Chapitre 2 : Richard
III et l'idée de quête
a. Contexte et
présentation de l'extrait
Richard III est le dernier volet de la
première tétralogie shakespearienne. Publié en 1597, cette
pièce s'inspire des évènements perpétrés
sous le règne des Tudors, notamment en célébrant la
victoire d'Henry VII, le vainqueur de Richard III.
L'extrait étudié se situe à la
scène II de l'Acte premier. Le Duc de Gloucester est arrivé au
bout de son second plan : celui de séduire Lady Anne alors que
celle-ci semblait le haïr et lui reprocher la mort de son père. Il
se félicite de cette conquête et est bien conscient du mal qu'il
fait. Cette scène est difficile pour le lecteur : comment peut-on
détester une personne et se laisser séduire quelques minutes
après par cette même personne ? Richard en arrive à
son comble de la manipulation dans cette scène. Nous avons l'impression
qu'il est dans sa nature de manipuler autrui. Il a ce caractère
inné de la manipulation que les autres personnages n'ont pas. En
manipulant son entourage, Richard dévoile sa double personnalité
à un lecteur qui ne sait quoi croire et surtout pour qui prendre parti.
C'est un personnage encore plus complexe qu'Hamlet ou Macbeth en ce qu'il
renferme une véritable psychologie machiavélique.
b. Mise en contexte
sémiotique
Le Duc de Gloucester est un acteur individuel et statique qui
ne se déplace pas durant son soliloque. Le cortège et le corps
d'Henry VI sont des acteurs temporaires et disparaissent une fois le soliloque
commencé. D'autres acteurs sont évoqués mais sont mis au
plan secondaire : il s'agit de Lady Anne, le prince Edouard et le Roi
Henry VI. Richard est reconnaissable par des marques d'acteurs relevant de
pronoms à la première personne du singulier A son tour, la fille
cadette de Warwick est référencée par des pronoms à
la troisième personne du singulier. Le prince Edouard apparaît
directement en son nom et sous d'autres appellations telles que
« seigneur » ou « gentilhomme ». Enfin,
le Roi Henry VI est référencé avec des pronoms personnels
et sous d'autres appellations comme « père » ou
« camarade ».
Comme dans Macbeth, le temps se manifeste sous
diverses formes : les marques de conjugaison majeures sont le passé
composé et le présent. Le présent d'énonciation
reflète bien l'acte de parole en lui-même, prononcé
à un moment précis. Le passé composé est
ancré dans la situation d'énonciation pour exprimer notamment le
contexte du discours. Plusieurs chrononymes sont employés dans ce
soliloque : ils permettent ainsi l'homogénéisation de
l'argumentation et structurent les différents arguments. Nous ne pouvons
pas affirmer la présence d'un temps brouillé pour cet extrait
puisque nous ne sommes ni en présence de flashbacks, ni en
présence d'ellipses. De même que pour Macbeth et pour
tout autre discours, nous avons un temps thématisé
reflétant le monde réel. Concernant la durée, un certain
nombre de questions et d'exclamations se présentent qui ralentissent le
rythme du discours. L'emploi de la forme exclamative fait ressortir la
fierté de Richard quant à l'accomplissement de son plan et
l'emploi de la forme interrogative vient appuyer sa réussite. Lorsqu'il
n'y a pas de questions ou d'exclamation, les phrases s'enchaînent et son
d'ailleurs plutôt longues. Ce sont ces phrases longues qui peuvent
créer un effet de lassitude chez le lecteur.
Dans ce soliloque, l'espace de l'énoncé concerne
une rue dans Londres. Nous remarquons encore une fois la concordance entre
l'espace de production de l'auteur et l'espace de l'énonciation puisque
la scène se passe en Angleterre. Nous avons aussi un espace
évoqué qui n'est autre que Tewksbury et qui fait
référence à l'assassinat du prince Edouard. Dans l'espace
de représentation, la rue ne sera pas représentée comme
telle. Seuls les décors permettront de comprendre que Gloucester se
trouve dans une rue. Comme déjà affirmé, il n'y a pas de
déplacement dans le discours.
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