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Efficacité comparée de l'enseignement supérieur au Cameroun à  l'heure du LMD: cas de l'université de Yaoundé 2 et de l'institut catholique de Yaoundé

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par cédric rodrigue NTOUAL AMOUGOU
Université de Yaoundé 2 - Master 2013
  

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INTRODUCTION GENERALE

Une des questions les plus fondamentales régulièrement abordées par les chercheurs et professionnels dans le domaine des organisations accorde de l'intérêt à la nature de celles-ci, qu'elles soient publiques ou privées. Domaines de plus en plus concurrentiel, le secteur public et le secteur privé se chevauchent perpétuellement dans plusieurs aspects et compétences dévolues à l'Etat, s'entremêlent et conjuguent leurs efforts dans le cadre de la gestion de la chose publique, de l'accomplissement des missions d'intérêt général

Au cours des années postindépendance, en l'occurrence en Afrique, l'Etat était le principal acteur, l'acteur central, primordial et même monolithique de la gestion des affaires publiques. C'était un Etat providence qui se retrouvait à gérer les questions les plus primaires et élémentaires telles que l'accès à l'eau potable, à l'électricité et surtout à l'éducation. Les deux chocs pétroliers des années 1970 sont venus induire une réelle crise de l'Etat providence en Afrique dans les années 1980, favorisant ainsi une mutation gestiologique de la chose publique, relativement à une profonde ouverture au secteur privé. L'Etat s'est vu de plus en plus concurrencé dans les domaines qui jadis, faisaient partie de son monopole. Au nombre de ces domaines, figure en bonne place l'enseignement en général, et l'Enseignement Supérieur en particulier. L'Enseignement supérieur au Cameroun avant 1990, était le monopole de l'Etat ; celui-ci recrutait, formait et insérait professionnellement les diplômés. Ceux-ci avaient à leur disposition, des bourses qui leur permettaient de poursuivre des études à l'étranger et de revenir quelques années plus tard dans leur pays pour y officier. Mais, depuis l'année 19901 marquée par l'ouverture démocratique, la libéralisation et son corollaire, l'érection de l'entreprise privée, le secteur de l'Enseignement supérieur a offert de nouvelles opportunités aux étudiants, avec à la possibilité dont ils disposent de suivre des enseignements au sein d'institutions autres que les institutions publiques d'Enseignement Supérieur. Parmi ces institutions privées d'enseignement supérieur, figure l'Université Catholique d'Afrique Centrale/Institut Catholique de Yaoundé (UCAC/ICY).

La loi d'orientation de l'Enseignement Supérieur de 1993 au Cameroun, favorisant le décongestionnement de l'Université de Yaoundé en six Universités publiques, marque un

1 Les années 1990 au Cameroun comme partout en Afrique centrale marquent un réel changement, une réelle mutation de l'Etat ; elles consacrent une révolution normative portant sur l'ouverture à l'entreprise et à l'initiative privées.

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point essentiel de l'émancipation de l'Enseignement supérieur public au Cameroun, car elle a permis une réelle croissance de l'accès public à l'enseignement supérieur. De plus, avec l'ouverture de l'Institut Catholique de Yaoundé, le service public de l'enseignement supérieur au Cameroun ne s'est plus trouvé être l'apanage de l'Etat, mais aussi et dorénavant, d'un secteur privé en pleine gestation dans le domaine.

A partir de ce moment, l'Université de Yaoundé II et l'UCAC/ICY font train ensemble et remplissent toutes une mission de service public qui se trouve être l'accès à l'éducation, mais à une éducation de niveau supérieur. Octroient-elles de ce fait des formations assimilables, les étudiants pouvant migrer d'une institution à l'autre, quoique les modalités de recrutement n'y soient pas toujours identiques. La quasi-sélection des étudiants de l'ICY par le biais du concours institué comme modalité de recrutement notamment en cycle licence, permet dans une certaine mesure d'hisser l'ICY à un niveau supérieur que celui de l'UYII, quoique l'on observe une tendance assez paradoxale : les étudiants formés à l'ICY postulent de plus en plus pour une inscription en thèse de doctorat à l'UYII. Ce constat-au grand dam des partisans de l'enseignement privé- vient remettre en cause ce construit social de la prééminence de l'enseignement privé sur l'enseignement public.

