Partie 2
Les associations des migrants du Grand Lyon, la
politique d'intégration et la politique de la ville.
Analyse des discours et pratiques des responsables
associatifs
Quelles sont les formes et le niveau d'investissement des
associations subsahariennes (d'insertion, communautaires, de solidarité
ou de développement) du Grand Lyon dans le cadre de la mise en oeuvre
des orientations locales du PDI et des CUCS dans les territoires où
elles sont actives ? Quelles actions mènent-elles ou peuvent-elles mener
en la matière ? Quel est le niveau de préoccupation des membres
des organisations associatives africaines quant à l'insertion
multidimensionnelle (emploi, logement, santé, scolarité,
parentalité, participation citoyenne et politique) des migrants dans le
périmètre de notre enquête ? La présente section
tente d'y répondre.
Chapitre 3 : Données générales de
l'enquête de terrain. Profil des associations migrantes subsahariennes du
Grand Lyon p.68
1. Rappel des Termes de référence de
l'enquête auprès des associations de migrants 68
2. Conditions du déroulement de l'enquête et
méthodologie 68
3. Panorama des associations subsahariennes du Rhône et
leur rapport aux activités d'insertion et d'intégration nationale
72
4. Données générales de la vie associative
dans le Rhône 77
5. Panorama des associations d'insertion et d'intégration
dans le Rhône 82
Chapitre 4 : Les associations subsahariennes et
l'insertion. Analyse des discours et des pratiques dans le Grand Lyon p.88
Section 1 : Les migrants subsahariens du Grand Lyon et la
question de l'inclusion sociale. 88
Section 2 : Causes de la non-implication des associations des
migrants dans le champ formel de l'insertion/intégration dans le Grand
Lyon 99
Section 3 : Comment inciter les migrants à se saisir plus
collectivement des dispositifs institutionnels d'intégration et
d'insertion et à se rapprocher des structures publiques et
privées gestionnaires des politiques publiques en lien avec la question
des migrants au niveau
local ? 103
68
Chapitre 3 : Données générales de
l'enquête de terrain. Profil des associations migrantes
subsahariennes du Grand Lyon
1. Rappel des Termes de référence de
l'enquête auprès des associations de migrants
Pour rappel, notre travail d'enquête s'inscrit dans une
démarche d'initiation à l'exercice des études
recherche-action, alliant donc la recherche et la pratique professionnelle sur
le terrain, et relatives aux champs du développement social pour ce qui
concerne notre spécialité propre. Les termes de
référence ayant donc été de mener une courte
investigation auprès d'associations de migrants «
grand-lyonnais » aux fins de comprendre les raisons de la marginale
implication de celles-ci, tous champs d'intervention confondus, dans le
processus d'intégration nationale et spécifiquement d'insertion
socio-économique des immigrés primo-arrivants ou d'ancienne
installation, au-delà bien sûr de la traditionnelle entraide
intracommunautaire souvent notée. L'objectif à atteindre
était donc de fournir des éléments d'explications et un
corpus de solutions par les acteurs associatifs eux-mêmes en termes de
construction d'un ou des cadres et structures efficients et forts qui
permettent de se constituer en interlocuteurs légitimes et
privilégiés dans les partenariats avec les pouvoirs publics et
les acteurs privés ; de construire des « hommes nouveaux »,
soucieux de mobiliser toutes les compétences nécessaires ( y
compris « ethniques » et interculturelles) afin d'accompagner les
migrants aussi bien dans les actions du développement solidaire avec les
régions d'origine que dans le processus d'appropriation des dispositifs
institutionnels existants en matière de politique publique
d'intégration au niveau local et de politique d'insertion pour l'emploi,
le logement , l'accès à la santé, aux droits sociaux
divers, à la parentalité, à l'école, à la
citoyenneté participative, dont nombre de migrants subsahariens sont ou
se sentent exclus pour différents motifs. En clair, les clés de
construction d'une ou des diasporas africaines entreprenantes.
Nous nous sommes cependant entrepris à
stériliser la dimension militante d'une telle démarche pour nous
centrer sur les fondements socio-anthropologiques et politiques des pratiques
associatives, des discours et représentations de leurs membres, du sens
qu'ils donnent aux différentes questions des compétences, de la
force du réseau, de l'intégration/insertion
socio-économique en France, du développement en Afrique, du sens
et la place de soi dans une société multiculturelle (où la
tentation du repli communautaire peut être très puissante) et du
rapport de soi à l'autre : immigrés d'autres sensibilités
ethno-régionalistes et non-immigrés.
2. Conditions du déroulement de l'enquête
et méthodologie
Notre enquête s'est déroulée du 03 au 24
octobre 2012 dans le périmètre du Grand-Lyon. Nous avons
été amenés à rencontrer nos interlocuteurs dans les
communes de Lyon intra muros, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin,
Vénissieux, Bron, Caluire-et-Cuire, Jonage, et Saint-Priest qui
concentrent l'essentiel des associations et la population immigrée de la
Communauté urbaine de Lyon et du Rhône.
2.1. Échantillonnage
Les associations dites de migrants étant nombreuses
dans le périmètre d'enquête, environ 300 et plus
d'après les estimations de l'annuaire des associations dans le
Rhône édité par le Département, nous avons eu
recours tour à tour aux bases de données des associations membres
d'organisations spécialisées et en lien avec la communauté
des migrants du Grand Lyon : COSIM, du RESACOOP, du CADR, mais aussi les
communes via les services de la vie associative dont ceux de Lyon,
Villeurbanne, Bron... Bases de données variées dont nous avons
extrait après un
69
traitement sur le tableur excel un échantillon
suffisamment représentatif des nationalités107 les
plus présentes dans le périmètre de l'enquête par la
démographie, le volume, la taille, l'ancienneté et les
réseaux d'affiliation des organisations associatives africaines actives
dans le Rhône.
En plus du Sénégal donc, population
subsaharienne la plus forte en nombre dans le département (selon une
estimation de la Préfecture), nous avons sélectionné
principalement les collectifs associatifs de Côte d'Ivoire, du
Bénin, du Togo, du Cameroun, du Congo-Brazzaville et du Congo-Kinshasa
(RDC), de République centrafricaine, du Burkina-Faso, des Comores, du
Mali, du Niger, du Ghana, de Madagascar.
2.3. Phase préparatoire de
l'enquête
Une phase intense (plusieurs jours) d'e-mailing et de phoning
aux associations figurant dans les fichiers de ces collectifs a suivi. Nous
avons eu des retours qualitativement très positifs de responsables des
associations les plus en vue opérationnellement, médiatiquement
et « politiquement » dans le microcosme lyonnais. Ceux-ci se sont
prêtés plaisamment et avec un intérêt soutenu au jeu
de nos interviews approfondies (entre 45 minutes et 1heure environ) sur les
thèmes principaux de notre enquête.
