VII- Hypothèses de recherche
La compréhension et l'analyse de l'efficacité de
l'enseignement supérieur au Cameroun, notamment les raisons de la
meilleure performance des étudiants de l'Institut Catholique de
Yaoundé par rapports aux étudiants de l'Université de
Yaoundé II, nous amènent à adopter une posture
hypothétique. Cette entreprise nous fait dégager une
hypothèse principale et quatre hypothèses secondaires.
1- Hypothèse principale
Le nivellement en termes de performance qui place les
étudiants de l'Institut Catholique de Yaoundé au-dessus des
étudiants de l'Université de Yaoundé II est tributaire de
l'organisation et du fonctionnement des deux institutions universitaires.
2- Hypothèses secondaires
La motivation du personnel (enseignant et personnel d'appui)
et des étudiants est plus importante à l'Institut Catholique de
Yaoundé qu'à l'Université de Yaoundé II.
Les étudiants de l'Institut Catholique de
Yaoundé sont mieux encadrés et suivis que les étudiants de
l'Université de Yaoundé II.
La communication entre les parties prenantes de l'Institut
Catholique de Yaoundé est plus ouverte qu'entre celles de
l'Université de Yaoundé II et constitue un ingrédient
favorisant une meilleure performance pour les étudiants.
Les étudiants de l'Institut Catholique de
Yaoundé son plus admis au sein des Universités
étrangères et dans le marché de l'emploi que les
étudiants de l'Université de Yaoundé II.
VIII- Cadre méthodologique
Dans le chapitre initial des « Règles de la
méthode sociologique », Emile Durkheim orientait
déjà en effet, l'attention du sociologue et du chercheur sur
certains risques que ceux-
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Efficacité comparée de l'enseignement
supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de l'Institut
Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II
ci encourent en pénétrant le champ social. En
effet, ceux-ci s'exposent à y recevoir une pseudo science sociologique
tout comme ils s'exposent aussi à conserver les pensées,
pratiques et les intérêts des acteurs sociaux qu'ils
représentent eux-mêmes.
Ainsi, « la connaissance du réel est une
lumière qui projette toujours quelque part des ombres... accéder
à la science c'est spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation
brusque qui doit contredire un passé »16. Ces
considérations nous amènent à penser avec Lundberg que,
« ce n'est pas l'objet qui fait la science, mais la méthode
»17.
1- Les grilles d'analyse
Pour l'analyse de l'efficacité comparée de
l'enseignement supérieur au Cameroun à l'heure de LMD, nous avons
choisi pour grilles d'analyse, le Holisme méthodologique et le
comparatisme moderne.
Très souvent sinon toujours opposé à
l'individualisme méthodologique, le mot « Holisme » a
été introduit pour la première par Jan Smuts en 1926 dans
son ouvrage « Holism and evolution »18. Ce mot
désignait alors cette tendance de la nature à former des
entités plus grandes que la somme des parties. D'après cette
approche, pour comprendre un fait, un phénomène ou une
réalité sociale, il sied de partir du tout pour comprendre les
parties, compte tenu du fait que, le tout n'est pas la somme des parties.
Dans le cadre de la présente réflexion, le
holisme méthodologique nous a permis de saisir les modalités et
logiques d'organisation et de fonctionnement des deux institutions
universitaires objet de notre étude, afin de saisir l'impact qu'elles
ont sur la réussite et la performance des parties prenantes.
L'analyse comparée quant à elle est au coeur de
ce travail de recherche. Issue de la crise du comparatisme classique, l'analyse
comparée a subi des constructions assez bifurquées relativement
aux postulats et théories soutenus par certains chercheurs et
doctrinaires en sciences sociales. Toutefois, « oeuvrer dans la
perspective comparatiste signifie dans toutes ces circonstances [...]
élaborer des hypothèses de travail qui rendent la comparaison
utile et
16 Gaston Bachelard, La formation de l'esprit
scientifique, contribution à une psychanalyse de la connaissance
objective, Paris, J. Vrin, 1986, 256 pages
17 Lundberg, cité par Madeleine Grawitz in
Méthodes des sciences sociales, op.cit.
18 Jan. C. Smuts, Holism and evolution,
Londres, Macmillan, Co.Ldt, 1926.
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supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de l'Institut
Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II
intelligible »19. Dans cette veine,
l'analyse comparée a permis de déceler les ressemblances et les
différences entre les stéréotypes d'Universités
sujets de notre attention réflexive. Cette grille d'analyse a
également permis de justifier le caractère proche de la
comparaison que nous entendons mener, laquelle pourrait être recouverte
de similitudes multidimensionnelles.