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I- Contexte de l'étude

Si la reconnaissance accrue du rôle de l'éducation, sinon de l'enseignement supérieur relativement à la croissance et au développement n'est plus à démontrer, c'est que le système éducatif camerounais d'enseignement supérieur se révèle être un levier sensible à la croissance économique et à la compétitivité. Ainsi, l'amélioration de la qualité des programmes d'études et des établissements même au plan infrastructurel, sera d'une importance capitale. Face à ces défis, l'efficacité de l'enseignement supérieur au Cameroun se trouve plongée dans une tourmente contextuelle aussi bien politico-économique que sociale.

1- Contexte politico-économique

La vision du développement à long terme du Cameroun passe également par la qualité et l'efficacité de son enseignement en général et de l'enseignement supérieur en particulier. De ce fait, le Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) met en avant cette volonté politique, de poursuivre la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).

En effet, selon l'OMD 2, qui a pour but d'assurer globalement l'alphabétisation, le gouvernement camerounais s'est inscrit dans cette dynamique, du moins au niveau du troisième cycle, en adoptant un nouveau système dit Licence-Master-Doctorat (LMD), pour rendre plus opérationnel, qualitatif et efficace son enseignement supérieur.

L'alphabétisation formelle de la population reste un défi majeur. Celle-ci s'entend comme l'aptitude des personnes âgées de 15 ans ou plus, à lire et à écrire le français et/ou l'anglais. De plus, la crise financière qu'a connue le Cameroun à également eu un impact considérable sur l'enseignement supérieur, notamment sur la catégorie étudiants. En effet, ceux-ci bénéficiaient d'une bourse allant de 25.000 à 35.000fCFA et ne devaient pas payer les frais d'Université comme le font les étudiants aujourd'hui. Cet état des choses a remarquablement réduit dans une certaine mesure, l'accès de certains citoyens à l'enseignement supérieur car, du fait de l'instauration des droits universitaires qui s'élèvent désormais à 50000francs CFA dans les établissements publics d'enseignement supérieur, ceux-ci, indigents, ne pouvaient

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plus poursuivre leurs études et se sont retrouvées au quartier, grossissant ainsi la masse d'une jeunesse décérébrée et laissée pour compte.

2- Contexte social de l'étude

L'environnement social de l'Enseignement supérieur au Cameroun révèle une réelle abnégation des citoyens à poursuivre des études au niveau supérieur. Ce constat est révélateur de l'impératif de la qualité de la formation, relativement à la compétitivité des étudiants sur le marché de l'emploi.

Ce postulat trouve un réel ancrage et un justificatif perceptible au niveau de l'augmentation exponentielle de la quantité des étudiants au niveau de l'enseignement supérieur ; si l'on prend par exemple l'Université de Yaoundé II, celle-ci comptait en 2009 en Faculté des Sciences Juridiques et Politiques en Première année de Licence près de 3000 étudiants, et en 2014 elle en compte plus de 4500 étudiants. Ce fait témoigne de la volonté citoyenne à gravir les échelons au niveau de l'éducation, à améliorer la qualité du capital humain du Cameroun et de ce fait, à rendre le Cameroun émergent.

II- Cadre conceptuel

Dans le cadre de la réalisation de ce travail, quelques notions et expressions méritent d'être éclaircies afin de mieux renseigner sur les logiques de compréhension desdites notions et expressions, ainsi que sur les modalités d'appropriation. Il s'agit en effet ici de déterminer la manière dont les expressions seront comprises dans le cadre de ce travail de recherche.