2.4. Déroulement de l'enquête
Les rencontres, pour un confort d'échanges, ont pu se
faire en des endroits choisis par les enquêtés eux-mêmes :
leur lieu de travail, les cafés (régulièrement),
restaurants, etc.
Avec l'autorisation des enquêtés, durant
l'ensemble des entrevues, l'entretien a pu être enregistré avec un
enregistreur numérique afin d'exploiter le maximum de données
qualitatives possibles, l'essentiel de notre enquête s'étant
centrée sur la compréhension des motivations, des logiques
d'action ou de non-action, les représentations personnelles et
collectives des uns sur eux-mêmes et sur les autres, sur l'environnement,
les solutions aux problèmes identifiés.
Ce sont donc au total une vingtaine d'entretiens qui ont
été réalisés trois semaines durant à l'aide
d'un guide d'entretien ouvert et semi-ouvert structuré autour de 4
thèmes indiqués plus bas. En plus des associations et des
collectifs d'associations, nous nous sommes entretenus
téléphoniquement avec des acteurs institutionnels en relation
avec le monde associatif au niveau départemental et les politiques
publiques de la ville et de l'intégration des populations
immigrées du département du Rhône.
À tout prendre, ce sont en tout une vingtaine
d'associations que nous avons rencontrées en vis-à-vis
entre le 03 et le 24 octobre 2012108
?? A2P Nord-Sud-Sud (Actions Perspectives-Prospectives
Nord Sud-Sud)
?? ABL (Association des Burkinabé de
Lyon)
?? ABRA (Collectif des associations béninoises de
Rhône-Alpes)
?? AFORMETROP (Association franco-togolaise
spécialisés dans la formation en médecine
tropicale)
107 Celles-ci sont principalement originaires des pays de
l'Afrique francophone et anglophone (Afrique centrale et des grands lacs et
Afrique de l'ouest, y compris le Ghana).
108
Bon à savoir, malgré de multiples relances
téléphoniques , nous n'avons pu, pour des raisons d'agendas
décalés, convenir d'une plage
horaire de rencontre et d'entretien avec les associations CTRA
( Collectif des Togolais de Rhône-Alpes), FOJEP-D ( Forum des Jeunes
entrepreneurs pour le développement - Congo), le CACRA ( Collectif des
associations camerounaises de Rhône-Alpes ), l'Union des Comoriens de
Vénissieux ( UCV), le SOPé ( Union des Sénégalais
du Rhône ), le CODAE ( collectif des Guinéens dans le
Rhône), ANAN-K (Collectif des Associations des Nigériens de
Rhône-Alpes). Mais pas de retour en revanche des associations
ghanéennes nombreuses à Villeurbanne, ni les maliennes, ni les
associations étudiantes dont les cordonnées sont restées
introuvables, notamment l'association des étudiants camerounais de Lyon,
membre du réseau CASA-Net en Suisse pourtant.
70
?? AFRICA50 (Collectif des associations africaines et des
amis de l'Afrique du Grand Lyon)
?? AIPES (Association ivoirienne pour la promotion de
l'éducation et de la santé
?? ALPADEF (France-Sénégal)
?? Association des femmes de Malé
(Comores)
?? Association Unité jeunesse africaine
(France-Togo)
?? CADR (Collectif des associations de
développement et solidarité internationale de
Rhône-Alpes)
?? COSIM (Collectif des organisations de
solidarité issues des migrations)
?? Djan Djé (Association française
intervenant au Mali)
?? Émergences Sud (France-Cameroun)
?? FEDAM (France-Haïti-Bénin)
?? Haut-Nkam Nshu-Shu (Ouest-Cameroun)
?? Mac Mael Agri Togo (Formation agricole et promotion de
l'agriculture et du maraîchage au Togo)
?? MIFERVAL (France)
?? Mutoto Africa (Centrafrique - Congo
Kinshasa)
?? Passerelle NGAM (France - Cameroun)
?? SAAE (Solidarité Akpoussou-Akébou en
Europe, France-Togo)
Nous avons assisté aux séances de travail de
certaines d'entre elles, effectué une revue documentaire large en lien
avec le sujet de l'enquête, et avons recueilli des opinions,
représentations et croyances exprimées à titre officiel ou
officieux (en « on » et en « off ») par les membres actifs,
non-actifs(ou démissionnaires) et responsables associatifs
interviewés. Quelques migrants commerçants, propriétaire
de petites boutiques à Lyon nous ont également accordé
quelques minutes d'entretien non enregistré, discussion à
bâtons rompus.
Nous avons mené parallèlement une dizaine
d'entretiens téléphoniques avec des acteurs
institutionnels en lien avec la vie associative, l'insertion,
l'intégration des immigrés en France :
? L'Espace associatif du Rhône
? L'adjoint-au maire de Villeurbanne en charge de la
démocratie locale et la lutte contre les discriminations
? Le Centre Culturel OEcuménique Jean Lachaize
à Villeurbanne
? Le centre culturel de la vie associative de Villeurbanne
? Le Resacoop
? L'Insee Rhône-Alpes
? Chef de projet PLI à la Mairie de Bron
? Une chargée de mission et formatrice à l'ASSFAM,
délégation du Rhône
? Le service Insertion à la communauté urbaine de
Lyon
Nous avons enfin visité et collecté des
informations utiles sur les Portails internet de :
? La Préfecture de région (Rhône-Alpes)
? La Préfecture à l'égalité des
chances
? Mairies de Villeurbanne, Lyon, Vénissieux (annuaire des
associations)
? La Communauté Urbaine du Grand Lyon (Courly)
? Ministère de l'intérieur, de
l'Intégration, de l'Outre-mer et des collectivités territoriales
(Rubrique DAIC)
? Haut-conseil à l'Intégration
? Insee Rhône-Alpes et Rhône
? Résacoop, CADR, Cosim, Forim, Africa 50, Alpadef,
Sopé, ABL, ABRA, ANAN, Passerelle Ngam, etc.
2.5. Phase de dépouillement
Nous avons alors procédé lors de la phase de
dépouillement à la retranscription de ces entretiens
en faisant ressortir les renseignements les plus significatifs pour la
construction de l'analyse et en effectuant des recoupements afin d'isoler des
constantes dans ces discours et mettre en exergue les variables explicatives.
