· CONCLUSIONS
Il semble que nous soyons au seuil de découvertes ou
plutôt de redécouvertes et d'évolutions passionnantes
concernant le soin des troubles du corps et de l'esprit. Pourtant, cette
actualité de la pleine conscience tire son essence de l'ancestrale
méditation bouddhique et plus particulièrement des techniques
Shamatha et Vipassana.
Nous avons vu combien garder l'esprit unipointé peut
aider à faire reculer la souffrance, pour que la pensée errante
et son cortège d'émotions perturbatrices cesse de surgir. Les
autorités spirituelles contemporaines que sont le Dalaï
Lama, dans la tradition tibétaine, et le moine
ThichNhatHanh, pour la branche du zen, ont expliqué le
fonctionnement de l'esprit par la compréhension de la nature de la
conscience, à des scientifiques curieux de psychologie bouddhique. Cette
collaboration entre des méditants chevronnés et des laboratoires
équipés d'appareils d'enregistrement et de logiciels très
pointus, donne naissance à des découvertes essentielles sur le
maillage de connexions neuronales associant pensées et sentiments,
cognitions et émotions. Parmi les chercheurs innovants, Jon
KABAT-ZINN, a laïcisé, quant à lui, une certaine
posture méditative en l'expurgeant de ses références
culturelles et religieuses. C'est donc grâce à
l'intérêt grandissant de ces hommes de sciences, que
la Méditation de la Pleine Conscienceacquiert
uneplace importante dans de nombreux domaines d'application de la santé.
Les pays anglo-saxons continuent de valider scientifiquement et de
développer ces techniques au sein de prestigieuses universités
(MIT, SANFORD, UCLA ...etc.). Les programmes de recherches se multiplient sur
le sujet. De nombreuses spécialités médicales
intègrent les pratiques de la pleine conscience à leurs
protocoles de soin. Les applications dans le domaine des soins psychiatriques
commencent à se développer en Europe. Nous espérons les
voir se développer en France dans le domaine des Sciences De
l'Éducation. Puisse nos travaux de recherche y contribuer
modestement.
I - ÉTAT DE
L'ART
Avant de nous lancer dans une direction en particulier nous
avons voulu découvrir l'état de l'art en la matière de
yoga et méditation. Nous avons souhaité découvrir et
mettre à l'épreuve une opinion qui tend à dire que la
méditation est un phénomène de mode. Pour cela nous avons
cherché dans plusieurs directions que sont l'histoire, les recherches
scientifiques, mais aussi le domaine de la politique.
1. LE POINT DE VUE DES INSTITUTIONS
POLITIQUES ET AUTRES ORGANISMES
Au cours de nos recherches nous avons découvert un
certains nombre de rapport commandité par des organismes internationaux
dont le rôle est de penser à l'avenir et de présenter des
axes de développement pour la société en
général et l'éducation en particulier.
Chacun des rapports a eu comme parrain au moins un personnage
illustre de la société correspondant à l'époque
où i est écrit. Dans tous les cas des spécialistes des
différentes disciplines interrogées à titre consultatif
ont apportés leurs contributions à l'élaboration de ces
rapports.
1.1. Les institutions politique
A l'origine de cet axe de recherche, nous souhaitions savoir
quelle est la relation de la sphère politique avec ce que pourrait
être les activités associées à la relaxation ou
favorisant le retour sur soi, en général et la méditation,
en particulier.
Rapport OCDE CERI* :
2004
(*Centre pour la
Recherche et l'Innovation dans
l'Enseignement) - (c) L'Observateur de l'OCDE,
N°242, Mars 2004 : Ondes cérébrales - p16
Nous avons souhaité reproduire une partie de l'article
pour porter à la connaissance du lecteur le détail du
contenu :
Où étiez-vous quand les tours jumelles se sont
effondrées ? Vous rappelez-vous votre premier diplôme, votre
première bicyclette ou votre premier baiser ? Les empreintes
émotionnelles telles que celles-ci font plus que générer
des images mentales qui provoquent la peine ou la joie. Les
scientifiques pensent maintenant qu'elles pourraient influencer
l'apprentissage.
La plupart des enseignants s'accordent à dire que les
étudiants participent et apprennent davantage dans un environnement
détendu et néanmoins motivé. L'inverse est
également vrai : la peur ou l'anxiété peut inhiber
l'apprentissage et les résultats scolaires. Mais il ne suffit pas de
se pencher uniquement sur l'environnement de la salle de classe. Les
neuroscientifiques croient savoir pourquoi.
