La méditation de la pleine conscience : outil pédagogique et soutien aux apprentissage ?( Télécharger le fichier original )par Ronan LE JONCOUR Université De Provence UFR de Psychologie - Master Recherche 2 2011 |
4.4. Unité Corps/EspritNous nous sommes interrogé sur l'origine et les effets de la séparation du corps et de l'esprit que l'on trouve en Occident. En effet, la pensée occidentale est dominée, depuis Platon3(*), par la thèse d'un divorce entre l'âme immortelle et le corps voué à la corruption et à la mort. Ce divorce entraîne une série d'oppositions canoniques - fini / infini, forme / matière, matière / énergie, transcendantal / empirique, présent éternel / flux du devenir... - qui placent la Technè dans une opposition dichotomique avec le Logos. Seconde par rapport à la raison, la technique est thématisée en termes ancillaires, en tant qu'instrument au service de fins dont l'établissement lui est étranger. L'axiomatique du transcendantal rend ainsi le phénomène technique opaque et inintelligible. Cette opacité se radicalise à l'époque moderne où, comme l'ont souligné Francis Bacon et Descartes, la technique devient le moyen par excellence de domination de la nature par l'Homme. Toutefois nous tenterons d'apporter un éclairage sur l'usage de Corps / Esprit, et comme dans beaucoup de cas, il faut noter les circonstances de l'emploi des mots pour les définir. Ici, il est très utile de distinguer l'emploi ordinaire, l'emploi philosophique et l'emploi scientifique. Une hypothèse nous amène à penser que les circonstances de l'emploi et l'usage vient de notre base de pensée occidentale qui est plutôt conceptuelle. Chaque chose regardée et étudié se doit d'être identifiée et de posséder sa propre substance intrinsèque, imposant, dans le même temps, un point de vue linéaire dualiste à ce qui, de toute évidence, ne peut se voir que faisant parti d'un tout indissociable et surtout complexe en perpétuelle évolution. Les différents emploisLes termes de corps et d'esprit désignent, dans le langage courant, l'ensemble des phénomènes corporels et mentaux rassemblés en des entités présentant une unité. Le corps est l'apparence concrète des êtres vivants et l'esprit l'aspect interne des productions intellectuelles mentalisées. C'est une conception spontanée dont nous avons hérité depuis des siècles et adaptée à la vie ordinaire. Dans la conversation courante, il est souvent nécessaire de les utiliser à titre de catégories empiriques communément admises. Dans la philosophie occidentale traditionnelle, l'esprit est la substantification des phénomènes mentaux et le corps la substantification des phénomènes biologiques. Cette attitude répond au classique dualisme des substances. Cette conception est erronée, car il n'est pas légitime de substantifier les phénomènes. L'emploi à titre ontologique des termes empiriques de corps et d'esprit n'est pas recevable. Fréquemment on assiste au mélange de la conception ordinaire et philosophique. Le corps est alors considéré comme un objet de substance matérielle saisissable concrètement et l'esprit un objet de substance spirituelle se manifestant subjectivement. Nous pensons que c'est une erreur conceptuelle qui engage la pensée dans une impasse et engendre le problème insoluble du rapport des deux. Les sciences, quant à elles, considèrent des objets de connaissance. À la notion ordinaire de corps se substituent les objets des différentes sciences biologiques (anatomie, physiologie, immunologie, biochimie, etc.) et à la notion d'esprit ceux des sciences de l'homme (psychanalyse, sciences cognitives, etc.). Ces objets épistémiques sont radicalement différents des notions ordinaires, comme des notions philosophiques de corps et d'esprit. * 3Lors de nos recherches nous avons pourtant découvert un texte écrit de Platon « Charmide » dans lequel il met en scène Socrate et faisant mention de l'individu comme un tout corps et âme dans la prise en compte de sa pathologie en vue de lui prodigué les soins les mieux appropriés à ses maux - cf texte en annexe. |
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