Le
71
temps court ne nous a pas permis d'effectuer un traitement
statistique approfondi de certaines des données quantifiables que nous
aurions pu articuler aux variables explicatives : âge, sexe,
nationalité, ancienneté de
résidence, statut au sein de l'association,
réseaux d'appartenance, nature des interactions avec
d'autres associations de migrants. Néanmoins, la quantification s'est
faite de manière sommaire par l'application de la loi du grand nombre :
la fréquence et le volume des occurrences ou des réponses
similaires émises par les répondants. En clair, par exemple, pour
comprendre si les positionnements politiques des membres d'une association se
voulant apolitique pouvaient être de nature à fragiliser celle-ci,
nous pouvions dégager des tendances, par l'affirmative ou la
négative, en fonction de la fréquence de l'une ou de l'autre
occurrence, avec bien sûr toutes les précautions
méthodologiques qui sont de rigueur dans un travail de recherche
fondamentale ou une recherche-action.
2.6. Indicateurs de l'enquête de
terrain
Notre enquête ambitionnait de tirer des enseignements
afin d'aider les acteurs migrants subsahariens à mieux s'organiser et
à mieux se structurer afin d'asseoir leur légitimité, leur
crédibilité, et partant, leur visibilité en s'ancrant
davantage dans les politiques publiques et les dispositifs spécifiques
afférents aux migrants, en matière d'intégration nationale
particulièrement et d'insertion sociale corrélativement. Pour
comprendre et agir, nous avons construit 4 thèmes ou items. Ce sont des
variables dépendantes ou à expliquer et qui permettront de
dégager des tendances. Et dans la mesure du traitement de nos
données, nous confronterons ces variables à expliquer aux
facteurs explicatifs : les champs d'action de l'association, la
catégorie socio-professionnelle, l'activité, la situation
familiale, la nationalité, l'âge, le genre, le niveau
d'études et l'ancienneté de résidence en France des
répondants :
1. Discours, représentations et pratiques liés
à l'intégration nationale et/ou l'insertion
socio-économique des migrants à Lyon et ses environs ; L'ancrage
des actions des collectifs 'associatifs de migrants dans les politiques
publiques d'intégration/insertion, les niveaux et modes d'appropriation
des dispositifs institutionnels y relatifs ;
2. Les motivations, les logiques, niveau et modes
d'affiliation des associations aux fédérations et réseaux,
les pratiques d'interactions transculturelles avec les associations autres, les
alliances stratégiques avec différents acteurs et les
bénéfices tirés ;
3. Les discours et pratiques d'identification, mobilisation
et développement des compétences des migrants et non-migrants en
vue d'accompagner les immigrés (tous statuts confondus) dans le double
processus de l'intégration/insertion et le développement
solidaire des régions d'origine ;
4. Les corpus de solutions et les stratégies
esquissés par les acteurs eux-mêmes afin de pallier les
difficultés conjoncturelles, organisationnelles, relationnelles et
opérationnelles auxquelles ils font face ; dans l'optique de renforcer
les capacités techniques, les compétences diverses, les
identités propres, la visibilité auprès des acteurs
privés et institutionnels et les interactions fécondes entre les
associations des migrants subsahariens du Grand Lyon et entre celles-ci et les
associations des non-migrants.
2.7. Au chapitre des difficultés
rencontrées
Les retours de nos contacts par mail et par
téléphone étaient numériquement peu importants pour
une raison principale : les données et cordonnées des
associations contactées n'étaient pas toujours à jour
(numéros de téléphone et e-mails erronés,
changements à la tête de l'exécutif, inactivité de
certaines...). Informations que nous nous sommes cru en devoir de remonter aux
fédérations sus-citées.
De plus, nombreux sont les présidents d'associations
qui n'ont pu se rendre disponibles en raison d'un agenda professionnel et
familial chargé. Ce qui a permis quelques rares fois de conduire un
entretien par téléphone ou via
72
des outils de vidéophonie en ligne tel « skype
», notamment avec des acteurs de deux associations expertes en
déplacement professionnel au Togo.
Cette enquête, commanditée par le Centre ACF se
veut avant tout un outil d'aide à l'analyse des problèmes et
à la décision en termes de recherche et d'administration de
solutions efficientes. Le temps de la recherche sur le terrain étant
trop court en raison des contraintes calendaires académiques qui nous
étaient imposées, nous avons souhaité aller à
l'essentiel : ce que pensent et ce que font et compte faire les acteurs
associatifs pour être acteurs de leur propre développement social
et économique en France et là-bas.
Les résultats de notre enquête, plus qualitatifs
que quantitatifs, seront restitués tour à tour sous forme
d'analyses des discours recueillis et des pratiques observées sous
chacun des 4 thèmes ci-haut indiqués et leurs sous-thèmes
dérivés, le cas échéant.
3. Panorama des associations subsahariennes du
Rhône et leur rapport aux activités d'insertion et
d'intégration nationale
« Connaître le milieu associatif, c'est aussi
et sans doute d'abord savoir ce que ce milieu pense de lui-même, de sa
situation, des conditions de son action, de son évolution...
».
Association « Recherches et solidarités
», dans la Collection « L'opinion des responsables
associatifs. Le baromètre des associations».
À travers ce chapitre, nous tentons de brosser un
tableau général des associations actives dans le
département du Rhône afin de comprendre les formes et l'ampleur
des engagements des unes et des autres dans le double champ qui nous
intéresse : intégration et insertion. Une
arrière-pensée comparatiste guide notre démarche , nous le
confessons, dans l'optique de mieux cerner les raisons du différentiel
qui existe entre associations des migrants subsahariens et les autres quant
à leurs implications respectives dans l'accompagnement des publics
migrants rencontrant des difficultés particulières. Aussi, nous
parait-il essentiel avant tout de faire un inventaire rapide des domaines
d'actions des associations migrantes et non migrantes en relation avec les
politiques de l'inclusion sociale.
3.1. Les champs de l'intégration et de l'insertion
en France
Il s'est agi au moment de la phase préparatoire de
notre enquête d'identifier les différents domaines d'action des
associations ayant pour coeur de métier l'intégration ou
l'insertion. Comme nous allons le voir, ces domaines s'imbriquent, se recoupent
par la nature des problématiques sociales qui en émergent, par la
nature des publics cibles et des acteurs institutionnels sous la supervision
desquels sont déployées les mesures de résorption. C'est
bien là la preuve de la proximité des politiques publiques
d'intégration et d'insertion comme nous l'avons déjà vu,
même si les publics prioritaires ne sont pas nécessairement les
mêmes par définition, les unes portant sur un public
spécifique : les immigrés et l'autre sur l'ensemble de la
population, mais dont une frange importante est d'origine
immigrée109, nous l'avons souligné plus haut.
