4.2.1.2. Les facteurs
humains : moteurs de l'émergence
L'émergence et le développement de la culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang tient également à
l'influence humaine. Influence qui revêt plusieurs aspects :
v Le dynamisme des
jardiniers
La configuration scolaire de la population-cible montre en
effet un relatif dynamisme. Seulement 13,72% de celle-ci n'a
jamais été à l'école. Ce qui signifie que pas moins
de 86, 28% de cette population a fait des études, au
moins primaires. Sur ces 86,28% ;11, 74% a fait des
études supérieures contre respectivement 32,35%
et 42,15% pour le secondaire et le primaire.
(Figure23). Ceci signifie que la majorité de cette
population a un niveau d'étude élémentaire.
Force est donc de constater que la majeure partie de cette
population est éduquée. Le deuxième constat qui ressort
ici est que les disparités entre groupements ne sont pas très
prononcées. Néanmoins, il faut dire que le groupement Fotetsa est
légèrement en marge par rapport aux groupements
Foréké-Dschang et Foto. Cette situation peut-être
expliquée par la proximité des 2 derniers groupements du
principal centre urbain ou encore de l'urbanisation progressive de ces 2
groupements entrainant des migrations vers ces derniers. Cette situation
confirme la théorie de l'adoption de l'innovation de Everett, selon
laquelle plus on est à proximité de l'innovation, plus on est
susceptible de l'adopter rapidement.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 23 : Répartition de la population
par groupement et en fonction du niveau d'instruction
v Le rôle des
migrations
Il convient également de relever qu'une proportion non
négligeable de la population enquêtée est le produit des
migrations. La figure24 présente la répartition
de la population suivant la variable : « Autochtones ou
allogènes ». Il en ressort que 12,74%
de celle-ci est le produit des migrations. Ces migrations, ont sans doute
contribué à la dynamisation de la culture de la tomate dans
l'arrondissement de Dschang. Celle-ci a pris des proportions importantes,
d'autant plus que la demande est sans cesse grandissante, en particulier dans
les centres urbains.
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 24 : Jardiniers autochtones et allogènes par
groupement
De même, la configuration par âge de la population
(Fig.25)laisse entrevoir une certaine vivacité. Cette
population est essentiellement jeune. Plus de la moitié de
l'échantillon est âgée entre 30 et 40 ans, soit
51,90%.On note également une proportion importante de
jardiniers ayant moins de 30 ans, environ 19,60%. Cette
jeunesse de la population cible explique en grande partie le dynamisme de la
culture de la tomate dans l'arrondissement. D'autre part, il convient de noter
que le caractère juvénile de cette population s'explique
également par le fait que la culture de la tomate, contrairement aux
cultures saisonnières et annuelles pratiquées, exigent
d'énormes sacrifices physiques et d'importantes contraintes de temps.
Par exemple, lors d'un cycle de culture de la tomate, il faut labourer ou
retourner le sol, préparer la pépinière qui va accueillir
les semences, semer dans les pépinières ; ensuite,
après 2 à 3 semaines il faut repiquer la parcelle labourée
à l'effet d'accueillir les jeunes plants, arroser matin et soir,
nettoyer les herbes, répandre les engrais, tuteuriser certains plants et
ce pendant au moins 3 mois avant de récolter. Et un nouveau cycle
recommence. Ceci requiert un potentiel physique important. C'est pour cette
raison, comme nous confie un jardinier, « que les jeunes sont
nombreux dans cette spéculation
maraîchère »
Source : Enquête de terrain, janvier
2013
Figure 25: Répartition de la population par
âge et par groupement
v Le rôle de l'université de
Dschang
Il faut toutefois noter qu'en marge des facteurs humains
susmentionnés, la création de l'université de Dschang a
induit un accroissement rapide de la population de la ville de Dschang et de sa
zone périphérique. Selon le recensement général de
la population de 2005, la ville de Dschang comptait environ 63.161 habitants,
cette population en suivant une évolution géométrique
serait estimé aujourd'hui à environ 76.358 habitants. Cette
population essentiellement urbaine, majoritairement estudiantine, a induit de
ce fait une augmentation de la demande locale en tomates pour la consommation.
Cette demande est d'autant plus importante que la tomate est un fruit
très prisé pour l'alimentation. De plus, la prolifération
et le développement de l'activité de Bayam-sellam,
(Annexe 6)témoigne de l'accélération de
l'urbanisation de Dschang, de même de l'augmentation rapide de la
population. Entrainant ainsi l'augmentation de la demande.
Figure 26 :
Spatialisation de la population de l'arrondissement de Dschang entre 2005 et
2012
De plus la figure 26 nous permet également de se rendre
compte qu'entre1987 et 2012, la population de l'arrondissement a fortement
augmenté. Ainsi que le périmètre urbain. Cette figure nous
permet d'observer au cours de cette période une densification de la
population, dans ce périmètre urbain, en la faveur des migrations
(campagnes profondes vers le centre urbain) et de l'explosion du nombre
d'étudiants. La tâche urbaine représentait en 1987, 687
hectares. Celle-ci a triplé en 2012, avoisinant 2 000 hectares. Il
faut noter qu'en 1993 à la création de l'université, le
nombre d'étudiants était de 1475. Celui-ci est passé
à 12 000 étudiants en 2000-2004 (Archives du
rectorat 2004). Ce chiffre avoisinerait les 18 000
étudiants en 2012. Ceci constitue dans la pratique, une augmentation
conséquente de la demande en produits maraîchers en particulier la
tomate pour la consommation.
A côté de cette augmentation significative la
population de la ville de Dschang entre 1987 et 2012, signalons
également que la population de l'arrondissement tout entier a connu le
même rythme d'évolution au cours de la période
sus-citée. En outre l'augmentation de la demande à
l'échelle nationale dûe à la croissance
démographique générale du Cameroun, explique aussi le
développement de la culture de la tomate dans l'arrondissement de
Dschang.
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