Le concept d' « efficacité » est une expression polysémique car il ne peut être apprécié comme une valeur absolue et isolée. Dans des organisations en l'occurrence, la notion d'efficacité est liée à une double variable : la gestion de projet, c'est-à-dire l'obtention d'un résultat qui dépend plus ou moins de trois paramètres notamment la dimension du résultat à atteindre, les ressources affectées et surtout la durée qui caractérise le temps alloué aux ressources pour remplir la charge ; et l'évaluation, c'est-à-dire le fait de vérifier si les objectifs ont été atteints.

Bien qu'assez récente en utilisation dans les sciences de l'éducation, la notion d'efficacité est davantage utilisée dans les travaux de nombreux chercheurs dans divers domaines de la science. Ce concept est fréquent dans le domaine de l'éducation, et utilisé par les chercheurs qui entendent démontrer l'impact de l'effet « école » sur la performance des étudiants.

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L'efficacité c'est la capacité de produire les résultats relatifs aux objectifs préalablement fixés. Dans le contexte de l'éducation et dans le cadre de ce travail de recherche, la notion d'efficacité sera entendue comme la capacité d'une institution universitaire à faciliter la bonne progression des étudiants en termes de connaissances acquises, aussi bien théoriques que pratiques.

Une autre notion mérite également d'être éclaircie ; il s'agit de la notion de « comparaison ». Cette dernière est toujours utile pour atteindre les objectifs que l'on s'est fixés. La comparaison est une méthode qui permet de discerner les similitudes et les différences de degré ou de cas dans l'étude d'un phénomène, et d'orienter vers une analyse plus approfondie de ces similitudes et différences. La comparaison est donc un travail d'affinement et de systématisation qui permet d'assimiler et de contraster des phénomènes. Cependant, il existe une pluralité d'écoles relativement aux types de comparaison. Ainsi, dans le cadre de cette étude, nous avons adopté l'école de la comparaison entre cas analogues, c'est à dire une comparaison entre cas présentant des similitudes.

Toutefois, la notion d' « enseignement supérieur » mérite aussi d'être éclaircie. Un tel effort ne peut être possible qu'après une mise en autarcie du concept d'« enseignement » pris isolément par rapport à celui de « supérieur », aux fins de définition et de compréhension. Le concept d'« enseignement » peut révéler plusieurs sens ; il peut être une action, c'est-à-dire le fait de transmettre des connaissances ou des savoirs à certaines personnes qui peuvent être des élèves ou des étudiants, tout comme il peut se présenter sous forme de fonction, c'est à dire un métier, une occupation permanente ou non avec rémunération. Il peut en définitive être une mission de service public.

Dans le cadre de ce travail de recherche, l'enseignement est compris comme le procédé par lequel les établissements assurent la transmission des connaissances, le suivi et la réussite des étudiants. De ce fait, l'enseignement supérieur est un service public, qui consiste à procurer aux populations des connaissances théoriques et pratiques de haut niveau, dans des domaines aussi variés, concurrentiels que congruents.

L'efficacité comparée de l'enseignement supérieur s'entendrait donc comme cette aptitude, cette capacité des universités publiques (l'Université de Yaoundé II) et des universités privées (l'Institut Catholique de Yaoundé) à donner de meilleurs résultats

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possibles l'une par rapport à l'autre, en raison des objectifs de l'enseignement supérieur au Cameroun et de son efficacité.

III- Délimitation du travail

Il s'avère impératif de circonscrire notre travail pour un souci de précision, afin d'éviter les risques de généralisation. Ce travail de bornage comporte donc une dimension triangulaire, en ceci qu'il est d'abord spatial, ensuite temporel et enfin matériel.