109
« le récent rapport de l'observatoire national
des zones urbaines sensibles (ONZUS), met ainsi en évidence que sur les
4,4 millions de
personnes résidant en zone urbaine sensible 52,6%
sont immigrées ou descendantes d'immigrés et 64% pour la seule
région parisienne, que leur situation socio-économique est
sensiblement plus difficile que celle du reste de la population, notamment en
étant plus exposées au chômage, en occupant plus souvent
des emplois moins qualifiés et en touchant des salaires moins
élevés. Conformément à l'analyse du Haut Conseil
dans son avis remis au Premier ministre le 12 avril 2011, l'ONZUS estime que
ces constats « invitent à croiser les politiques
d'intégration individuelle et familiale avec les actions territoriales
de la politique de la ville. Au niveau associatif, ce «
croisement » existe déjà puisque dans les zones prioritaires
de la politique de la ville, une partie des actions subventionnées par
ces deux politiques s'avèrent similaires (soutien à la
parentalité, accompagnement vers l'emploi, vers l'éducation, vers
la santé, vers la culture) et ne se différencient
réellement que par le public accueilli (toute population de la zone
urbaine sensible (ZUS) ou population immigrée). Or cette distinction
demeure très théorique pour les associations qui
73
3.1.1. Champs de
l'intégration
Les domaines d'intervention découlent des orientations
et objectifs opérationnels du PRIPI et du PDI Rhône. Les actions
déployées dans ces directions pouvant bénéficier de
subventions :
? du programme 104 de la politique de l'Intégration
(OFII et DAIC notamment) et ? du Fonds Européen pour
l'Intégration(FEI) entre autres sources de financement.
Les champs d'intervention concernés sont :
?? soutien et accompagnement des parcours d'apprentissage de la
langue française,
?? connaissance et promotion des valeurs de la
société d'accueil,
?? intégration professionnelle et promotion de la
diversité,
?? intégration des femmes immigrées,
?? accompagnement des familles immigrées,
?? accompagnement des personnes âgées
immigrées,
?? valorisation de la mémoire et de l'histoire de
l'immigration,
?? l'accès aux droits,
?? la prévention des discriminations,
?? la mixité dans l'habitat,
?? les projets culturels,
?? l'accès à la santé...
Les financements vont globalement vers les associations ayant
une présence territoriale la plus étendue possible, un
savoir-faire reconnu et un réseau d'expertises important.
La politique d'intégration territorialisée est
mise en oeuvre au travers des PRIPI, pilotée par la Direction
Régionale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale
(DRJSCS) en ce qui concerne la région Rhône-Alpes tandis que le
PDI est élaboré et mis en oeuvre sous la direction du
Préfet à l'égalité des chances associé
également au pilotage de la politique de la ville.
3.1.2. Champs de l'insertion
Ils relèvent principalement de la politique de la ville
du Rhône dans sa dimension « insertion ». Les actions qui s'y
déploient peuvent bénéficier de multiples subventions dont
:
? Le programme 147 de la politique de la ville dans son volet
insertion par l'emploi et le logement,
médiation sociale et la lutte contre les discriminations
notamment via l'ACSE ;
? Le programme 137 de la politique de l'« Egalite
entre les hommes te les femmes » placée sous l'autorité
du Directeur général de la Cohésion sociale ;
? Le programme 177 de la politique de la «
prévention de l'exclusion et insertion des personnes
vulnérables». ? puis les communes, le département et
obtiennent alors des subventions des programmes 104 et 147
pour des actions comparables. », Haut-Conseil
à l'Intégration, Rapport 2012 « Investir dans
les associations pour réussir l'intégration »,
op.cit.
74
? le Fonds Social Européen
(FSE) au travers de divers programmes dont le programme EQUAL.
Notons que le FSE est le levier financier de l'Union européenne pour la
promotion de l'emploi110.
En voici quelques-uns de ces secteurs d'intervention :
- Retour à l'Emploi, insertion
socio-professionnelle : services d'aide ou d'insertion par le travail
et
l'économique, entreprises d'insertion notamment ;
- Formation professionnelle, activités
socio-éducatives ;
- Logement et cadre de vie
- Aides aux jeunes (fonds d'aides aux structures
menant des actions dans les domaines du logement,
hébergement d'urgence, mobilité ...puis aides
financières ponctuelles aux jeunes de subsistance, transports,
hébergement, formation...)
- Prévention spécialisée
(personnes âgées, protection infantile et maternelle,
intégration sociale, personnes handicapées
- Défense des droits et intérêts
et égalité des chances : médiation, droits
civiques, assistances et conseils juridiques...
Dans les Zones Urbaines Sensibles(ZUS), les politiques
d'insertion et d'intégration souvent se croisent de même que les
actions subventionnées sont souvent similaires et ne se
différencient que par le public accueilli : Immigrés ou
population diversifiée de la ZUS. Les associations locales y sont
très présentes étant donné l'importance de la
demande sociale qui émane de ces zones de forte
précarité.
3.1.2.1. Brève présentation de l'ACSE
L'Agence Nationale pour la Cohésion sociale et
l'Egalite des Chances, (ex-FASILD) est l'opérateur central de la
politique d'insertion territorialisée pour le compte du ministère
de la Ville. Placée sous la responsabilité du Préfet
à l'égalité des Chances dans chaque département,
elle est chargée de la conduite et du financement des actions
menées en faveur de la cohésion sociale et de
l'égalité des chances, dans le cadre de la politique de la ville,
ainsi que des actions pour la prévention de la délinquance et des
discriminations. Elle finance et conçoit des programmes qui
répondent aux besoins concrets et améliorer la vie des habitants
des quartiers dits prioritaires de la politique de la ville (en raison de la
multiplicité des difficultés socio-économiques,
professionnelles et culturelles que cette catégorie de population
cumulent). Ce sont donc environ 30 000 actions locales que finance et
accompagne dans leur mise en oeuvre l'ACSE avec l'appui des
collectivités locales, établissements publics, associations,
entreprises et habitants.
Artisan du « mieux vivre ensemble », l'ACSE a
financé depuis le début de l'année 2012 environ 29500
actions sur l'ensemble du territoire national en faveur des habitants de ces
quartiers pour un budget global de 392 millions d'euros. Ce sont 497 Contrats
Urbains de Cohésion Sociale (CUCS) qui ont été
appuyés et 10.900 opérateurs locaux employés.
