3.2.5. L'émergence
et le développement de l'activité vivrière et
maraîchère
L'autre conséquence sur le plan socio-spatialde la
crise économique dans l'arrondissement de Dschang, est
l'émergence et le développement de l'activité
maraîchère et vivrière. Celle-ci constitue dans la pratique
une recomposition socio-spatiale significative dans l'arrondissement.
D'abord sur le plan social, on observe une
prépondérance de la gente masculine dans le secteur vivrier et
maraîcher c'est-à-dire « une masculinisation
du maraîchage et du vivrier ».Pourtant, avant la
crise, l'activité maraîchère et vivrière
était majoritairement l'apanage des femmes. (Fongang,
2008). Les cultures de subsistance, et spécifiquement la
culture de la tomate, ne sont plus uniquement l'affaire des femmes tel que les
hommes le pensaient autrefois. La crise a instauré une nouvelle
organisation familiale où femmes et hommes sont confinés dans le
maraîchage et le vivrier. La figure 19montre en effet la forte proportion
du sexe masculin dans la population enquêtée. On peut
également observer de façon générale que dans les
groupements enquêtés, le sexe masculin est prédominant
à Foréké-Dschang et à Foto ; contrairement au
groupement Fotetsa où la proportion des femmes est supérieure
à celle des hommes. Cette situation peut-être dû à
l'enclavement de ce dernier groupement par rapport aux deux premiers.
Enclavement qui limite les possibilités de développement de la
culture de la tomate du fait de l'absence des débouchés
commerciales. Ceci a également eu pour conséquence le
bouleversement de l'ancienne structure des ménages (Kamga, 2002)
où les hommes étaient les seuls responsables de la
microéconomie familiale. Cette situation est un marqueur important du
changement social dans l'arrondissement de Dschang.
Ensuite, sur le plan spatial, la proportion des terres
consacrées au maraîchage et au vivrier est de plus en plus
significative dans l'arrondissement. Particulièrement les non moins
importantes superficies dédiées à la spéculation
tomate. La culture de la tomate a commencé à s'imposer comme une
activité importante pour la population agricole de l'arrondissement.
Cette activité maraîchère a contribué à la
recomposition spatiale de l'arrondissement qui fut jadis à
prédominance caféière.
Source : Enquête de terrain, janvier 2013
Figure 19: Répartition de l'échantillon
en fonction du sexe
On voit également au regard de la figure 20 que
contrairement à la période précédent la crise,
où l'essentiel de l'activité agricole dans l'arrondissement
était dominée par la culture du café (Fig. 13),
l'année 2010 est marquée par une vulgarisation
considérable de la culture de la tomate. Celle-ci, comme le montre
figure 20, est pratiquée dans la majorité des villages de
l'arrondissement. Traduisant ainsi l'abandon quasi-définitif de la
culture du café dans cet espace au profit de la culture de la tomate.
Figure 20:Zone de culture de
la tomate dans l'arrondissement de Dschang en 2010
Cliché Fofack Mujia, novembre
2012
Photo 2: Deux jeunes
jardiniers à Litieu (Foréké-Dschang)
Sur cette photo, on observe deux jeunes jardiniers au
repos dans leur exploitation de tomate sur un versant du village Litieu
(Foréké-Dschang). Ils précisent être des
frères qui ont décidés de mettre ensemble leurs
économies afin de produire la tomate qu'ils vendront dans la ville de
Dschang. Cette situation témoigne de l'importance du sexe masculin dans
cette activité d'autant plus qu'elle exige un important travail
physique.
Vers la fin des années 1980 et le début des
années 1990, à l'exemple des toutes les contrées agricoles
du Cameroun, l'arrondissement de Dschang se trouve face à une
dépression économique sans précédent qui a
bouleversé de façon profonde son paysage économique et
socio-spatial. Jadis ancien bassin à prédominance
caféière,notamment arabica, cet espacedans lequel les
conséquences de la crise furent notoires, fera face à un
impératif : celui de la douloureuse reconversion vers le vivrier en
général et en particulier vers le maraîchage.
Désormais, hommes et femmes se partagent les circuits de
l'activité maraîchère (production, commercialisation,
négoce, etc.) Cette situation qu'a connue l'arrondissement a
bouleversé le paysage socio-économique et spatial de
l'arrondissement, tout en entrainant une reconfiguration socio-spatiale.
Etats des lieux du paysage socio-économique
l'arrondissement de Dschang avant la crise
La crise économique de la fin des années 1980 dans
l'arrondissement de Dschang
Les conséquences de la crise économique dans
l'arrondissement de Dschang
Une vie rythmée par l'économie
caféière
L'activité vivrière et
maraîchère : des activités marginales et
essentiellement féminines
L'État et l'UCCAO : seuls acteurs du contrôle
et de l'encadrement de l'activité agricole dans l'arrondissement
§ La baisse drastique des prix du café payé
aux agriculteurs
§ La fin du monopole du trident ETAT- UCCAO -
CAPLAME
§ La perte des emplois et l'abandon scolaire
§ La reconversion des agriculteurs
§ L'émergence et le développement de
l'activité vivrière et maraîchère
§ Chocs pétroliers des années 1970
§ Baisse des prix des produits de rente sur le marché
international (cacao, café)
Figure 21 :
Schéma synoptique du chapitre III
CHAPITRE
IV :
LES FACTEURS DE L'ÉMERGENCE DE LA CULTURE DE LA
TOMATE DANS L'ARRONDISSEMENT DE DSCHANG
Dans ce chapitre, il sera question d'identifier et de mettre en
évidence les facteurs qui, combinés, expliquent
l'émergence de la culture de la tomate dans l'arrondissement de Dschang
au lendemain de la crise économique, eu égard aux bouleversements
socio-économiques et spatiaux engendrés par cette dernière
dans l'arrondissement.
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