1- Délimitation spatiale

La délimitation spatiale rend compte de l'espace ou du milieu au sein duquel nous mènerons nos investigations. De ce fait, nous avons deux points d'ancrages spatiaux. D'une part l'Université de Yaoundé II qui est un établissement public d'enseignement supérieur. Elle est née de la réforme de l'Enseignement supérieur au Cameroun en 19932 qui consacra l'émiettement de l'Université de Yaoundé en six3 Universités d'Etat. Elle est composée de deux Facultés4, de deux Instituts5, d'une Ecole6 et est caractérisée par une géo-localisation disparate7. C'est la raison pour laquelle notre champ d'étude se limitera au niveau du campus de Soa, notamment la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques. D'autre part, il s'agit de l'Institut Catholique de Yaoundé (ICY), établissement privé d'Enseignement supérieur, qui a été créée en 1991. Elle est une Université sous régionale et comporte six campus en l'occurrence celui de Nkolbisson, de Messa, de Bertoua, d'Ekounou, de Pointe-Noire et de Douala. Le régime linguistique qui y est appliqué est le français. Toutefois, dans le cadre de ce travail nous nous limiterons au campus de Nkolbisson, notamment la Faculté de Sciences Sociales et de Gestion

Le choix de tels espaces de travail ne s'est pas opéré au hasard car, ces deux institutions présentent des similarités et des divergences. En effet, les deux institutions

2 Notamment le décret n°93/026 du 19 janvier 1993 portant création d'Universités, le décret n°93/027 du 19 janvier 1993 portant dispositions communes aux Universités et le décret n°93/037 du 29 janvier 1993 portant organisation administrative et académique de l'Université de Yaoundé II

3 Il s'agit des Universités de Yaoundé I, Yaoundé II, Dschang, Douala, Buéa et Ngaoundéré.

4 La Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FSEG) et la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP).

5 L'Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) et L'Institut de Formation et de Recherches Démographiques (IFORD).

6 Il s'agit de l'Ecole Supérieure des Sciences et Techniques de l'Information et de la Communication (ESSTIC)

7 En effet toutes ces Facultés, Instituts et cette Ecole ne se situent pas au même endroit ; pendant que la FSJP et la FSEG se situent dans la ville de Soa, l'IRIC se situe à OBILI, et l'IFORD à la Poste centrale à quelque pas du Musée National. Quant à l'ESSTIC, elle se situe à NGOA EKELE.

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universitaires ont toutes été mises sur pied en période de transition, l'une en 1991 et l'autre en 1993. De plus, elles offrent des formations qui peuvent faire objet de rapprochement et de ce fait, les enseignants peuvent officier aussi bien à l'Université de Yaoundé II qu'à l'institut Catholique de Yaoundé.

2- Délimitation temporelle

S'il est admis que le temps conditionne dans une certaine mesure la recherche en science en général, c'est que les dynamiques temporelles d'un travail de recherche informent parfois sur sa qualité, son originalité voire son actualité.

En effet, la transition systémique de l'Enseignement supérieur au Cameroun rend compte du point de départ temporel de notre travail de recherche. 2008 marque ainsi l'année où le Cameroun a commencé à appliquer le système LMD dans son système d'Enseignement Supérieur. La vision du Cameroun à l'horizon 2035 compte plusieurs phases parmi lesquelles, celle de 2015 qui intègre la vision à court terme. Ceci étant dit, il serait judicieux pour nous de mesurer l'efficacité de l'Enseignement supérieur au Cameroun dans une première phase de son émergence selon une logique comparative.

3- Délimitation matérielle

Mener à bien ce travail de recherche nécessite la mobilisation de plusieurs disciplines scientifiques car il s'inscrit dans une logique pluridisciplinaire.

De ce fait, l'ancrage disciplinaire de ce travail de recherche est la sociologie des organisations qui a permis d'exhumer les modalités d'organisation et de fonctionnement des deux institutions universitaires choisies comme cadre d'étude et de mesurer leurs impacts sur la performance estudiantine. Il a été également important de mobiliser la politique comparée afin de faire de ce repérage spatial le vecteur d'une explication des processus, c'est-à-dire cette capacité et cette légitimité à postuler que l'Institut Catholique de Yaoundé et l'Université de Yaoundé II sont comparables, donc qu'ils partagent suffisamment des points communs pour relever d'une même catégorie et rendre ainsi la comparaison valide, tout en étant marqués par des différences assez perceptibles pour rendre la comparaison utile8.