3.1.2.2. Champs d'actions financés par l'ACSE
110
Portail web du FSE : « Le FSE soutient
les projets des organismes publics ou privés visant les priorités
suivantes :adapter les travailleurs
et les entreprises aux évolutions
économiques ; - favoriser le retour et le maintien dans l'emploi ; -
intégrer les personnes défavorisées et lutter contre les
discriminations dans l'emploi ; - améliorer le système
d'éducation et de formation ; - promouvoir les partenariats et renforcer
la capacité des services publics, des partenaires sociaux et des ONG en
matière d'accès au marché du travail. Le FSE n'accorde pas
d'aide directement aux personnes individuelles (les fonds sont versés
aux organismes de formation, collectivités locales, associations)
».
75
La politique de promotion de la cohésion sociale sur le
terrain recouvre des champs spécifiques qui font l'objet de subventions
tant de l'ACSE, des partenaires communaux que des institutions
européennes via le Fonds Social Européen.
Ces champs ce sont :
- La cohésion sociale et territoriale à
travers :
o L'animation des Ateliers Santé Ville (267 en
2011),
o Le financement de 4231 postes
d'adultes-relais111 (accompagnement et formation) pour la
médiation sociale (l'accès des publics
jeunes, âgés et des femmes aux droits, faciliter
l'accessibilité géographique aux services publics,
amélioration de la qualité de l'accueil et de l'information) et
780 postes pour les animateurs associatifs,
o Le soutien financier à la production de 130 oeuvres
audiovisuelles pour promouvoir la diversité en 2011 à travers le
programme « Images de la diversité » ;
- L'insertion par l'emploi et
l'économique
o En 2011, soutien à la création de 6000
entreprises dans les quartiers prioritaires,
o L'accompagnement de 11.000 stagiaires vers les Écoles
de la Deuxième Chance (E2C) ;
- La prévention des
discriminations
o La mise en place de 66 plans territoriaux de lutte contre
les discriminations dont 52 dans le domaine de l'emploi, 13 pour le logement,
12 pour l'éducation et 10 pour la santé. À noter que 31
plans supplémentaires ont été mis en oeuvre pour
l'année 2012 ;
o La sensibilisation de 2100 acteurs locaux aux
discriminations ;
- La citoyenneté et la prévention de
la délinquance
o La prise en charge de 640.000 adolescents et
pré-adolescents par l'opération Ville Vie Vacances dans
94 départements ;
o Le soutien financier de 4437 projets pour lutter contre la
délinquance,
o Le partenariat avec environ 7500 associations actives sur
le terrain,
o En tout 62 millions d'euros mobilisés pour ce
pôle d'activités en 2011;
- L'Éducation
o Le programme Réussite éducative qui a
bénéficié à 700.000 enfants et
o le financement en 2011 de 3600 places en internat
d'excellence pour les jeunes des quartiers prioritaires,
o 312 Cordées de la réussite qui ont
permis à 47 000 lycéens d'accéder aux filières
d'excellence et aux grandes écoles de la fonction publique ;
- la Santé et l'accès aux
soins
o L'ACSE a déboursé en 2011 environ 14,7 millions
d'euros pour la santé et l'offre de soins
o Les Ateliers de Santé Ville sont financés
à 51 % par l'ACSE ;
- l'Accès à la
culture
o Accès aux équipements culturels, au
patrimoine, manifestations culturelles (expositions, spectacles, art
vivant), avec un encadrement et des parcours adaptés ;
o La valorisation du potentiel créateur de chacun la
valorisation du potentiel créateur de chacun ;
o Développement de toutes les formes de pratiques
artistiques : musique, danse, écriture, vidéo... (Ateliers
`'Passeurs d'images») ;
111
Les adultes-relais sont âgés de plus de 30 ans,
sans emploi (ou bénéficiant d'un contrat d'apprentissage ou d'un
contrat d'avenir) et
résidents d'un quartier prioritaire. Les employeurs sont
généralement des associations ou des collectivités
locales.
o
76
L'ACSE soutient aussi les expositions et festivals qui rendent
visibles les créations artistiques des résidents des quartiers de
la politique de la ville et mettent en valeur la diversité culturelle
;
o Le programme « Médias et Diversité
» permet à l'Acsé de soutenir des radios de
proximité qui valorisent l'apport culturel et citoyen des habitants des
quartiers populaires, ainsi que des sites Internet d'information locale
permettant la participation des habitants ;
- l'Habitat et cadre de vie
o Promouvoir l'accès au logement en luttant contre toutes
les formes de discriminations
o Améliorer le cadre de vie des habitants des quartiers
à l'occasion des projets de rénovation urbaine.
3.2. Quelques associations bénéficiaires
en 2011 des subventions du Fonds Sociale Européen dans le Grand
Lyon
De nombreux acteurs associatifs interviennent dans le champ
de l'insertion dans le Grand Lyon et plus spécifiquement dans les
domaines de l'inclusion sociale, la créativité d'activités
et l'emploi, la formation , l'innovation et nouvelles technologies de
l'information et la communication(TIC), le tourisme, la culture, les transports
et l'énergie.
3.2.1. Champ de l'Inclusion sociale
À titre d'exemple, pour l'année 2010-2011 :
Commune de BRON
Association Réussir l'Insertion à Bron
(RIB)
- Accompagnement et tutorat des emplois aides de la ville de
Bron (16.500€ pour un coût global de
23.500€),
- Expérimentation d'un service d'accompagnement
innovant « Mobi seniors », contre l'isolement
des personnes âgées et pour l'insertion professionnelle des
publics en difficulté à Bron (17.250€ sur 23.000€),
- Intégration et suivi dans l'emploi 2012 (40.050 sur
90.000€),
- Accompagnement renforcé personnalisé
(120.600€ sur 230.400€),
Association POLE PIK
- Défilé Biennale de la danse 2010 (5000€ sur
5005,12€), etc.
