Chapitre 1 : Une
argumentation tout au plus indirecte
a. Brève
introduction sur l'argumentation
L'argumentation n'a réellement trouvé sa place
que depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale notamment avec Perelman et
Olbrechts-Tyteca. Pour une définition classique et
générale, nous dirons qu'il s'agit d'un processus renfermant des
raisonnements pour convaincre un interlocuteur ou un auditoire. L'argumentation
rime avec un point de vue duquel doit obligatoirement découler au moins
deux options. C'est-à-dire que pour une prise de position, nous devons
être en mesure de la nier ou de l'approuver. L'argumentation
possède de multiples facettes. Affirmer, énoncer quelque chose
revient à argumenter. Lorsque nous affirmons « Le train arrive
», nous argumentons au sens où nous faisons un constat des choses.
En ce sens, argumenter serait proche de ce qu'Austin appelait les
énoncés constatifs. Nous rappelons que les énoncés
constatifs permettent de décrire le monde. Lorsque je dis que le train
arrive, je décris ce que je vois de mon point de vue. Tout
énoncé développe un point de vue, qui n'est pas toujours
le même suivant les personnes. Lorsque deux points de vue
différents se rencontrent, c'est là que la
délibérationintervient.
Dans la linguistique textuelle, l'argumentation fait partie
des cinq types de séquences sous le nom de séquence
argumentative. Nous y retrouvons le modèle de Toulmin. Stephen Toulmin
soulignait l'importance de la richesse de l'argumentation au travers de la
notion d'argument qu'il associait à celle de champ. Le modèle
qu'il nous présente est linéaire et c'est la qualité du
message transmis qui en est le centre. Six éléments constituent
son schéma ; les trois premières étant
fondamentales : les données qui font offices de preuves.
Les garanties étant le lieu de toute justification ; la
conclusion qui n'est autre que ce que nous affirmons. Les trois qui
suivent n'apparaissent pas pour chaque énoncé : les
modalités qui ajoutent des précisions pour que la
conclusion soit juste ; les fondements qui utilisent les savoirs
connus pour servir de base au raisonnement et enfin les
restrictionsqui concernent les exceptions que nous pouvons faire pour
un énoncé. Ceci est bien sûr discutable et selon Christian
Plantin, ce modèle serait plus approprié au monologue qu'au
dialogue.
Dans le cas du soliloque, le doute pourrait être
l'élément déclencheur de toute argumentation. Le locuteur
doute sur un point de vue et met au jour ce dernier en tentant de trouver des
explications et des solutions, voire des résolutions.Schiffrin affirmait
que l'argumentation est un discours où les positions des locuteurs sont
discutables. L'argumentation s'effectue là où il y a un
énoncé, un discours. Elle peut apparaître dans diverses
formes : une argumentation orale ou une argumentation textuelle par
exemple, sujet de notre prochaine sous partie.
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