8 Bertrand Badie et Guy Hermet, Politique comparée, Paris, Presses Universitaires de France, 1990, p 18.

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IV- Objectifs de l'étude

Le projet de réalisation de ce travail de recherche est lié à la satisfaction ou à l'atteinte d'un certain nombre d'objectifs.

En menant une telle étude, nous entendons faire ressortir les modalités d'organisation, de fonctionnement et de gestion des deux institutions universitaires, et leurs impacts sur la réussite des étudiants. De plus, nous ambitionnons de comprendre les raisons pour lesquelles l'Institut Catholique de Yaoundé forme des étudiants plus habilités sur le terrain que ceux formés sur le campus de Soa, ceci faisant en effet ressortir la problématique de la nature du procédé et de la pédagogie des enseignements ; enfin, nous entendons mesurer l'efficacité relativement à l'insertion professionnelle des étudiants de chaque institution, en rapport avec l'initiative privée ou l'auto-emploi.

V- Intérêt de l'étude

Mener une étude comparative sur l'efficacité de l'Enseignement supérieur au Cameroun, notamment entre deux Universités de nature différente n'est pas chose aisée. De ce fait, l'intérêt d'un tel travail se veut non seulement scientifique, mais également social.

1- Intérêt scientifique de l'étude

L'intérêt de cette étude au plan scientifique relèverait même de sa nature. Une comparaison de l'efficacité de l'Enseignement Supérieur public à celui privé permettra d'obtenir des résultats sur les modalités de gestion des institutions universitaires et de leurs impacts sur la performance estudiantine. Ce paramètre relancera le débat des traditions gestiologique anglo-saxonne et romano-germanique9 car aujourd'hui, on assiste de plus en plus à un double mouvement de privatisation des entreprises publiques et de publicisation des entreprises privées10.

Au-delà, les outils de collecte des données (combinaison des méthodes quantitative et qualitative) qui ont été mobilisés dans le cadre de ce travail ont permis la production des résultats, lesquels pourront certainement faire avancer la recherche dans cette veine et susciter de nouveaux débats et de nouvelles réflexions autour du sujet traité.

9 Pendant que la tradition romano-germanique prône une séparation tranchée entre le secteur public et le secteur privé, la tradition anglo-saxonne elle, établit un réel rapprochement entre les deux secteurs.

10 Lire dans cette direction, Nicole Decoopman, « Entreprises privées, entreprises publiques », La société civile, Paris, PUF, 1986, Pp.182-205.

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2- Intérêt social de l'étude

Le travail de recherche que nous avons menée pourrait être bénéfique pour la société camerounaise dans son ensemble. En effet, il pourrait faire ressortir l'impact du niveau social sur la réussite de l'étudiant et de ce fait semer une révolution psychologique qui viserait à se donner des moyens pour pouvoir avoir un bon niveau social afin de réussir dans la vie, ce par rapport à une jeunesse qui sombre de plus en plus dans le pessimisme.

VI- Construction de la problématique 1- revue de littérature

La réflexion sur les organisations s'émancipe au travers d'un questionnement sur la bureaucratie. À ce titre, Max Weber (1864-1920) est unanimement reconnu comme l'initiateur de cette réflexion, même si sa contribution se résume au chapitre trois de son ouvrage Economie et Société11. En effet, si sous le terme bureaucratie, on se représente ipso facto une administration caractérisée par des lenteurs et des lourdeurs, on se dénie de comprendre l'intrigue de la réflexion au cours de la première moitié du 20e siècle, c'est tout à l'opposé, le degré de rationalisation des ensembles humains qui est au coeur des premières analyses sociologiques et plus précisément de la pensée de Max Weber.