CEFI
- Accompagnement renforcé et suivi de parcours 2012
(60.520€ sur 126.700€)
Commune de VAULX-EN-VELIN
PRESTAL (Entreprise d'Insertion)
- Préparation à la mise à l'emploi de droit
commun (10.000€ sur 10.730€)
Commune de VENISSIEUX
Régie de Quartier Armstrong
77
- ACI Jardinier dans la ville (14.000€ sur 14.000€)
F.C.2.E. Formation (Former et Construire autour de
l'emploi et l'entreprise)
- Référent de parcours pour le Plan Local pour
l'Insertion et l'Emploi (PLIE SOL) (12.474€ sur 12640€)
Commune de SAINT-PRIEST
Association San Priote pour l'Insertion et l'Emploi
(ASPIE)
- Placement à l'emploi (18.652 € sur 81.600)
Arrondissement de LYON 7e
ECIDEC112
- création d'une offre de
formation en Rhône-Alpes sur les enjeux de la microfinance et de la
finance solidaire à destination des étudiants et des
professionnels (15.750 € sur 21.000€)
Arrondissement de LYON 3e
UFCS/FR (Union Féminine Civique et Sociale
- Formation Insertion)
- 2012 Atelier linguistique
intégrant un atelier d'autoévaluation (15.000€ sur
15.007€)
URHAJ (Union Régionale pour l'Habitat des
Jeunes Rhône-Alpes)
- Facilité la
mobilité permettre la réussite du permis de conduire (25.000 sur
43.182€)
3.2.2. Champ de la Création
d'activités
Association Planet ADAM
Cré'Acteurs
- Entreprendre en banlieue - Programme de détection et
d'accompagnement à la micro-entreprise dans les
ZUS de Vénissieux (2010) (30.184€ sur
102.584€)
VIVEA
- Actions de développement de l'emploi et des
compétences des agriculteurs (2012-2013) (463.868 € sur
1.030.817 €) ;
Association Pépinière CAP
NORD
- aide au démarrage de la pépinière
d'entreprises Cap Nord (12.605€ sur 120.035€)
4. Données générales de la vie
associative dans le Rhône
La préfecture du Rhône estime à environ
60.000113 le nombre d'associations officiellement
déclarées dont environ 35.000 seulement sont réellement
actives114. Parce que les instances en charge de la vie associative
n'ont pas
112
Ecidec, association de microcrédit,
intervient en appui aux institutions de microfinance au Bénin et au
Sénégal pour favoriser l'insertion sociale et
économique.
113
Pour rappel, le monde associatif en France c'est à peu
près 1,3 million d'associations ; 21,6 millions de membres de plus de 14
ans. 84% des associations fonctionnent sans salariés, 120.000 emploient
1,6 millions de salariés à temps plein ou partiel, soit 1 million
à temps plein
78
toujours une visibilité claire sur les dynamiques
d'actions des associations dans le périmètre rhodanien et afin de
« développer une meilleure connaissance des associations par le
grand public et favoriser le rapprochement des responsables associatifs avec
les partenaires institutionnels »115, le
Département a mis en place un annuaire qui recense, sur la base de la
volonté des celles qui souhaitaient y figurer , environ 9638
associations (d'après les dernières estimations du
Conseil général du Rhône) dont les associations migrantes
réparties dans divers secteurs : action sanitaire et sociale, culture et
socio-culturelle, défense des droits et intérêts,
éducation et recherche, loisirs et animation sociale, relations
internationales, emploi et économie, sports.
4.1. Quelques chiffres qui illustrent le dynamisme de la
vie associative dans le Rhône
- 2052, c'est le nombre des associations créées
dans le Rhône entre 2010 et 2011, un rythme de création
soutenu selon les Services du Journal Officiel qui livre des
données. En gros, sur une période de 10 ans, entre 2001 et 2011
donc, le département du Rhône s'illustre avec en moyenne 12
associations pour 1000 habitants, un ratio qui le place un peu plus au-dessus
de la moyenne régionale (11,1 pour 1000) et nationale (10 pour 1000).
- Dans le Rhône, on déclare plus les nouvelles
associations à la préfecture de Lyon (près de 9
créations
d'associations sur 10) qu'à la sous-préfecture de
Villefranche.
- Sur les 4 dernières années, 27,9 % des
inscriptions se sont situées sous le thème « Culture »
dans le
département, 23,1 % dans la région et 22,6% en
moyenne nationale. Ensuite viennent les Sports (11,7%), les Loisirs (9,3%), le
Social (7,9%), l'Éducation-Formation (5,8%), la Santé (4,5%) et
l'Économie (4,4%).
- En 2010, 5200 associations sont employeurs (dont 2000 sont
spécifiquement lyonnaises soit 40%) contre
5100 l'année d'avant. Celles employant 1 à 2
salariées représentent 51 % de cet effectif, soit 2641
associations. 761 emploient 3 à 5 salariés (14%), 555 en
emploient entre 10-19 (11%) et 465 entre 20 et 49 salariés (9% du total
des associations employeurs).
- 13.000 c'est le nombre de nouveaux emplois créés
par les associations entre 2000 et 2010, et qui
correspondent aux nouvelles créations de postes
(salariés à temps complet ou partiel, une croissance soutenue de
25 %, plus rapide que dans l'emploi du secteur privé et à peu
près au même niveau que la moyenne nationale, malgré un
léger fléchissement au 4e trimestre 2010 au plan
régional. Ce qui fait dire à l'association Recherches
et Solidarités qui a réalisé le panorama
dont sont tirées ces statistiques que : « Avec plus de 63.700
emplois et plus de 1,25 milliard d'euros de salaires distribués en 2010,
le secteur représente un enjeu économique important pour le
département. Ces emplois, fortement ancrés au territoire, sont
précieux car ils apportent du lien social, et ne peuvent
généralement pas se délocaliser
»116.
- 1525 associations en 2010 ont eu recours au Chèque
Emploi Associatif(CEA) pour environ 4794 salariés. Le
CEA est un dispositif institué en 2004 qui vise
à simplifier et faciliter l'embauche et les formalités des
employeurs du secteur associatif et spécifiquement pour les associations
employant des salariés correspondant à 9 équivalents temps
plein. Sur une année.
dont 380.000 dans le secteur social et celui de la santé,
167.000 dans le secteur éducatif. 7 emplois sur 10 sont occupés
par les femmes. En
France, les associations sont régies par une loi
spécifique, la Loi du 1er juillet 1901 qui instaure 4 statuts
d'associations : l'association de fait ou non déclarée,
l'association déclarée, l'association agréée,
l'association reconnue d'utilité publique.
114
Nous tenons ces chiffres du responsable de l'espace de la vie
associative dans le Rhône avec qui nous nous sommes entretenus
téléphoniquement.
115
Extrait de l'annuaire des associations du Rhône. Propos
introductif de l'élu en charge de la vie associative dans le
département du
Rhône.
