Chapitre 3 : Hamlet
et l'idée d'existence
a. Contexte et
présentation de l'extrait
Considérée comme étant la plus longue
pièce du dramaturge, Hamlet fût publié en 1603.
Que ce soit en littérature ou en peinture, nombreux sont les auteurs qui
se sont inspirés de cette tragédie dans leurs oeuvres. On pense
néanmoins à Ophélie de Rimbaud, centré et
inspiré du personnage d'Ophélia ou encore à l'opéra
d'Ambroise Thomas en 1868.
Ce soliloque situé à la scène I de l'Acte
III est le plus célèbre de l'histoire du théâtre
anglais notamment. Après la mort de son père, le Roi Hamlet,
Claudius (son oncle) devient Roi. Seulement, Hamlet apprend qu'il est coupable
de la mort de son père et décide alors de simuler la folie. Cet
extrait s'ouvre sur un débat autour de la vie et de la mort et
principalement sur la légitimité du suicide. Nous avons
accès à l'esprit d'Hamlet : un esprit à la fois
passionné et à la fois intellectuel du fait de chercher
constamment des solutions à ses problèmes. Le personnage se lance
dans une réflexion philosophique qui ne sera pas résolue à
la fin de son discours. Il est dans la nature d'Hamlet de se poser des
questionsaussi difficiles et qui mènent à une sorte de confusion.
Nous en arrivons à dire qu'à force de simuler la folie, Hamlet a
su la contrôler et en prendre vraiment possession. L'irrationnel demeure
entièrement dans le soliloque puisqu'il y a cette constante
référence de la vie et de la mort, et surtout la question de la
vie après la mort.
b. Mise en contexte
sémiotique
Hamlet est un acteur individuel et statique puisqu'il n'est
pas en déplacement lors de son discours. Contrairement aux deux autres
soliloques, aucune marque d'acteur ne permet de comprendre qu'il s'agit
d'Hamlet : ce dernier n'emploie pas la première personne du
singulier. En fait, Hamlet utilise des tournures impersonnelles ainsi que des
pronoms relevant de la généralité dans son
discours : « Nous ».Aucun autre acteur n'est
évoqué mis à part à la fin lorsque Ophélia
arrive, ce qui d'autant plus interrompt le soliloque (présence de points
de suspension).
Sur le plan temporel, le mode infinitif et le présent
d'énonciation dominent. Employer des tournures infinitives empêche
toute temporalité puisqu'il n'y a pas de conjugaison et empêche
par conséquent, toute caractérisation du sujet car c'est un mode
impersonnel. Dans la première phrase, il peut avoir une fonction
délibérative bien que la question soit indirectement
posée. Le présent d'énonciation prend le dessus sur
l'infinitif et est utilisé pour faire état des choses. Par
ailleurs, nous avons peu de chrononymes qui régissent le texte.
« Ainsi » apparaît trois fois de suite vers la fin du
discours, ce qui permet un enchaînement des arguments et un rendu
homogène malgré la répétition. Le tempo du discours
est ralenti du fait de la présence de longues phrases et des quelques
points de suspension que nous pouvons trouver. Il y a un enchaînement de
phrases ce qui créait comme dans Macbeth, un foisonnement. La
présence des questions n'arrangent en rien quant à l'effet de
ralentissement.
Sur le plan spatial, nous remarquons une redondance de marques
qui viennent appuyer l'argumentation d'Hamlet :
« Là ». Dans ce soliloque, l'espace de
l'énoncé concerne une pièce dans un château. La
pièce se passe au Danemark ; nous n'avons donc pas de relation
entre l'espace dans lequel se situait Shakespeare lors de la production et
l'espace de la pièce. Il n'y a pas d'espace particulièrement
évoqué. Il faut enfin mentionner l'espace de mise en scène
qui permet aux différents personnages d'accomplir leurs fonctions.
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