via l'utilisation des substances qui participent à la destruction de la couche d'ozone ; l'achat des produits et services devant être transportés sur de longues distances. L'impact qui s'avère permanent sera d'une intensité faible à une étendue pouvant s'étendre au niveau régional. Ainsi, au moment de sa manifestation, l'effet sera non critique et l'impact réversible. La qualité du sol Le sol sera plus affecté pendant les phases de pré-construction, de construction et de post-construction. Les activités qui empiètent sur la qualité du sol vont concerner l'aménagement des servitudes, le terrassement des aires, l'utilisation des machines et autres engins, au retrait des équipements de chantier et à l'aménagement et restauration du site. De même, une mauvaise gestion des sols, associés à un choix de sites et mode de construction et de conception plus ou moins durables ou mal pensés, pourront provoquer l'érosion des sols. Le sol sera donc détruit au moment de l'aménagement du village écotouristique avec l'exécution du plan d'occupation du sol. Les travaux les plus préoccupants (terrassement, creusage des fouilles, etc.) ne vont durer que le temps de l'exécution du chantier jusqu'à l'inauguration de la structure. L'importance de l'impact peut s'avérer permanente ainsi, le niveau de protection accordé sera moyen et réversible. La qualité des eaux (de surface et souterraine) *Aménagements du site : La qualité des eaux ici pourra être affectée pendant la phase de construction proprement dite par quelques facteurs : la forte nécessité en eau pour le béton, le mortier, etc. en plus, la construction d'un château d'eau et l'aménagement du port de plaisance sera fait sur l'un des bords de la retenue d'eau, qui transformera le cours du fleuve Ntem en plan d'eau stagnant dans la retenue36(*). Ceci aura comme facteur, la gestion des contaminations et des déchets issus du chantier. -Les impacts sur la qualité des eaux devraient être peu importants dans la mesure où ils seront la conséquence des impacts liés à la retenue de la digue. -C'est ainsi que la grandeur sera de courte durée d'une intensité faible. L'étendue occupée sera locale, donc relativement réduite. Elle devrait permettre un déboisement préalable important avec valorisation autant que possible des espèces localement commercialisables. *Exploitation du site : L'industrie touristique étant une source importante de la pollution des eaux, ainsi, les lieux où les gens vont se baigner, nager, naviguer et pêcher seront endommagés. Une gestion mal contrôlée des flux de touristes, le traitement des déchets, eaux usées non traitées et entretien des infrastructures pourront engendrer ce dommage. En ce qui concerne l'eau potable, l'industrie du tourisme fait en règle générale une trop grande consommation d'eau pour les unités d'hébergement et la consommation en eau des touristes eux-mêmes. Ceci peut donner lieu à des pénuries d'eau et à une baisse ou dégradation des réserves, tout en générant une plus grande production d'eaux usées. -La grandeur de l'impact de l'exploitation touristique du «Complexe Dzalé nature » sur les eaux de surfaces et souterraine est caractérisée par une durée très longue ; dont la durée de vie de la structure ; l'intensité va dépendre du flux des touristes ainsi qu'en fonction des saisons et pourra s'étendre jusqu'aux lieux de visites. -L'impact est d'une importance temporaire, réversible, non critique... compte tenu du niveau de protection et de l'éducation au respect des ressources, va croitre au fil des années. b- Impacts sur le milieu biologique L'aménagement et l'exploitation du village écotouristique à Nyabizan peut générer de grandes pressions sur des ressources biologiques telles que la faune (terrestre et/ou aquatique), la végétation (terrestre et/ou aquatique) et au niveau des aires spéciales principalement le PNCM. Forêt et végétation naturelle *Phase d'aménagement du site : Le village écotouristique va couvrir une superficie de 2 hectares (20 000 m²) ; et va s'étendre de la terre sèche à la rive droite du fleuve Ntem. La végétation ici a subi, il y a 10 ans, l'exploitation forestière par la Forestière de Campo. Les essences présentes représentent plusieurs unités de catégorie, de bois de feu et de bois d'oeuvre à usage local. La construction induit souvent des terrassements, le défrichement des emprises, le remblaiement et le nivellement du sol. Ceci entraînera la destruction partielle de la végétation du site. Les aménagements auront des impacts indirects sur l'érosion, la disparition des espèces, la pollution du Ntem. L'introduction de nouvelles espèces de plantes pour l'agro-forêt aura également ses effets ; ainsi que l'aménagement du port de plaisance endommagera la flore aquatique. A ce niveau, les impacts seront considérables ; à une longue durée, d'une intensité forte pour une étendue ponctuelle. L'impact sera permanent au vu de la forte sensibilité du site. *Phase d'exploitation du site : La végétation peut aussi être endommagée par les activités touristiques qui seront pratiquées lors du flux. il peut avoir risque d'utiliser à tort ou abusivement le terme « écotourisme ». Ainsi, le campement, le piétinement et le traçage des chemins peuvent mener à la