116
Recherches et Solidarités, « Panorama de la vie
associative du Rhône », Février 2012
Tableau 13. Aperçu de l'activité
salariée des associations dans le Rhône
Répartition des salariés des associations
par secteur (%)
Employeurs associatifs et effectif des salariés
par secteur
Masse salariale et salaire moyen annuel par
secteur
79
80
- Au plan national, 45% des Français
adhèrent à une association dont 6 millions sont
bénévoles sur un mode hebdomadaire. 80% expriment des
attentes fortes vis-à-vis des associations autant par les services
qu'elles proposent, le soutien qu'elles portent et le lien social qu'elles
créent
- En plus du besoin d'être utile, solidaire de son
prochain et jouer un rôle actif de citoyen, les
bénévoles s'engagent aujourd'hui portés par des
motivations professionnelles (acquisition et
développement des compétences, construction d'un projet
professionnel, recherche de l'efficacité, besoins de conseils,
d'accompagnement, de formation, accès aux nouvelles
responsabilités, travail en équipe) et personnelles
(épanouissement personnel)
- de nouvelles formes d'engagement
bénévole émergent : mobilisation pour une mission
précise et pour faire valoir un savoir-faire précis, la
participation et le travail à distance « médié »
technologiquement (la force des nouvelles technologies de communication), un
mode d'engagement qui peut par conséquent pallier le manque de
disponibilité des bénévoles qui sont souvent
absorbés par leurs charges professionnelles (puisque dans la tranche de
l 'âge actif : 25-55 ans) et familiales et régler l'épineux
problème des ressources humaines disponibles sur les sites physiques des
activités associatives.
4.2. Contexte économique difficile et contraintes
budgétaires, techniques et humaines
- les associations en 2012 sont cependant globalement
confrontées à un ensemble de nouveaux défis
qui vont de manière variable affecter le niveau d'engagement
des adhérents : déterminés et persévérants,
révoltés ou définitivement résignés donc
démobilisés. Ces défis tiennent tout d'abord à la
pertinence et la cohérence du projet associatif dans un contexte de
crise où les attentes des populations de naissance ou immigrées
sont de plus en plus fortes et la qualité des prestations fournies par
les associations dans le cadre de leur partenariat avec les instances
administratives et l'État de plus en plus exigé. Les associations
doivent donc pouvoir adapter leurs objets, statuts et fonctionnement au
contexte socio-économique, à l'environnement institutionnel et la
complexification des procédures des marchés publics, de
même qu'à l'environnement technique et technologique compte tenu
de la volonté pour les services centraux et déconcentré de
l'État d'aller un peu plus loin dans la démarche de la
dématérialisation (procédures administratives via le web
principalement qui nécessitent la maîtrise des TIC).
4.2.1. Le financement public des associations en forte
baisse
Le développement des marchés publics
consécutif au besoin de l'État de sous-traiter un
certain nombre de ses missions aux partenaires de la société
civile a un impact important sur le monde associatif. Les associations sont de
plus en plus soumises en la matière aux mêmes codes, règles
juridiques, techniques, sécuritaires et de qualité qui
s'imposaient jusqu'ici aux seules entreprises du secteur
concurrentiel(privé). Le savoir-faire technique et la polyvalence des
intervenants, salariés ou bénévoles, sont aujourd'hui une
exigence et une nécessité compte tenu de ce contexte
concurrentiel. Le niveau d'exigence a donc considérablement crû et
accentue la tendance à la professionnalisation pour qui la salarisation,
la rémunération des prestations n'est plus nécessairement
un tabou. Conséquence : les petites associations locales, très
utiles à la politique d'intégration par exemple, ne sont plus
financées car certaines ne remplissent pas les critères de
qualité requis, d'autres en revanche n'ont pas les moyens techniques,
rédactionnels, financiers (sources de financement internes) pour
répondre aux appels d'offres et à projets de l'État ou de
l'Union Européenne. Et puis beaucoup ne sont pas assez visibles( car
très atomisés ou communiquant fort peu ) pour être
identifiés comme partenaires suffisamment compétents pour obtenir
un financement.
En 2010 par exemple, l'État français a
alloué un budget total de 249 Millions d'€ à la politique
d'intégration dont 158 millions destinés à l'OFII. Environ
101 millions ont été affectés au financement des
associations, soit pas subventionnement direct, soit par appels à
projets ou par l'obtention des marchés publics. Mais seules 1300
associations identifiées comme partenaires de l'État aujourd'hui
bénéficient cette manne en ce qui concerne la politique
d'intégration. Les financements associatifs enregistrent certes une
forte baisse mais les enveloppes allouées sont plus importantes
qu'auparavant, passant de 30.000 € en moyenne par association en 2000
à 77.000 €
81
en 2010. Il y a évidemment de fortes disparités
dans cette moyenne suivant la taille, les moyens de l'association, son assise
territoriale, ses réseaux partenaires, etc.
4.2.2. Typologie des financements publics des
associations
Les financements de la politique de
l'intégration sont de deux types, selon les
échelons administratifs des activités associatives. Dans le cadre
des marchés publics étendus ou des appels à projets
majeurs, ils émanent d'un trio institutionnel : la Direction de
l'Accueil, de l'Intégration et la Citoyenneté (DAIC), le Fonds
européen d'Intégration et l'OFII ; et sont majoritairement
dirigés vers les associations régionales, fédérales
ou nationales.
Les actions d'intégration et d'insertion très
localisées, au niveau départemental ou communal par exemple, sont
financées entre autres bailleurs fonds et dans le cadre de la
politique de la ville par la Direction Départementale de
la Cohésion Sociale (DDCS) et certains services préfectoraux de
l'immigration (en ce qui concerne le PRIPI), avec un volume moyen d'enveloppe
de 14.789 €, selon l'estimation du HCI dans son rapport
sus-mentionné.
À contrario des contraintes budgétaires de la
politique d'intégration qui réduit drastiquement le nombre de
bénéficiaires des financements, la politique de la ville au
niveau national finance et accompagne environ 9.000 associations. Les
opérateurs principaux de cette politique au niveau des territoires en
région étant l'Agence nationale pour la Cohésion Sociale
et l'Egalite des Chances (ACSE) et le Secrétariat général
du Comité Interministériel des Villes (SG-CIV). Pour simplifier,
la politique d'intégration, plus générale, s'appuie sur
des associations nationales ou fédérales, alors que la politique
de la ville territorialisée s'appuie sur les associations locales.
4.2.3. Exemples de cofinancement s publics de 3 associations
d'accompagnement des migrants en France.
