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Le quantitative easing européen réussira t-il à  redonner une certaine crédibilité à  la BCE ?

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par Vincent Farcy
ICN Business School - Programme Grandes Ecoles 2016
  

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3.3. La BCE n'a pas réussi à assurer la stabilité financière dans la zone euro et a mis en doute l'intégrité de la zone euro

Les banques centrales, dont la BCE, ont leur part de responsabilité dans la crise financière et économique dans le sens où elles n'ont pas réussi à assurer la stabilité financière. Il est important qu'elles accordent plus d'importance à la supervision macro-prudentielle pour éviter d'avoir à agir après que le mal soit fait.

La BCE a aussisa part de responsabilité dans la crise de la dette souveraine car elle a trop longtemps refusé son rôle de prêteur en dernier ressort pour les Etats, mettant en doute l'intégrité même de la zone euro.

3.3.1. La BCE doit accorder plus d'importance à la stabilité financière et à la supervision macro-prudentielle

Au cours de leur histoire, les banques centrales avaient jusqu'alors toujours assuré un double mandat : le mandat de stabilité monétaire et le mandat de stabilité financière. Mais, depuis la fin des années 1980, les banques centrales avaient préféré mettre l'accent sur l'objectif de stabilité monétaire, au détriment de celui de la stabilité financière. Les banques centrales avaient progressivement abandonné toute tâche de contrôle prudentielle. Seule une minorité avait transféré ce rôle à d'autres entités, comme l'Angleterre ou l'Australie.

La stabilité financière ne fait donc pas partie des objectifs prioritaires de la BCE. Pourtant, le projet sur les statuts du SEBC, publié en novembre 1990 par le Comité des gouverneurs des banques centrales de la communauté européenne, incluait la surveillance prudentielle parmi les missions fondamentales du SEBC. Mais, l'opposition de certains pays (notamment l'Allemagne) à une telle inclusion a donné lieu à une version finale ne faisant référence à la surveillance prudentielle que d'une manière limitée, comme une tâche non fondamentale.

Avant la crise, l'attention portée à la stabilité financière était alors secondaire en vertu du principe de séparation entre politique de stabilité monétaire et politique de stabilité financière : les banques centrales, dont la BCE, ne devaient réagir aux tensions financières que si celles-ci constituaient une menace avérée pour la stabilité des prix. Les banques centrales se sentaient d'autant moins investies dans la lutte contre les phénomènes d'instabilité financière, comme les bulles spéculatives, qu'il leur semblait possible de nettoyer les dégâts après coup, telles des pompiers (« clean up afterwards »). La stabilité des prix était alors censée favoriser la stabilité financière.

Mais, la crise a démontré le danger du principe de séparation : la stabilité monétaire ne garantit pas la stabilité financière. Et comme l'illustre les travaux de Claudio Borio, la stabilité monétaire, renforcée par la crédibilité des banques centrales, a même pu favoriser l'instabilité financière (« paradoxe de la crédibilité »). En effet, les taux d'intérêt bas des années 2000 ont incité un grand nombre d'agents économiques, principalement les banques, à prendre des risques excessifs.

Considérant l'implication de la stabilité financière pour la stabilité des prix, il est donc important que les banques centrales accordent dorénavant à la stabilité financière une importance aussi grande qu'à la stabilité monétaire.

Comme le souligne Rosa M. Lastra (2012), la relative simplicité de la politique monétaire de la BCE - un but (stabilité des prix) et un instrument (le taux d'intérêt) - contraste avec la complexité de la politique de stabilité financière - un but (la stabilité financière) et une multiplicité d'instruments (supervision, régulation, management de crise, prêteur en dernier ressort,...).

Tout le monde s'accorde à dire que l'instrument du taux d'intérêt n'est pas le bon instrument à affecter à l'objectif de stabilité financière. La règle de Tinbergen, énoncée en 1952, est là pour nous le rappeler : « il faut au moins autant d'instruments que d'objectifs ». Une simulation réalisée par les économistes de la Banque d'Angleterre en 2009 l'illustre bien : en période d'instabilité financière, il aurait fallu porter le taux directeur à un niveau de l'ordre de 19 % en 2007. Autant dire que cela ne serait pas soutenable pour l'économie réelle des pays développés. La stabilité financière doit donc mobiliser d'autres instruments que le taux d'intérêt. Cependant, la banque centrale ne peut pas ignorer les effets de son taux directeur sur la prise de risque des banques et des investisseurs.

Aussi, la stabilité financière ne peut plus entièrement reposer sur la supervision micro prudentielle (Bâle 1, Bâle 2 et Bâle 3) dont la mission est la supervision des institutions financières au jour le jour. La nécessité d'une supervision macro prudentielle fait aujourd'hui consensus.

La supervision macro-prudentielle est l'analyse des tendances et des déséquilibres dans le système financier et la détection des risques que ces tendances peuvent représenter pour les institutions financières et l'économie. L'objectif de la surveillance macro prudentielle est la sécurité du système financier et économique dans son ensemble et la prévention du risque systémique. Des agrégats monétaires et du crédit (créations excessives de crédits dans un pays membre par exemple) peuvent fournir des informations utiles à cet égard.

La coordination passe aussi par l'existence d'un mécanisme de support financier. Le mécanisme européen de stabilité (MES), qui a remplacé le fonds européen de stabilité financière (FESF), est « une bonne idée et une étape significative vers la construction d'une Europe intégrée » (Peirce et al, 2011). Mais, en introduisant toutes sortes de restrictions et de conditions, le mécanisme européen de stabilité a été transformé en une institution qui a très peu de chance de produire plus de stabilité dans la zone euro (De Grauwe, 2011).

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