2- Collecte des données, identification de la
population cible et échantillonnage
a- La collecte des données
Dans le cadre de cette étude, la collecte des
données a été faite par le biais de deux
procédés : la recherche documentaire et l'observation sur le
terrain.
La recherche documentaire a intégré « tout
élément matériel ou immatériel, qui a un rapport
avec l'activité que des hommes vivant en société, et qui
de ce fait constitue indirectement une source d'information sur les
phénomènes sociaux »20. Il s'est agi, en
effet dans le cadre de ce travail, de se limiter aux documents écrits,
qui intègrent les documents publics, les archives et les
statistiques.
Au nombre des documents publics, nous nous sommes
intéressés aux documents officiels, qui sont les documents
publiés par les organismes publics et aux documents non officiels, qui
sont des documents publiés ne provenant pas d'organismes publics.
Les archives ici intègrent celles publiques,
c'est-à-dire cet ensemble de documents constitués et
gérés par des autorités administratives et, qui
contiennent le plus souvent les documents relatifs à l'activité
de l'Etat et des organismes publics. Nous avons également
consulté les archives privées, qui sont des archives
détenues par des personnes privées physiques ou morales. La
statistique a permis d'obtenir des documents écrits, mais
chiffrés, exprimant les résultats d'une opération de
dénombrement.
Quant à l'observation sur le terrain, nous avons
combiné les méthodes qualitatives et les méthodes
quantitatives. En effet, « vouloir opposer méthodes qualitatives et
méthodes quantitatives alors qu'elles se complètent, c'est
renoncer à trouver une solution efficace des problèmes et risquer
de freiner le développement des sciences sociales au moment où
l'on a
19 Bertrand Badie et Gui Hermet, Politique
comparée, op.cit., p83
20 Jean-Louis Loubet Del Bayle, Introduction aux
méthodes des sciences sociales, Toulouse, Privat, 1986, p.102.
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plus que jamais besoin d'elles »21 . Cette
combinaison de méthodes nous semble être opportune car, les
méthodes quantitatives sont venues compléter les résultats
obtenus par les méthodes qualitatives et vice-versa.
Ainsi, avons-nous utilisé l'interview, qui est un type
d'entretien que le chercheur a avec les individus dont il attend des
informations en rapport avec le fait qu'il étudie. Dans ce registre et
selon le degré de liberté de l'enquêté, nous avons
fait usage de l'interview à questions préformulées, qui
consiste en le fait que l'enquêté inscrive sa réponse dans
un cadre proposé par nous. En outre, nous avons mobilisé le
questionnaire à réponses fermées, qui nous a permis
d'obtenir des réponses précises, traduisant la
réalité que nous avons étudiée.
b- Identification de la population cible et
échantillonnage
Pour la réalisation de ce travail de recherche, nous
avons une population cible répartie en trois catégories : les
enseignants, le personnel d'appui et les étudiants.
L'échantillon « est la partie de l'univers qui
sera effectivement étudiée et qui permettra par extrapolation de
connaitre les caractéristiques de la totalité de l'univers
»22. Dans ce travail, nous avons réalisé
notre échantillon, en faisant recours à la technique de quotas.
En effet, il s'est agi d'une part, de monter un plan d'enquête,
c'est-à-dire un modèle réduit de la population dans
laquelle nous souhaitons investiguer, selon des caractéristiques
précises. De ce fait, l'échantillon a été
monté par catégorie sus-identifiée, avec un pourcentage de
personnes à interroger variant en fonction de l'importance de la
population à interroger par catégorie.
Ainsi, pour les étudiants, l'échantillon a
été construit à partir de la répartition des
étudiants en cycle d'étude. Etant donné que le
système d'enseignement supérieur au Cameroun consacre trois
cycles d'études, notre échantillon a été
monté sur la base des effectifs estudiantins, et correspondra à
la proportion et à l'importance relative de la population estudiantine,
scolarisée par cycle d'étude, à savoir : le cycle de
Licence, et le cycle du Master.
21 Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences
sociales, op.cit. , p. 413.
22 Jean-Louis Loubet Del Bayle, Introduction aux
méthodes des sciences sociales, op.cit., p.48.
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supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de l'Institut
Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II
Pour ce qui est des enseignants, a figuré dans notre
échantillon, et selon l'importance de la population par grade, une
classification répartie en Professeurs titulaires, Maitres de
Conférences, Chargés de Cours et Assistants.
Enfin pour le personnel d'appui a figuré dans notre
échantillon et selon l'importance de la population par tâche
répartie en deux catégories : le personnel administratif et le
personnel technique. D'autre part, il a été question de
déterminer les quotas en montant un contingent de personnes à
interroger.
