Rapport à l'UNESCO
1972 : Apprendre à Être - Edgar Faure
Rappelons que ce rapport fut déclenché en 1971
sur la commande dePierre MAHEU alors président du
conseil et qu'il faisait suite aux évènements de MAI 1968. Edgar
FAURE ancien Président du conseil et ancien ministre de
l'éducation en fût chargé.
A lui seul le titre de ce rapport évoque la richesse du
contenu, l'étendue et la profondeur des sujets abordés.
L'intégralité du rapport a donné lieu à la
publication d'un livre de plus de 300 pages. Nous avons souhaité
reproduire quelques lignes.
« Il s'agit non plus
d'acquérir, de façon ponctuelle, des connaissances
définitives, mais de se préparer à élaborer, tout
au long de sa vie, un savoir en constante évolution et d'apprendre
à être. (...) Le développement a pour objet
l'épanouissement complet de l'homme dans toute sa richesse et
dans la complexité de ses expressions et de ses engagements :
individu, membre d'une famille et d'une collectivité, citoyen et
producteur, inventeur de techniques et producteur de rêves". Ce
développement de l'être humain, va de la naissance à la
fin de la vie est un processus dialectique qui commence par la connaissance de
soi pour s'ouvrir ensuite au rapport à autrui. En ce sens,
l'éducation est avant tout un voyage
intérieur, dont les étapes correspondent à
celles de la maturation continue de la personnalité. Supposant une
expérience professionnelle réussie, l'éducation comme
moyen d'un tel accomplissement est donc à la fois un processus
très individualisé et une construction sociale interactive. ( ...
) Il faut penser au plan d'une cité éducative. (...)
Notre dernier postulat, c'est que l'éducation, pour
former cet homme complet dont l'avènement devient plus nécessaire
à mesure que des contraintes toujours plus dures
écartèlent et atomisent davantage chaque être, ne peut
être que globale et permanente. Il s'agit non plus d'acquérir, de
façon ponctuelle, des connaissances définitives, mais de se
préparer à élaborer, tout au long de la vie, un savoir
en constante évolution et d'apprendre à
être. » (...)
« Dans les sociétés primitives,
l'éducation était multiple et continue. Elle portait
tout ensemble sur le caractère, les aptitudes, les compétences,
la conduite, les qualités morales du sujet, qui s'éduquait
lui-même, en symbiose, plus qu'il n'était
éduqué. Vie familiale ou vie de clan, travaux ou jeux, rites,
cérémonies -tout était, au fil des jours, occasion de
s'instruire: des soins maternels aux leçons du père chasseur, de
l'observation des saisons à celle des animaux familiers, des
récits des anciens aux incantations du chaman... Ces modalités
non formelles, non institutionnalisées d'apprentissage ont
prévalu jusqu'à nos jours dans de vastes régions du monde,
où elles constituent encore le seul mode d'éducation offert
à des millions d'êtres. Au demeurant, il n'en va pas aussi
différemment qu'il ne semble, à première vue, dans les
sociétés scolarisées contemporaines, tant il est vrai que
c'esttoujours de son milieu, de sa famille, de sa société, que
l'enfant -et l'adulte- reçoit et tire directement, existentiellement,
une grande partie de son éducation; acquis d'autant plus important qu'il
conditionne la réceptivité à l'enseignement scolaire,
lequel fournit en retour àl'enseigné la «grille» qui
permet à celui-ci d'ordonner et de conceptualiser les connaissances
qu'il tire de son milieu. »
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