dégradation de la couverture végétale, accentuant l'érosion et le lessivage du sol. La cueillette permanente des fleurs, plantes et autres peut modifier la répartition des espèces. Par ailleurs, le fait de couper volontairement les jeunes arbres pour les sentiers et des points de visions, de faire du feu peut être désastreux pour l'écosystème. L'ampleur des dégâts ici dépend de la vulnérabilité et de la pression exercée sur l'écosystème. L'intensité de l'effet pour ce cas d'espèce s'avère forte, de longue durée pouvant s'étendre au niveau régional. Ainsi, la sensibilité du milieu est élevée car il s'agit d'une région à altitude plus ou moins élevée (les collines) par conséquent, la végétation est également vulnérable. La faune La création d'un village écotouristique sur la rive droite du Ntem va empiéter de façon directe et indirecte sur la faune terrestre et aquatique de cet environnement. Ces impacts peuvent s'évaluer à deux moments : pendant la phase des aménagements et pendant la phase d'exploitation touristique du site. *Aménagements du site : Le déboisement du site pour installation des matériaux, utilisation des machines et engins ainsi que la gestion des contaminations vont modifier les conditions du milieu et de reproduction de certains animaux aquatiques (amphibiens, crocodiles, etc.), les oiseaux, etc. Les impacts vont se limiter au niveau local et pour une longue durée à intensité moyenne vue les perturbations pour de certains aménagements comme le port de plaisance traditionnel. L'importance de l'impact sera permanent et l'effet sera critique et peut devenir réversible au-delà d'une longue période grâce au niveau de valorisation que l'on accordera au site. *Exploitation du site : Les effets négatifs sur la faune pendant l'exploitation du site risquent être plus importants. Ils résultent de l'activité touristique qui va se développer ; et vont concerner les activités telles que les visions des animaux, la photographie et dans certains cas la chasse dans le PNCM sont d'importantes activités touristiques qui vont se développer progressivement avec le flux des touristes. Les effets de ces activités sur la vie sauvage sont les suivants : les déchets générés par les touristes et la structure attirent les rongeurs, les oiseaux et autres espèces. Cela affecte non seulement les modes d'alimentation des animaux mais aussi modifie la composition de la végétation environnante. La perturbation des habitudes (mode d'alimentation, élevage des petits) et des relations prédateur - proie. Par ailleurs, pendant la phase d'exploitation du site, les impacts sur la faune pourront dépasser la zone d'étude avec pour risque d'intensifier le braconnage à vocation commerciale dans les aires protégées du PNCM par la population locale. Ceci a pour but l'utilisation d'animaux pour la fabrication de souvenirs (sabots, griffes, queues, peaux, défenses, etc.) mais aussi et surtout l'utilisation de la viande de chasse comme matière première pour la restauration des visiteurs. La grandeur de ces impacts risque être d'une intensité forte, pourra dépasser l'étendue régionale pour une longue durée. L'importance de l'impact est permanente et critique. Mais compte tenu de l'existence des normes, règles et lois tant au niveau national et international, le niveau de protection qui sera accordé à ce phénomène sera élevé notamment avec une forme de développement qui impliquera cette population locale à travers l'éducation au respect, à la protection et à la conservation de cet écosystème. c- Impacts sur le milieu socioculturel et économique La création du village écotouristique dans la localité de Nyabizan pourra également empiéter sur le milieu social, culturel et économique de la zone. Ainsi sont concernés, les populations, le patrimoine culturel et archéologique, les cultures agricoles, les nuisances sonores ; mais aussi sur le cadre de vie, les problèmes liés à l'occupation des sols, ainsi sur la santé des populations. Les populations Grâce à nos descentes sur le terrain, une partie de la population locale a été informée du projet37(*), même si elle n'en connaît pas le temps de réalisation. Elle sait que, vu le contexte actuel (l'aménagement du barrage sur les chutes de Memve'ele), il est important d'implanter ce type de projet pour accompagner le développement local. Le rôle et les droits des populations vivant dans la localité du site peuvent provoquer des conflits quant à la politique que va adopter l'écovillage. Ce qui entraîne le risque de déphasage entre leurs attentes vis-à-vis de la structure et ce qui sera réel sur le terrain. L'apparente richesse des touristes peut provoquer certains antagonismes contre les touristes vus en possession de biens matériels comme des appareils photos, des vêtements à la mode, etc. Nombreux touristes paraissent mener une vie insouciante, une impression accentuée par le fait que les gens en vacances se comportent de façon moins responsable et plus décontractée qu'ils ne le feraient chez eux. Ceci peut développer un complexe d'infériorité chez les populations locales, particulièrement chez les jeunes qui en viennent à changer leurs valeurs et styles de vie en imitant le comportement et les modes de consommation des