3.2. Les
conséquences de la crise économique dans l'arrondissement de
Dschang
À l'image de toutes les localités du Cameroun,
l'arrondissement de Dschang fait face à partir de l'année 1987
à une dépression économique sans précédent.
Celle-ci aura d'importantes répercussions sur le plan
socio-économique et spatial.
3.2.1. La baisse drastique
des prix du café payé aux agriculteurs
À partir de 1976-1977, les prix du café
commencent à s'effondrer. (CEDEAO et Al, 2007). La
crise économique commence à se faire ressentir. L'arrondissement
de Dschang comme toutes les localités de l'Ouest, qui vivait au rythme
de café, fait face à la diminution drastique des coûts du
café payé aux paysans.« Les campagnes agricoles
1985/1986 et 1986/1987 ont constitué des véritables tournants de
l'effondrement de l'économie camerounaise, avec la baisse respective de
25% et de 20% des termes d'échanges. C'est ainsi que la part de
café dans le revenu va tomber à 16% en 1992 contre 73% en 1980.
De même, le revenu des planteurs baisse de 83% entre 1985 et 1997.
Parallèlement à la chute du revenu des paysans, les subventions
de l'état aux intrants agricoles et aux produits phytosanitaires chutent
et s'annuleront plus tard avec le désengagement de celui-ci ».
(Ngouanet, 2001)
Source : ONCC, 2004
Figure 14: Evolution en FCFA du prix planteur en
pourcentage du prix FOB 1980/1981 à 1999/2000
Le graphique 14 montre 3 principales situations dans la baisse
du prix du café :
· Entre 1980 et 1989, le prix en FCFA du café
payé aux planteurs n'a guère atteint 500 FCFA.
· De 1989 à 1993, le prix du café va
atteindre un niveau très bas, oscillant autour de 200 et 250 FCFA.
· Enfin à partir de 1993, ce prix a connu une
légère hausse jusqu'en 2000, oscillant entre 500 et 680 FCFA.
Cependant, dans cette troisième phase, le prix du café a
enregistré son niveau le plus bas de l'ordre de 110 FCFA durant la
campagne 1994-1995. Cette diminution drastique du prix du café au cours
de cette campagne caféière est due à la dévaluation
de 50 % du franc CFA (Roubaud, 1994) qu'a connu le Cameroun au
cours de cette période.
Cette baisse considérable du prix du café aura
des répercussions structurelles, économiques, spatiales et
sociales dans l'arrondissement Dschang.
3.2.2. La fin du monopole
du trident ETAT- UCCAO - CAPLAME
Avec la chute inopinée et considérable du prix
du café, plusieurs évènements structurels vont
ébranler le paysage des acteurs de l'arrondissement de Dschang.
De prime abord, on assiste à la rupture du monopole des
trois principaux acteurs (ETAT, UCCAO et CAPLAME) du secteur agricole de
l'arrondissement. Avant la crise, ces trois acteurs à eux seuls
dominaientet contrôlaient le paysage agricole de l'arrondissement. Ils
étaient en charge à la fois de la fourniture des intrants et du
matériel agricoles, du financement, de la collecte et de la
commercialisation du café produit par les planteurs. Avec l'installation
progressive de la crise, le montant des dettes de l'UCCAO vis-à-vis de
ses coopératives membres devint faramineux. À titre illustratif,
l'UCCAO devait 3 milliards de FCFA (Fongang,
2007) à la CAPLAME qui devait à son tour le même
montant aux planteurs de la Menoua qui avaient déposé leur
café.
Figure 15: Influence spatiale
de la CAPLAME après la crise
La figure15 présente l'influence spatiale de la CAPLAME
après la crise économique. On s'aperçoit que la forte
concentration des magasins de collecte relevée avant la crise (Fig. 13),
s'est affaiblie avec la crise. On remarque ainsi qu'avant la crise,
l'arrondissement de Dschang enregistrait 11 magasins de collecte. Tous ces
magasins ont fermé sous le poids de la crise ou point où on ne
recense aujourd'hui dans l'arrondissement aucun magasin de magasins de collecte
du café. On constate que la crise a conduit à l'abandon total de
la caféiculture dans l'arrondissement de Dschang.
Cette situation a profondément ébranlé la
situation socio-économique des paysans.
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