DEUXIEME PARTIE: LES INTERACTIONS
AU PÔLE DE LA BELLE-DE-MAI
Chapitre 1 : Industries créatives à
la Belle-de-Mai : influence de l'institutionnalisation
Chapitre 2 : Analyse des discours des acteurs
Chapitre 3 : Quelles sont les réelles
interactions à la Belle-de-Mai ?
La reconversion du Pôle de
la Belle-de-Mai n'est plus un secret pour personne. Elle a fait l'objet de
nombreuses études : ANDRES L. (2006), ANDRES L. et GRESILLON B.
(2011), GRESILLON B. (2002, 2011), LABARTHE F. (2013), LANGLADEI (2003),
ROULEAU-BERGER L. (1996), DELLA CASA F. (2013), FOULQUIE P. (2010,2013). Pour
rappel, ce lieu emblématique est situé sur une ancienne
manufacture de tabac, à la Belle-de-Mai, dans le 3ème
arrondissement de Marseille. À la suite d'une forte crise industrielle,
les locaux doivent fermer leurs portes en 1990 et laissent derrière eux
plusieurs centaines d'emplois (ils étaient 1000 salariés en 1960
et 250 en 1988, deux ans avant la fermeture définitive). L'usine, qui
longe la voie ferrée, a une place stratégique dans la cité
phocéenne. Elle devient alors une Friche industrielle de grande ampleur
puisque c'est quelques 12 Ha de terrain qui se transforment en Friche.
L'opération de reconversion débute en 1992 lorsque l'association
Système Friche Théâtre investit les lieux après la
signature d'une convention d'occupation avec la Seita, propriétaire des
bâtiments. La présence d'artistes et la synergie avec des
producteurs et opérateurs va en faire un lieu culturel de
renommée. En 1995, un grand projet de réhabilitation est
décidé avec l'architecte et penseur Jean Nouvel. Ce projet de
Friche intitulé « un Projet Culturel pour un Projet
Urbain » va tenter de lier la dimension artistique et culturelle
à la dimension urbaine. L'idée est que la présence
artistique participe - et est même indispensable - au
développement urbain. La ville de Marseille devient propriétaire
des lieux en 1998 et le Pôle de la Belle-de-Mai s'inscrit au sein du
projet Marseille Euroméditerranée. En 2001/2002 le site de la
Belle-de-Mai est réparti en 3 îlots qui comptabilisent un
ensemble de 100 000 m² : un Pôle Patrimoine et institutionnel(Centre
Interdisciplinaire de Conservation et Restauration du Patrimoine, Archives
Municipales, Réserve des Musées de Marseille et de l'INA-antenne
Méditerranée), un pôle multimédia (Pôle
Média de la Belle-de-Mai) et un pôle culture vivante (Friche la
Belle-de-Mai).
L'aménagement de ces différents pôles a
permis de diversifier le territoire de la Belle-de-Mai en réunissant des
initiatives plutôt artistiques avec la Friche et plutôt
institutionnelles avec le Pôle Média et le Pôle Patrimoine.
C'est aussi un lieu d'expérience où des projets uniques sont
érigés comme les réserves des Musées (projet
centralisé unique en France) ou bien le Pôle Média choisi
par l'État comme site pîlote du premier espace national
« Culture-Multimédia » et qui est également
unique en Europe pour sa concentration d'entreprises et d'activités
autour de l'image et du son. En 2013, le Pôle de la Belle-de-Mai est
propulsé sur le devant de la scène grâce à
Marseille-Provence, Capitale européenne de la culture.
L'aménagement de la tour panorama a été, à titre
d'exemple, un des éléments clés de cette année
capitale. Aujourd'hui, le Pôle de la Belle-de-Mai est connu est reconnu
de par sa culture, sa créativité, mais aussi pour promouvoir la
création d'emplois. En effet, depuis ces débuts, ce sont quelques
400 personnes qui travaillent à la Friche, environ 1000 au Pôle
Média et 150 réparties sur l'ensemble du Pôle
Patrimoine.
Bien que le Pôle de la Belle-de-Mai regroupe des
industries à la fois culturelles et créatives, nous pouvons nous
demander si, finalement, cette proximité géographique permet la
création d'une synergie ? Est-ce que le rapprochement entre ces
industries permet une complémentarité ou au contraire, est-ce que
les industries sont totalement disjointes et ne travaillent pas ensemble ?
Nous verrons, dans cette partie, à travers l'institution des projets,
les discours politiques et de la presse, les entretiens récoltés
auprès des structures du Pôle de la Belle-de-Mai et les
questionnaires personnalisés auprès des salariés et
intermittents, si le discours autour de cette complémentarité qui
se veut optimiste a des raisons de l'être ou si, au contraire, il s'agit
simplement d'un marketing urbain fort qui permet de cacher une
réalité tout autre.
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