touristes. C'est ce que l'on nomme l' « effet de démonstration ».37(*) Le patrimoine culturel Bien que la zone ne possédant pas une culture consolidée, les effets sur le patrimoine culturel vont se ressentir pendant la phase d'exploitation touristique du site. Côté traditionnel, on pourra assister à l'érection des traditions locales compte tenu de la demande qui sera de plus en plus pressante ; de ce fait, il y a risque d'un développement d'une pseudo-tradition avec pour but la vente des cérémonies traditionnelles et l'art autochtone. De même, il y a risque d'effet d'acculturation de la population. L'intensité d'un tel impact se présente faible au départ, mais après quelques année, l'intensité va s'aggraver à une étendue dépassant parfois la portée régionale et pour une durée interminable. Le risque est important malgré le rythme temporaire (la demande est plus forte selon les saisons touristiques), au fil, des temps, l'effet peut être irréversible. A base de la norme au niveau nationale la structure par consensus avec les populations, s'occupera de la promotion des valeurs culturelles et traditionnelles des peuples Ntumu et Mvae pour la sauvegarde des valeurs culturelles locales. Les pollutions, les conflits sociaux et la santé Durant la phase des aménagements du site, les populations humaines et animales seront victimes des nuisances sonores et visuelles. L'impact sonore est provoqué par les bruits des ouvriers, des machines, etc. tandis qu'on pourra observer l'impact visuel des installations touristiques : il peut y avoir échec de l'intégration des structures touristiques prévues dans le milieu et dans le contexte architectural local. C'est ainsi que par exemple, les constructions de grandes dimensions (immeubles, investissement lourd, etc.) n'ont pas leur place dans ce site, au cas contraire, leurs architectures contrastent lourdement avec l'architecture locale. Pendant la phase d'exploitation, nous pourront assister à un tourisme de masse qui reconnaît son caractère d'affluer des masses de touristes même sur des milieux naturels vulnérables. Les problèmes liés à l'occupation des sols et de propriété risquent survenir car la population pourra revendiquer le prix de vente du terrain avec l'évolution croissante de l'activité. Le tourisme est souvent tenu pour responsable d'une compétition avec l'utilisation traditionnelle des sols tels que l'agriculture, la pêche et l'exploitation forestière.38(*) Des conflits sous-jacents, dans le cas du braconnage, peuvent être observés : l'activité des braconniers sera perturbée par la mise en place d'un système de contrôle minutieux et permanent. Bien plus, certaines plantations pourraient devenir des sites touristiques, à l'instar de celles que nous avons découvertes lors de nos recherches. Au point de vue de la santé, il faut observer le risque du non-respect de salubrité des lieux ; ce qui pourra provoquer des maladies parfois fatales aux visiteurs. Un mauvais traitement de l'eau potable risque de provoquer le choléra ; la forte présence des moustiques sur les berges du Ntem, des mouches diverses dans divers lieux de visites pourra, par simple piqûre provoquer des maladies tropicales telles le paludisme, maladies du sommeil, etc. De même, la prolifération du VIH/SIDA n'est pas en reste compte tenu de l'impact de la rencontre entre touristes et communautés locales. La grandeur et l'importance de ces impacts sont considérables et critique au moment de la manifestation compte tenu de son intensité forte, d'étendue régionale et une longue durée ainsi que de sa permanence, la sensibilité élevée du milieu récepteur. Influence sur le cadre de vie Les impacts sont non négligeables sur les modes de vie, la culture et les relations sociales des populations. Ces effets peuvent subvenir surtout au moment de l'exploitation touristique du site. Ces effets dynamiques et variés amorcent des changements dans le style de vie, les systèmes de valeurs, les traditions, les relations familiales et communautaires, la conduite morale, la santé et la sécurité dans les destinations touristiques. Pour que le tourisme poursuive son expansion et reste une industrie rentable, ses modes de fonctionnement et de développement doivent évoluer vers des pratiques plus satisfaisantes d'un point de vue environnemental. Tout comme les fabricants travaillent continuellement sur l'amélioration de la qualité de leurs produits, l'industrie du tourisme doit rendre à la nature ce qu'elle lui a pris et ce qu'elle reçoit presque gratuitement : l'environnement.39(*) * 32 Cette évaluation a été conduite au strict respect du Rapport final, MINEE, 2006. * 33OMT/PNUE, Tourisme, hôtellerie et environnement : impacts et solutions Partie 2, 2006. Lien : http:// www.unep.org/./shared/publication/oran/DTX1043XPA/doc. Consulté le 12.09.2012 à 20h06. * 34 Patrick Michel, l'Etude d'impact sur l'environnement : objectifs-cadre réglementaire-conduite de l'évaluation, BCEOM, 2001. p. 6 * 35 Ibid., p.66 * 36 MINEE, « Aménagement hydroélectrique de Memve'ele ... », 2006, p. 74. * 37 OMT/PNUE, Vers le Tourisme durable..., 2006, p.18. * 38 OMT/PNUE, Vers le Tourisme durable..., 2006, p.15 * 39 Ibid., p.17 |
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