Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à Marseille( Télécharger le fichier original )par hélène sEVERIN Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015 |
b) Le développement de ces projets culturels a-t-il profité au quartier sur le plan social ?Nous avons pu décrire plusieurs projets et/ou idées qui permettraient de mettre en lien les entreprises qui constituent les pôles avec la population du quartier. C'est notamment le cas de la crèche, d'événements ponctuels comme les 48H chrono et des nouveaux terrains sportifs à la Friche, et de partenariats ponctuels entre les structures du Pôle Patrimoine et les associations de quartiers. Concernant le Pôle Média, l'objectif d'intégrer la population dans le projet n'est pas à l'ordre du jour. Finalement, on peut supposer que bien qu'une ouverture sur le quartier est faite de façon ponctuelle et est de plus en plus incitée, la réhabilitation du Pôle Belle-de-Mai ne semble pas avoir profité au quartier sur le plan social. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la population qui travaille à la Belle-de-Mai et celle qui vie dans le quartier sont totalement différentes. Concernant la précarité annoncée dans les discours des politiques et des acteurs, elle se confirme par les chiffres de l'INSEE. La Belle-de-Mai s'inscrit ainsi plus largement dans un territoire pauvre qui est le troisième arrondissement de Marseille. Le revenu médian de la ZUS (zone urbaine sensible Saint-Mauront, Bellevue, Cabucelle) par unité de consommation est de 5 853 € en 2010 contre 16 128 € à Marseille. De plus, la population est très dépendante des aides sociales. 37,6% des habitants dépendent à 100% des aides contre 23% à Marseille. La part des allocataires bénéficiaires de la CMUC atteint 29,4% contre 11,9% à Marseille. On est donc sur un territoire très précaire, et où les niveaux d'études et de qualifications sont très faibles. Au Pôle Belle-de-Mai, selon notre enquête réalisée auprès des salariés des trois îlots, 1,62% des salariés ont un niveau d'étude CAP ou BEP, 0,81% ont un BEPC ou brevet des collèges, 12,96% ont un BP ou un Baccalauréat, 31,98% sont diplômés de l'enseignement supérieur court et 51,82% sont diplômés de l'enseignement supérieur long, seulement 0,81% sont sans diplôme (sur un panel de 247 réponse). En comparaison, dans le troisième arrondissement, on a 19,17% des habitants qui ont un niveau d'étude CAP ou BEP, 13,92% ont un BEPC ou brevet des collèges, 11,94% ont un BP ou un Baccalauréat, seulement 6,4% sont diplômés de l'enseignement supérieur court et 5,93% de l'enseignement supérieur long, enfin 42,65% sont sans diplôme (sur une population totale de 15 ans et plus non scolarisée en 2009 de 29 098 personnes). Finalement le fait que le pôle d'industries créatives ne profite pas au quartier est sans doute également dû à ce grand écart social entre les salariés et les habitants. Le fait est que plus l'écart est important, plus les centres d'intérêts sont éloignés. De plus, le Pôle Belle-de-Mai reste un lieu très culturel qui n'attire pas forcement cette population défavorisée. Bien que tarifs préférentiels soient mis en place à la Friche par exemple pour attirer cette population peu aisée, celle-ci ne se sent pas forcement concernée par ce qu'il s'y passe.Selon Yann LORTEAU, « le plus important c'est de créer l'envie de venir. Finalement, à la Friche,on a jamais été capable de créer du désir pour les gens du quartier pour qu'ils viennent voir ce qu'il s'y passe. »113(*). Le constat semble donc sans appel : le Pôle Belle-de-Mai, au-delà des différences avec le quartier, n'a pas réussi à attirer sa population et à créer de lien social avec celle-ci. * 113 Propos recueillis le 22 avril 2015 |
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