Le développement exponentiel des structures bureaucratiques, aussi bien publiques que privées apparait comme un trait marquant de toute société à la fin du 20e siècle. En Amérique en l'occurrence, l'initiative privée révèle un sens et une puissance qui tend de plus en plus à prendre le pas sur les organisations publiques. Le secteur de l'éducation sinon de l'enseignement en effet, se trouve géré sous la houlette de deux types d'organisations à savoir l'organisation publique que sont les Universités d'Etat, et l'organisation privée que sont les Universités Privées ou les Instituts Privés d'Enseignement Supérieur (IPES). De ce constat, il est possible de retracer deux tendances en ce qui concerne l'efficacité de l'enseignement supérieur au Cameroun. Ces deux tendances révèlent les dynamiques pertinentes qui permettent de produire les résultats escomptés et l'engagement des parties prenantes dans l'atteinte de ses objectifs.

L'enseignement supérieur privé est en perpétuelle croissance au Cameroun. L'on note un taux élevé d'instituts privés d'enseignement supérieur. Ce constat permet ainsi de mettre

11 Paris, Plon, 1971 (réédité aux éditions Presses-Pocket, coll. « Agora », 1995).

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en évidence la tendance de l'efficacité de l'enseignement privé par rapport à l'enseignement public. Henri Ngonga le démontre si bien dans sa thèse intitulée « Efficacité comparée de l'enseignement public et privé au Cameroun »12. L'auteur pense que, le système éducatif camerounais porte encore les marques de la colonisation, que celui-ci est passé par trois phases à savoir : la phase précoloniale, coloniale et postcoloniale. Il postule en effet que, le système éducatif camerounais actuel se caractérise par une forte demande d'éducation à tous les niveaux aussi bien primaire que secondaire et supérieur, et que l'offre d'éducation reste encore insuffisante tant dans le secteur public que dans le secteur privé.

Toutefois, Henri Ngonga prend position en postulant que l'enseignement privé est plus efficace que l'enseignement public. Il justifie sa position en arguant, qu'un grand nombre de parents d'élèves choisissent de scolariser leurs enfants dans les structures scolaires privées, ceux-ci estimant que le secteur d'enseignement privé est plus efficace que le secteur d'enseignement public. A l'analyse comparée des deux secteurs, Henri Ngonga démontre que les écoles privées sont associées à une meilleure progression des élèves. Un élève ou un étudiant scolarisé dans le secteur privé obtient en moyenne, de meilleurs résultats que son camarade qui fréquente le secteur d'enseignement public. Par conséquent, les écoles privées sont en définitive plus efficaces que les écoles publiques.

Quoique se situant non seulement dans une perspective économique, mais également se limitant au niveau de l'enseignement primaire, la pensée de Henri Ngonga mérite ici d'être évoquée, car elle rend véritablement compte de la dynamique de l'éducation au Cameroun dans son ensemble. En effet, par effet d'habitus, si aux cycles primaire et secondaire, un enfant a été scolarisé dans un établissement d'enseignement privé et qu'il a toujours ramené de bons résultats, la tendance serait de continuer à scolariser cet enfant dans le même secteur d'enseignement jusqu'au cycle supérieur. Mais, force est de constater et de relever que l'enseignement supérieur est un service public, et donc originellement dévolu à l'Etat, à la puissance publique. En effet, ce service public nécessite la mise sur pied des institutions et organisations universitaires se caractérisant d'une part par un rôle déterminant de l'Etat ou des collectivités publiques dans les décisions résiduelles liées notamment à la possibilité de nommer les dirigeants et de leur accorder une latitude décisionnelle plus ou moins importante

12 Henri Ngonga, « Efficacité comparée de l'enseignement public et privé au Cameroun », thèse de doctorat en science économique, Université de Bourgogne, 2010, 356 pages.

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sur certaines options stratégiques, et d'autre part, par une appropriation majoritaire des gains résiduels.

