1.3 Questionnement
Les observations sur le terrain mettent en évidence
que, globalement, comme le pense l'équipe pédagogique, ce travail
collectif s'effectue correctement : les P3 prennent en charge les P1 ou les P2,
leur expliquent les techniques d'examen clinique, comment parler au patient,
les techniques de soins, leur donnent des conseils sur les choix des
traitements, etc., mais aussi comment répondre aux attentes des
formateurs (les savoirs théoriques, plus ou moins exigés suivant
les formateurs, les préférences de prescriptions de produits,
diverses et variées...) Pour autant, j'ai pu observer qu'en fonction des
binômes et des groupes, les relations entre étudiants sont
différentes, ce qui agit sur la communication avec le patient
soigné mais aussi l'apprentissage lui-même. Les attitudes des
stagiaires sont diverses. Elles accompagnent et influencent les actions
d'apprentissage professionnel, intègrent des savoirs et des
représentations mais dépassent ce cadre en y associant des
composantes socio-affectives. Ces éléments d'interaction humaine
occupent une place privilégiée dans l'identité
professionnelle d'un soignant. Les attitudes et les valeurs, les sentiments,
les émotions, le comportement moral et éthique,
étroitement liés à la personnalité de
l'étudiant, jouent un rôle très important dans la formation
du stagiaire.
Ces observations conduisent à plusieurs remarques et
à des questionnements : de quelle façon demande-t-on aux
étudiants de travailler en binôme ou en groupe, comment
comprennent-ils ce qu'on leur demande? Les P3 donnent des conseils, des
explications aux P1 et aux P2 et pourtant ceci n'est pas une exigence de
l'institut; que se passe-t-il vraiment entre eux ? Les binômes, les
groupes pourraient intervenir auprès d'un patient sans communiquer en
attendant que le formateur présent donne les consignes
d'exécution de soin, montre tous les gestes techniques, explique les
démarches de prise en charge... Je m'interroge sur la pertinence d'une
explicitation du dispositif par l'équipe formatrice auprès des
étudiants : serait-il plus performant si les rôles de chacun
étaient définis par l'Institut?
Les interactions entre étudiants sont nombreuses et
l'ambiance apparaît bienveillante : cela signifie-t-il que les P3
trouvent un intérêt à être accompagnateurs et les
autres à être accompagnés ?
17
La qualité de la prise en charge du patient par les
acteurs (P3 et P1) semble être influencée par les relations entre
les étudiants. Ce co-apprentissage est-il différent en fonction
des groupes?
Comment les accompagnés (les P1 ou les P2)
perçoivent-ils ces apprentissages? Sont-ils utiles à leur
formation? Ce collectif d'apprentissage permet-il autre chose?
Les étudiants de 3ème année
ont le rôle « d'aînés » dans ces situations
d'apprentissages et sont amenés à endosser une attitude
d'accompagnateur. Comment s'effectue cette modification de posture puisque les
étudiants deviennent « accompagnateurs » après avoir
été « accompagnés »? En bref, ce type de
relations telles que je les ai observées a-t-il d'autres
conséquences que purement formatrice à un métier ?
|