c. Argumentation et
concept de clôture
L'argumentation tourne autour d'un même concept dans ce
soliloque : celui de la clôture. Ce concept est mis en valeur
grâce à des isotopies spatiales, temporelles et actancielles.
Selon Greimas et Courtès, l'isotopie constitue « un ensemble
redondant de catégories sémantiques ». Autrement dit,
elle participe à l'homogénéisation du texte.
La clôture se manifeste sur le plan actanciel avec
l'image du coup de couteau : Macbeth doit donner un coup, d'un geste
clinique. Il y a telle une esthétique du meurtre, qui ne doit pas faire
parler de lui. Macbeth est freiné par la bonté du Roi alors une
fois débarrassé, il y aura tel un refoulement. D'un point de vue
thématique, l'homicide présente une figurativisation
restreinte : Macbeth en effet veut profiter des conséquences,
c'est-à-dire de devenir Roi. Mais d'un autre côté, il a
peur des représailles, des « leçons
sanglantes ». Macbeth est pris au piège entre connaissance
personnelle et état d'âme(prophétie à la source de
son ambition). Cette restriction fait ressortirdu doute chez le personnage.
L'homicide passe par un modèle figuratif restreint. En effet, Macbeth
possède vraiment cette ambitionde devenir Roi et l'acte serait
l'occasion « d'assurer le succès ». Le
problème, c'est qu'il y aura systématiquement des
représailles, « des leçons sanglantes ».
Macbeth est conscient de l'impartialité de la justice ; il est donc
freiné par ces malédictions. Deux discours s'opposent donc
dès le début : un discours porteur d'espoir qui
s'atténue rapidement avec de la réticence et de la peur
« Mais ces actes-là [...] ».Sur le plan spatial, la
chambre évoque aussi une restriction : un endroitclos par des murs
et où une porte peut être fermée.
Nous avons une seconde partie de discours à partir de
« Il est ici sous une double sauvegarde [...] » où
la première personne du singulier est utilisée pour la
première fois et où par conséquent, nous rentrons vraiment
dans la réflexion. Dans cette partie, l'argumentation est
renversée : le Roi d'Ecosse est valorisé de par sa
bonté et sa pureté et l'homicide est donc vu comme
négative. Le protagoniste en utilisant deux discours, mêle ainsi
de la confusion. Il ne sait pas quelle solution est la bonne et par extension,
ne sait pas comment accéder à la vérité absolue,
même s'il tente tant bien que mal de la rechercher.
La dernière phrase est une conclusion solipsiste,
c'est-à-dire une réflexion purement centrée sur
soi-même. Macbeth est bien conscient de lui et de ses émotions en
tant que réalité. Même s'il ressort des arguments
sceptiques, la seule chose dont il peut être certain, c'est de sa propre
personne. Au final, Macbeth prendra vraiment sa décision dans la suite
de la scène, influencé par Lady Macbeth. La fin du soliloque
constitue une ouverture pouvant faire appel à l'imagination du
lecteur.
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