Toutefois, l'annuaire statistique de l'Enseignement supérieur au Cameroun13 vient remettre en cause la vulgate diffusée par Henri Ngonga. En effet, cet annuaire démontre dans une posture qualitative, une prédominance du secteur public d'enseignement supérieur. Ainsi, dans cet annuaire, la composante publique de l'enseignement supérieur est restée prédominante. Les Universités d'Etat avaient enrôlé 86.7% de l'ensemble des étudiants, de plus, la population du personnel enseignant (Professeurs titulaires, Maitres de Conférences, Chargés de Cours, Assistants, Attachés d'Enseignement et de Recherche), a été évaluée à 2748 enseignants en 2008. Ce degré et ce niveau correspondent sans doute d'après cet annuaire, à une progression de 25% par rapport à 2007, à la faveur du recrutement de 1000 enseignants autorisé par le Chef de l'Etat. Cette progression a contribué à améliorer les ratios d'encadrement, qui sont passées de 01 enseignant pour 53 étudiants à 01 enseignants pour 48 étudiants. A la consultation de cet annuaire, nous y voyons des pesanteurs institutionnelles qui s'abattent sur les logiques de rédaction de celui-ci. Ainsi, si du crédit peut être accordé à cet annuaire statistique, force est de noter qu'une autre trajectoire d'analyse vient battre en brèche cette posture institutionnelle.

En effet, le taux de demande de création d'Instituts Privés d'Enseignement Supérieur (IPES) est en perpétuelle croissance, et le rythme de cette création est remarquable. La treizième Commission Nationale de l'Enseignement Supérieur a permis l'examen de plus de soixante demandes de création d'IPES. Selon le communiqué du Ministre de l'Enseignement Supérieur14, sept IPES ont reçu une autorisation d'ouverture, ce qui a porté à soixante-onze, le nombre d'IPES habiletés à former les étudiants. Par la même occasion, dix-sept IPES ont reçu l'accord de création, et deux IPES, un accord d'extension. Au regard de cette graduation, l'on remarque que le rythme de création des IPES est important. De plus, pour l'année académique 2008/2009, 17 IPES ont ouvert les portes pour accueillir les nouveaux bacheliers. En 2007, les IPES ont attiré 16.391 étudiants dans les filières professionnelles, soit 12% de la population universitaire, et ce chiffre a pratiquement doublé par rapport à l'année académique 2004/2005, où 8862 bacheliers se sont inscrits dans des IPES. Les filières Commerce, Droit et Sciences Sociales regorgent un total de 10748 étudiants, soit exactement deux tiers des

13 Annuaire statistique de l'Enseignement supérieur au Cameroun, 2008.

14 Communiqué du 03 octobre 2008.

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effectifs totaux en 2008. Toujours pour le compte de l'année 2008, le taux de défection était de 0.18% tandis que le taux de réussite était de 51% notamment au BTS.

Les IPES s'investissent de plus en plus dans des formations longues, consacrées par des Licences professionnelles et des Masters, voire des Doctorats, généralement en partenariat avec des universités occidentales. Cette trajectoire démontre de fort belle manière que les IPES conjuguent désormais deux types de savoirs : le savoir savant ou le savoir théorique, et le savoir-faire ou le savoir pratique, et deux types de formations : les formations professionnelles et les formations diplomantes. De ce point de vue, le système Licence Master Doctorat (LMD) trouve plus un terrain fertile dans les IPES que dans les établissements publics d'Enseignement Supérieur.

A l'exposé de cette littérature, nous avons une tendance dominante qui est celle de l'efficacité de l'enseignement supérieur privé par rapport à l'enseignement supérieur public. Ainsi, au-delà des propriétés contextuelles et sous le prisme des données conceptuelles, ce travail de recherche consiste donc à déceler les causes, les raisons qui non seulement poussent à penser mais également à démontrer que l'enseignement supérieur public est moins efficace que l'enseignement supérieur privé, en faisant une réelle sociologie des deux secteurs d'enseignement recensés dans notre délimitation spatiale en prenant pour cadre de référence, la communication, la motivation, l'encadrement et la performance des parties prenantes, ainsi que l'insertion professionnelle et l'admission des étudiants des deux institutions universitaires au sein des universités étrangères.