Lors d'un symposium récent de l'OCDE-CERI* à
Ulm, en Allemagne, des experts ont étudié le lien entre les
émotions, l'apprentissage et le cerveau. Deux parties spécifiques
du cerveau ont fait l'objet d'un intérêt particulier :
l'hippocampe, qui fonctionne entre autres comme une interface entre la
mémoire à court terme et la mémoire à long terme,
et joue un rôle déterminant dans l'apprentissage des faits ; et
l'amygdale, qui participe à l'attribution d'une signification
émotionnelle aux événements, et est en particulier
impliquée dans le traitement de la peur.
Comme l'explique Bruno DELLA CHIESA,
coordinateur du projet OCDE-CERI, si vous vous retrouvez en face d'un taureau
furieux par exemple, l'amygdale va prendre le relais et inhiber le
raisonnement. Vous devenez ainsi plus efficace lorsque vous essayez de vous
enfuir. En cas de stress, la transmission des informations au néocortex
(la matière grise du cerveau) est bloquée ou se fait au minimum
de manière anormale ou incomplète. Plus tard, vous pourrez vous
souvenir d'avoir affronté l'animal, mais oublier ce qui s'est
passé immédiatement avant ou après.
Les animaux dangereux sont rares dans les salles de classe,
mais ils ont leurs contreparties émotionnelles, comme les
professeurs, les autres étudiants ou les outils
d'apprentissage eux-mêmes, par exemple des manuels ou des
ordinateurs. Des influences extérieures négatives, telles
que l'éclatement de la famille, le terrorisme, la violence sur le
terrain de jeu et même l'influence des loisirs ou des
médias, peuvent s'exercer sur l'enfant et perturber sa
stabilité émotionnelle.
Autrement dit, alors que la peur nuit à la
motivation et à l'apprentissage, le plaisir les favorise.
Comme l'a souligné David SERVAN-SCHREIBER, de
l'École de médecine de l'Université de Pittsburgh au cours
du symposium d'Ulm, les étudiants ne peuvent simplement «
pas traiter les informations comme le demande l'école si
nous n'arrivons pas à agir sur l'interaction entre le
déclenchement des émotions et le fonctionnement du
cerveau ». Il a ajouté que « ce
que nous faisons subir à notre corps affecte directement la
capacité de notre cerveau à fonctionner dans un contexte
d'apprentissage ». D'après lui, le régime
alimentaire peut également être déterminant, dans la mesure
où il est à l'origine de la fabrication des 20 % d'acides gras
que contient le cerveau.
Des études ont été menées sur les
effets de la nutrition sur le comportement, en particulier une étude
réalisée en milieu carcéral par Alex
RICHARDSON, du Laboratoire universitaire de physiologie d'Oxford, qui
montre une réduction de 35 % des actes violents simplement après
avoir ajouté un supplément nutritionnel dans le régime des
détenus afin de compenser les insuffisances des cuisines collectives.
La compréhension des mécanismes et des processus
neurofonctionnels pourrait permettre d'élaborer des programmes
éducatifs cohérents qui contribueraient à former
l'intelligence émotionnelle, augmentant ainsi la capacité
d'apprentissage du cerveau. Les apprenants plus lents pourraient
être formés en étant libérés de leurs peurs
et de leurs blocages, ce qui pourrait déboucher sur une
assimilation et un traitement plus faciles des informations. Cela demande
des efforts de la part des éducateurs.
Dans le domaine de l'apprentissage, divers traitements
thérapeutiques visant à maîtriser le stress et à
améliorer l'intelligence et la stabilité émotionnelles
commencent à être incorporés dans certains programmes
scolaires. Le gouvernement britannique a récemment
identifié 25 services éducatifs qui testeront et mettront en
oeuvre des programmes pilotes de prise en compte des émotions.
Au Danemark, plusieurs écoles et garderies participent à
un consortium sur le jeu et l'apprentissage qui explore les relations entre
le corps, l'esprit, la cognition et l'apprentissage.
Il ne fait aucun doute que les influences sociales et
familiales sont importantes, mais nos ondes cérébrales montrent
que les éducateurs et les autorités, plutôt que de se
limiter uniquement à l'enseignement, devraient également
s'attaquer aux influences émotionnelles présentes dans la salle
de classe.
*Le projet OCDE-CERI, « Sciences de l'apprentissage
et recherche sur le cerveau », vise à rapprocher les
neurosciences des politiques et des pratiques en matière
d'éducation, en établissant un programme de recherche
conjointe.
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