· CHAPITRE
VII : L'ÉTHIQUE DU GENRE HUMAIN
L'enseignement doit amener à une
« anthropo-éthique » par la considération du
caractère ternaire de la condition humaine, qui est d'être
à la fois Individu,Société etEspèce. Dans ce sens,
l'éthique individu/espèce nécessite un contrôle
mutuel de la société par l'individu et de l'individu par la
société, c'est-à-dire la démocratie;
l'éthique individu / espèce appelle au XXIe siècle la
citoyenneté terrestre.
L'éthique ne saurait être enseignée par
des leçons de morale. Elle doit se former dans les esprits à
partir de la conscience que l'humain est à la fois individu, partie
d'une société, partie d'une espèce et surtout partie d'un
tout.
Nous portons en chacun de nous cette triple
réalité. Aussi, tout développement vraiment humain doit il
comporter le développement conjoint des autonomies individuelles, des
participations communautaires et de la conscience d'appartenir à
l'espèce humaine.
· CONCLUSIONS
A partir de cela s'esquissent les deux grandes
finalités éthico-politiques du nouveau millénaire :
établir une relation de contrôle mutuel entre la
société et les individus par la démocratie, accomplir
l'Humanité comme communauté planétaire. L'enseignement
doit contribuer, non seulement à une prise de conscience de notre
Terre-Patrie, mais aussi permettre que cette conscience se traduise en une
volonté de réaliser la citoyenneté terrienne.
Rapport à l'UNESCO
1996 : L'éducation : un trésor est caché dedans -
Jacques DELORS
Ce rapport a donné lieu à l'impression d'un
ouvrage de 288 pages et d'un résumé de 15 pages.Voici quelques
extraits de ce rapport. Là encore nous avons simplement reproduit le
contenu partiel mais suffisamment détaillé de certains
paragraphes.
« Face aux multiples défis de l'avenir,
l'éducation apparaît comme un atout indispensable pour permettre
à l'humanité de progresser vers les idéaux de paix, de
liberté et de justice sociale. La Commission tient donc, à
l'issue de ses travaux, à affirmer sa foi dans le rôle
essentiel de l'éducation dans le développement continu de la
personne et des sociétés. Non pas comme un
« remède miracle », non pas comme le
« sésame ouvre-toi» d'un monde parvenu à la
réalisation de tous ces idéaux, mais comme une voie, parmi
d'autres, certes, mais plus que d'autres, au service d'un
développement humain plus harmonieux, plus authentique, afin de faire
reculer la pauvreté, l'exclusion, les incompréhensions, les
oppressions, les guerres... »
Ou encore :
« La tension entre l'extraordinaire
développement des connaissances et les capacités d'assimilation
par l'homme. La Commission n'a pas résisté à la tentation
d'ajouter de nouvelles disciplines, comme la connaissance de soi et
des moyens d'assurer sa santé physique et psychologique ou encore
l'apprentissage pour mieux connaître et préserver
l'environnement naturel. Et pourtant les programmes scolaires sont de plus
en plus chargés. Il faudra donc, dans une claire stratégie de la
réforme, opérer des choix, mais à condition de
préserver les éléments essentiels d'une éducation
de base qui apprend à mieux vivre, par la connaissance, par
l'expérimentation et par la construction d'une culture
personnelle.
Enfin, et il s'agit là aussi d'un constat
éternel, la tension entre le spirituel et le matériel. Le
monde, souvent sans le ressentir ou l'exprimer, a soif d'idéal et de
valeurs que nous appellerons morales, pour ne heurter personne. Quelle noble
tâche pour l'éducation que de susciter chez chacun,
selon ses traditions et ses convictions, dans le plein respect du pluralisme,
cette élévation de la pensée et de l'esprit
jusqu'à l'universel et à un certain dépassement de
soi-même. Il y va - la Commission pèse ses mots - de
la survie de l'humanité. »
Mais aussi :
« Certes, il y a beaucoup d'autres
problèmes à résoudre. Nous y reviendrons. Mais ce rapport
est établi alors que l'humanité hésite entre la fuite
en avant ou la résignation, devant tant de malheurs causés
par les guerres, la criminalité et le sous-développement.
Offrons-lui une autre voie.
Tout invite donc à revaloriser les dimensions
éthiques et culturelles de l'éducation et, pour cela,
donner les moyens à chacun de comprendre l'autre dans sa
particularité et de comprendre le monde dans sa marche chaotique vers
une certaine unité. Mais encore faut-il commencer par se
comprendre soi-même, dans cette sorte de voyage intérieur
jalonné par la connaissance, la méditation et
l'exercice de l'autocritique. »
Et enfin les recommandations de la commission :
« Apprendre à être, enfin
et surtout. Tel était le thème dominant du rapport
Edgar FAUREpublié en 1972 sous les auspices de
l'UNESCO. Ses recommandations sont toujours d'une grande actualité,
puisque le XXIe siècle exigera de tous une plus grande
capacité d'autonomie et de jugement qui va avec le renforcement de la
responsabilité personnelle dans la réalisation du destin
collectif. Et aussi, en raison d'un autre impératif que le
présent rapport souligne: ne laisser inexploré aucun des
talents qui sont, comme des trésors, enfouis au fond de chaque
être humain. Citons, sans être exhaustifs, la
mémoire, le raisonnement, l'imagination, les capacités physiques,
le sens de l'esthétique, la facilité de communiquer avec les
autres, le charisme naturel de l'animateur... Ce qui confirme la
nécessité de mieux se comprendre
soi-même. »
Et plus loin encore à propos de la conférence
mondiale de JOMTIEN de 1990 :
« ...Cette énumération peut
paraître impressionnante. Elle l'est effectivement. Mais on ne doit pas
en induire qu'elle conduit à une accumulation excessive des programmes.
Le rapport entre l'enseignant et l'élève,
l'apprentissage de l'environnement où vivent les enfants, une
bonne utilisation des moyens modernes de communication (là
où ils existent) peuvent contribuer ensemble au développement
personnel et intellectuel de chaque élève. Les savoirs de
base y trouvent toute leur place: lire, écrire, calculer. La combinaison
de l'enseignement classique et des approches extérieures à
l'école doivent permettre à l'enfant d'accéder aux trois
dimensions de l'éducation: éthique et culturelle;
scientifique et technologique; économique et sociale »
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