2- formulation de la problématique

En nous accordant avec Gaston Bachelard lorsqu'il affirme que « la science réalise toujours ses objets sans jamais les trouver tout faits... elle ne correspond pas à un monde à décrire, elle correspond à un monde à construire... le fait est conquis, construit, constaté »15, nous constatons de fort belle manière et avec Northrop que, la science ne commence pas avec des faits et des hypothèses, mais avec un problème spécifique.

De ces postulats, il importe de noter que l'éducation dans son ensemble et de manière générale se lit toujours en termes de performance ou encore d'efficacité. Dans de nombreux pays, l'éducation est, ou a été la base du développement, c'est la raison pour laquelle

15 Gaston Bachelard, cité par Madeleine Grawitz in Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 8e édition 1990, p. 422.

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l'éducation aujourd'hui ou du moins son accès constitue un droit fondamental. Garantir la performance ou l'efficacité d'un système éducatif, passe par la mise sur pied non seulement d'une politique sui generis, mais également des institutions fortes et capables d'assurer l'efficacité de celui-ci. Le système éducatif camerounais notamment le secteur de l'enseignement supérieur se trouve davantage confronté à cette problématique d'efficacité. Les Universités Publiques ou d'Etat en l'occurrence, n'ont pas une crédibilité substantielle pour ainsi à elles seules garantir dans son ensemble l'efficacité du système camerounais d'enseignement supérieur. Ces Universités d'Etat se voient talonnées par des IPES, qui de plus en plus tendent à leur ravir la vedette ou à les supplanter car, ceux-ci semblent être plus efficaces et plus aptes à hisser le système camerounais d'enseignement supérieur au pinacle de l'efficacité.

Au regard de ces considérations d'ordre général et, en partant du constat selon lequel les étudiants scolarisés dans les IPES réussissent plus et mieux que les étudiants scolarisés dans les Universités d'Etat, une multitude d'interrogations peuvent alors être formulées. Qu'est ce qui justifie le nivellement des performances entre les étudiants de l'Université de Yaoundé II et ceux de l'Institut Catholique de Yaoundé ?

Comment le management de la motivation au sein des deux institutions universitaires peut-il avoir un impact sur l'efficacité de l'organisation ? Dans quelles mesures le suivi et l'encadrement des étudiants dans les deux institutions impactent sur la réussite de ceux-ci ? Comment les mécanismes interpersonnels de communication au sein des deux institutions conditionnent l'efficacité et la performance des parties prenantes ? Enfin, quelle appréciation pouvons-nous donner de l'admission des étudiants des deux institutions dans les universités étrangères et de leur insertion dans le monde de l'emploi ?

La série de questions constituant ainsi notre problématique pour la réalisation de ce travail de recherche, permet de mettre en exergue l'emprise que peut avoir une organisation sur la performance de ses parties prenantes et sur tout un système dans son ensemble. La tendance la plus générale est que, les Institutions Privées d'Enseignement Supérieur emboitent de plus en plus le pas aux Universités d'Etat.

Ainsi, l'exploration, des méandres de cette montée en puissance des IPES constitue le socle de cette problématique. La compréhension de l'univers organisationnel aussi bien de l'Institut Catholique de Yaoundé que de l'Université de Yaoundé II relativement à la

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Efficacité comparée de l'enseignement supérieur au Cameroun à l'heure du LMD : cas de
l'Institut Catholique de Yaoundé et de l'Université de Yaoundé II

performance des étudiants et à l'efficacité du système camerounais d'enseignement supérieur constitue un point d'ancrage important pour la satisfaction de ces préoccupations dans la mesure où en science, toute connaissance est une réponse à une question, car rien ne va de soi, rien n'est donné, mais tout est construit.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams