Interactions et ancrage territorial des industries créatives: le cas de la Belle-de-Mai à Marseille( Télécharger le fichier original )par hélène sEVERIN Université Aix-Marseille - Master 2 géographie du développement 2015 |
Chapitre 1 : industries créatives à la Belle-de-Mai : influence de l'institutionnalisationNous verrons, dans ce premier chapitre concernant les interactions à la Belle-de-Mai, la place de l'institutionnalisation dans le développement des industries créatives et de leurs interactions. Nous tenterons de comprendre quel est l'intérêt pour les institutions de développer la Belle-de-Mai par les industries créatives. Nous nous appuierons notamment sur les projets de développement de ces industries à Marseille, de leur place dans l'économie régionale ainsi que du discours politique et de la presse qui en est fait. 1. Politiques de développement des industries créatives en Provence-Alpes-Côte-D'azura) La créativité au coeur de la politique territorialeLa culture et la créativité font partie intégrante, depuis les années 2000, du discours et de la stratégie politique de la ville de Marseille. Voici les deux schémas directeurs dont les orientations principales sont la culture et l'attractivité : - 2002-2012 : La culture au coeur du débat Dans ce schéma directeur, Marseille présente un projet culturel de grande envergure et déjà, la question des industries créatives y est capitale.« Elles sont, en effet, un complément indispensable du soutien à la création. Elles apportent à ces domaines artistiques un rayonnement et une audience spectaculaires. Elles ont un véritable poids économique, ont un avenir dans la révolution numérique, et exercent aussi une influence sur la variété et la richesse des biens culturels. »22(*). Et déjà, la Belle-de-Mai apparaît comme moteur indispensable aux développements de ces industries. « La Friche de la Belle-de-Mai est l'un des projets culturels les plus innovants de ce début de millénaire. Né à Marseille en 1990, ce concept et d'ailleurs aujourd'hui repris dans de nombreuses métropoles européennes (Lyon, Bruxelles, Naples.) ». La Friche apparaît donc comme un lieu nouveau« qui permet à la culture de jouer dans la cité un vrai rôle de développement économique. ». La Friche apparaît comme moteur au développement économique de la ville tout entière. Son attractivité au niveau global a permis d'en faire un modèle et elle est surtout« porteuse de richesses en matière d'image ». Elle joue un rôle marketing. Elle n'est pas seulement là pour produire et créer, elle est aussi là pour susciter l'envie d'une même réussite. La ville parle même d'un lieu réalisant « la 3ème époque de l'action culturelle », c'est dire l'importance de l'image véhiculée par le lieu. Concernant le pôle audiovisuel et multimédia, on nous parle de concept « original », « unique en Europe », visant « à développer l'économie locale ». Là aussi, l'image et le rôle économique sont des enjeux importants dégagés. Ajouté à cela, on peut lire dans ce rapport que le Pôle est finalement « la mise en synergie de tous les acteurs de l'industrie cinématographique ». Le Pôle Média serait donc un cluster du cinéma ? On doit tout de même émettre une réserve qu'en à la réelle collaboration entre les acteurs. C'était un des objectifs du projet de base. Mais aujourd'hui, qu'en est-il ? C'est là tout le fondement de notre analyse basée sur des entretiens et des questionnaires personnels auprès des entreprises et de leurs salariés constituant la suite de ce mémoire. - 2012-2020 : Marseille attractive, « un projet pour une stratégie partenariale » : Au sein de ce document stratégique, la ville de Marseille présente le territoire, son diagnostic en matière d'attractivité, et les objectifs de développement. La stratégie conduite depuis plusieurs années est présentée sous la forme qui suit : · « amélioration de l'environnement économique et de la qualité urbaine pour encourager la création et l'installation d'entreprises et d'activités sur le territoire marseillais ; · le soutien à l'émergence d'activités et de filières innovantes, mais également, le développement de fonctions métropolitaines pour positionner Marseille à l'échelle régionale et sud européenne ... ; · la mobilisation des ressources et partenariats locaux autour d'une préoccupation centrale : le développement de l'emploi »23(*). Dans cette continuité, la ville de Marseille souhaite faire de l'attractivité un enjeu majeur commun à tous les acteurs du territoire. L'ambition première présentée est de « permettre aux acteurs de se rassembler et de construire un projet partenarial ». On reste toujours sur cette notion de synergie, de partenariat, renforcée depuis la précédente stratégie 2002-2012. Dans ce nouveau document, la ville continue de renvoyer la Belle-de-Mai à une « vitrine pour l'ensemble de la ville ». Mais le Pôle est cette fois sujet à l' « innovation », au « coworking ». On est donc passé à échelon supérieur. La collectivité exprime même le fait que « le secteur de la Belle-de-Mai autour du Pôle Média et des Friches culturelles pourrait devenir « un living lab » liant industries créatives et médias numériques. »24(*) . Pour rappel, le « living lab » est un concept/projet lancé par un programme européen en 2006. Ce concept se construit autour d'une coopération d'acteurs privés et publics, d'entreprises, de laboratoires et de collectivités locales aboutissant à des services et usages nouveaux. La Belle-de-Mai pourrait donc s'apparenter à un lieu où les industries culturelles et créatives se conjuguent parfaitement. La ville relie même la Belle-de-Mai au « quartier/cluster du transmédia et des télécentres de Marseille ». Finalement, aux grés des stratégies de développement culturel, la ville de Marseille commence par distinguer la Friche et le Pôle Média en expliquant que ce sont deux facteurs de développement économique et de marketing urbain. Par la suite, les termes qui renvoient aux interactions entre les différents pôles sont de plus en plus forts. On passe de « partenariat » à « synergie » puis à « cluster ». On voit donc toute l'importance du discours politique dans la perception des interactions. * 22Marseille 2002-2012, la culture au coeur du débat, schéma directeur culture Dossier du schéma directeur culture, de la ville de Marseille * 23 Marseille attractive, un projet pour une stratégie partenariale, ville de Marseille, Délégation Générale Ville Durable et Expansion, Direction de l'attractivité Économique », P.7 * 24Ibid, p.33 |
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