2.2 Conceptualisation et définitions
Les concepts peuvent être comparés à des
outils intellectuels permettant de fournir une compréhension du monde
observé. D'un point de vue sémantique, le concept est une
représentation mentale subtile de la réalité d'un objet,
d'une situation, d'un
78 H.S. Becker, Les ficelles du métier.
Paris. La Découverte. 2002. p.234.
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phénomène. « C'est l'idée
générale et abstraite que se fait l'esprit humain d'un objet de
pensée concret ou incorporel, qui lui permet de rattacher à ce
même objet les diverses perceptions qu'il en a et d'en organiser les
connaissances.»79 L'activité de recherche invite
à « faire travailler » les concepts entre eux. En utiliser
plusieurs, les articuler, me permet d'éclairer les
phénomènes que j'observe dans une finalité de production
de sens et d'ouverture à la réflexion. Un seul prisme visuel
serait réducteur. C'est pourquoi j'ai choisi de regarder ces situations
en mobilisant les concepts relatifs à l'accompagnement, à la
coopération et collaboration mais également aux
différentes formes de socialisations et de construction identitaire. Ces
différents concepts vont accompagner l'analyse de mes
matériaux.
L'objectif est de rendre visibles et compréhensibles
les phénomènes observés. La démarche scientifique
m'oblige à aller vérifier au plus près, le plus
objectivement possible. J'ai pourtant conscience que nos observations subissent
toujours des influences car elles sont toujours informées par nos
concepts : nous voyons les choses sur lesquelles nous avons déjà
des idées et nous ne pouvons voir les choses pour la description
desquelles nous ne disposons d'aucune idée80.
Ce sont bien mes propres représentations qui ont
déterminé l'orientation de ma recherche, comme le décrit
le sociologue Herbert Blumer81 : elles ont caractérisé
mes idées de départ, les questions que je me suis posées
pour les mettre à l'épreuve des faits et les réponses que
j'ai jugé possibles. Mes représentations sont en ce sens un type
de « savoirs » dont j'avais à peine conscience avant d'entamer
ce travail et sur lequel la tentation aurait été de me reposer.
Attribuer un point de vue, une perspective, des motifs aux personnes dont nous
analysons les actes, en soi, peut nous permettre d'identifier les
phénomènes d'une manière scientifique, mais à
certaines conditions. Un paramètre me semble essentiel : celui de
toujours savoir avec quelle justesse et quelle précision nous
décrivons le sens que les individus que nous avons étudiés
donnent aux événements auxquels ils participent.
79 Dictionnaire Larousse.
80 T. Kuhn, philosophe des sciences et historien
des sciences, a développé cette idée. Il s'est
principalement intéressé aux structures et à la dynamique
des groupes scientifiques à travers l'histoire des sciences. Il est le
promoteur d'une science évoluant de façon discontinue, et
l'inventeur des révolutions scientifiques (changements de
paradigmes).
81 H. Blumer, sociologue américain,
formé à la psychologie sociale. Il crée le terme
d'interactionnisme symbolique, qui sera utilisé pour décrire la
démarche des sociologues héritiers de l'École de Chicago.
Auteur, entre autres, de L'interactionnisme symbolique: Perspective et
méthode (1969).
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