Nous avons ainsi interrogé 200 étudiants, soit
50 étudiants par catégorie répartis au sein des deux
universités. De plus, nous avons mené un nombre important
d'entretiens qui nous ont permis d'obtenir des informations que nous
recherchions.
Efficacité comparée de l'enseignement
supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de l'Institut
Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II
MANAGEMENT ORGANISATIONNEL ET PERFORMANCE DES
PARTIES PRENANTES A L'UNIVERSITE DE YAOUNDE II ET A L'INSTITUT CATHOLIQUE
DE YAOUNDE
PREMIERE PARTIE :
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Efficacité comparée de l'enseignement
supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de l'Institut
Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II
La science de l'organisation et du management ne s'est pas
développée d'une manière linéaire. En effet, s'il
est vrai que les travaux de Fayol ou encore de Taylor ont balisé
l'analyse des problèmes liés à l'organisation, un bon
nombre de domaines de formations scolarisées est né en la
matière. La science et la connaissance sur les organisations se sont
développées au fil des années en incorporant d'autres
idées et perceptions analytiques. Ainsi, dans l'actuelle
littérature sur les organisations, des idées et des termes
nouveaux se sont succédés de manière impressionnante. On
dirait que le processus dynamique se développant dans un monde purement
industriel a dynamisé les analyses scientifiques.
La science des organisations n'est donc pas une science
créée, mais une science qui s'est développée et se
développe davantage dans une logique d'interactions entre la
connaissance et la pratique. De ce point de vue, organiser c'est tout à
fait une science. Gérer les problèmes et les conflits dans les
organisations c'est à la fois piloter les ressources techniques et
humaines tout en restant centré sur un objectif précis, qui peut
subir l'influence de l'environnement. Une organisation peut être
appréhendée sous une double dimension structurelle et
managériale. Sous un rapport structurel, une organisation renverrait
à des moyens techniques et humains, structurés et
coordonnées dans le but d'atteindre un objectif commun. Sous son aspect
managérial, une organisation se présente comme étant la
manière dont sont disposées les ressources, les capacités
et les compétences d'une entreprise, centrées vers un ou
plusieurs objectifs communs et précis. De ces considérations, la
coordination et la structuration des ressources au sein de l'organisation
nécessitent un management solide qui consiste à piloter toutes
les unités de l'organisation qui participent à la création
des richesses ou à l'efficacité organisationnelle, à
partir de la prise en compte de l'environnement, car les frontières
entre le dedans et le dehors sont de plus en plus poreuses, les institutions
étant devenues des organisations ouvertes susceptibles de s'adapter aux
turbulences. A ce titre, le management organisationnel doit permettre
d'élaborer des réponses appropriées.
Le management se retrouve et s'opérationnalise
déjà dans toutes les formes d'organisations qu'elles soient
publiques, privées ou à but non lucratif. Il est de plus en plus
appréhendé comme une panacée permettant l'atteinte des
buts et objectifs. Le management organisationnel est désormais
appliqué dans tous les domaines de la vie, car une organisation est un
phénomène social23. Le système d'enseignement
supérieur de par les institutions qui
23 La philosophe et politologue américaine
Mary Parker Follett, fut la première à penser que l'homme ne
pouvait se développer que dans un groupe, sinon les possibilités
de chaque individu ne resteraient que des possibilités
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Efficacité comparée de l'enseignement
supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de l'Institut
Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II
permettent son déploiement et son évolution au
Cameroun, se retrouvent également confrontées à des
problèmes de management organisationnel, lesquels impactent le plus
souvent sur l'atteinte des résultats et l'efficacité du
système dans son ensemble.
C'est dans cette logique que nous nous proposons dans cette
première partie, d'étudier et d'analyser les facteurs qui
impactent sur la performance des parties prenantes dans les
établissements universitaires qui sont des organisations à part
entière. La motivation des parties prenantes se retrouve ainsi
être une donnée capitale pour la performance et
l'efficacité de ces organisations, tandis que le management
organisationnel construit la performance des parties prenantes au sein de ces
organisations.
potentielles. Seulement dans et par un groupe, l'individu est
capable d'acquérir sa liberté. Avec ce principe de groupe, Parker
Follett va à l'encontre de la pensée américaine, qui part
de l'idée que les individus sont indépendants quant-à
leurs idées, sentiments et actions ; selon Parker Follett, les hommes
vivent et réagissent par association et pas comme les individus
autonomes. Elle voulait ainsi montrer que le développement individuel
n'est possible qu'en groupe.
LA MOTIVATION DES PARTIES PRENANTES A L'UNIVERSITE
DE YAOUNDE II ET A L'INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
CHAPITRE I :
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