Signalons qu'un grand nombre d'associations obtiennent des
financements multiples autant dans le cadre de la politique de la vielle que la
politique d'intégration. C'est le cas de :
4.2.3.1. L'Association pour l'Enseignement et la Formation
des Travailleurs Immigrés (AEFTI)
L'AFTI a reçu pour la seule année 2011
un cofinancement du Fond Européen d'Intégration d'un
montant avoisinant les 100.000 € via la DAIC pour des actions
suivantes budgétées à hauteur de 180.000€
environ. Soit un cofinancement du FEI à plus de 55% du
coût total. Dans le détail cela donne:
? Ateliers sociolinguistiques
- antenne départemental du 71 - 37.000 € sur un
montant global de de 88.000€
- antenne départemental de Paris - 13.724 € sur un
montant total de 27.449€
? Formation linguistique des migrants
âgés
- Antenne départemental du 71 - 18.750 € sur un
montant global de 25.000 €
- Antenne départementale du Nord Picardie - 29.000 €
sur un montant global de 38.831 €
4.2.3.2. L'Association Service Social Familial Migrants
(ASSFAM)
L'ASSFAM, association nationale spécialisée dans
l'accompagnement des migrants en France depuis plus de 40 ans apparait deux
fois sur la liste des bénéficiaires du FEI en 2011 117 :
? Financement d'un poste d'Agent de
Développement Local pour l'Insertion (ADLI) -
Cofinancement FEI de 24.790 sur un montant total de 49.740
? Ateliers sociolinguistiques
117
http://www.interieur.gouv.fr/Le-secretariat-general-a-l-immigration-et-a-l-integration-SGII/Fonds-europeens/Le-Fonds-europeen-d-integration-FEI/Les-beneficiaires-du-Fonds-europeen-d-integration-FEI
82
- Cofinancement FEI de 243.325 € sur montant global de
528.325 €. 4.2.3.3. L'Association de solidarité avec les
travailleurs immigrés (ASTI 93)
L'ASTI 93 actif dans le département de la
Seine-Saint-Denis intervient dans le champ de la formation linguistique
à visée d'insertion professionnelle en direction des femmes
immigrées inactives ( femmes au foyer) et en recherche active d'emploi,
souvent confinées à l'isolement en raison des difficultés
de langue. L'association francilienne a obtenu régulièrement dans
le cadre de ses activités :
? un soutien financier du Fonds social européen (FSE) via
le CRAJEP (Coordination régionale des
associations de jeunesse et d'éducation
populaire)118, 23.000 pour les ateliers de formation
sociolinguistique entre 2006 et 2007 par exemple au bénéfice des
femmes immigrées résidant dans le quartier du Haut-Clichy
à Clichy-sous-Bois(92)119 ;
? un cofinancement du FEI en 2011 de l'ordre de 14.628 €
sur un montant global de 29.256 € pour l'animation des ateliers
sociolinguistiques.
4.2.4. La disponibilité des ressources humaines,
premier souci des responsables associatifs
Aux impondérables liés aux finances internes,
véritables zones d'incertitude que doivent prendre en compte et
gérer les associations aujourd'hui, s'ajoute la situation
socio-économique personnelle des bénévoles. La situation
tendue du marché de l'emploi, les difficultés financières
auxquelles sont confrontées certains bénévoles et
adhérents (majoritairement de condition modeste en ce qui concerne les
migrants subsahariens du Grand Lyon) tendent à les démobiliser.
Aussi, les responsables associatifs doivent-ils trouver des ressources
motivationnelles importantes et efficaces pour en recruter, remotiver et
fidéliser. Or, le recours par exemple à l'engagement à
distance (internet, téléphone, etc.) au sein de la
communauté associative subsaharienne pour maintenir malgré tout
une par une participation réelle des membres physiquement absents aux
activités de l'association n'est pas chose courante.
Au total, ces défis multiples sont en effet de nature
à susciter l'inquiétude dans l'exécutif d'une association
qu'au niveau du moral des simples membres, si l'on ajoute à cela la
réduction du nombre d'associations partenaires de l'État qui
bénéficiaient jusqu'ici des subventions publiques locales,
nationales et européennes.
Les associations subsahariennes du Grand Lyon ne font pas
l'économie de ces évolutions multiples. Aussi, serait-il
intéressant de voir comment elles s'adaptent à toutes ces
contraintes, les réponses qu'elles apportent aux attentes fortes des
Français concernant tant la question de l'insertion des publics en
difficulté que l'intégration accomplie des populations
immigrées nouvelles ou des générations
antérieures.
5. Panorama des associations d'insertion et
d'intégration dans le Rhône
5.1. Typologies des opérateurs des
activités liées à l'Insertion socioprofessionnelle dans le
Grand Lyon
Les associations actives dans le secteur de l'insertion dans
le Rhône sont nombreuses. Dans la seule ville de Lyon, au vu des
données disponibles sur le portail internet du Conseil
général, nous avons identifié plus de deux cents
structures d'insertion par l'emploi et la formation réparties entre :
118 Anciennement ARDEVA, le CRAJEP est une coordination
volontaire des associations, unions, fédérations et mouvements
régionaux de jeunesse et d'éducation populaire qui se revendique
des principes de l'éducation populaire. Ces principes s'appuient
à la fois sur l'émancipation à tous les âges de la
vie, la reconnaissance des capacités et des savoirs de chacun, et
l'envie d'agir collectivement dans une perspective de transformation sociale.
Le CRAJEP rassemble 28 réseaux associatifs franciliens intervenant sur
différents champs (jeunesse, enfance, éducation,
solidarité, insertion, logement, loisirs, culture, vacances...). Chacun
de ces réseaux est lui-même constitué de multiples
associations locales implantées dans les territoires au plus près
des préoccupations des habitants franciliens. Au total, ce sont plus de
20 000 bénévoles et élus associatifs et près de 3
000 salariés qui composent le réseau de la CRAJEP sur l'ensemble
de la région Île-de-France.
119
ARDEVA (rebaptisée CRAJEP), « Europe, Emploi,
Insertion en Ile-de-France. L'expertise associative en faveur des projets
locaux »,
préfacé par Nicole Deshayes alors
présidente de la coordination, 2006-2007.
83
> Opérateurs d'alphabétisation ;
> Opérateurs de préformation ;
> Opérateurs de formation en alternance/formation ;
> Opérateurs de formation par le travail ;
> Opérateurs de formation qualifiante ;
> Associations intermédiaires de placement des
travailleurs (agences d'intérim ou de travail temporaire
par exemple)
Les associations actives sur le champ de l'insertion
professionnelle dans le Grand Lyon ont en règle générale
pour vocation à :
o permettre à des personnes en situation d'exclusion
sociale de se doter d'une antériorité professionnelle, de
rechercher un emploi, de se bâtir un projet d'insertion par des
activités économiques et de formation. Exemple :
AID'AUTO à Vaulx-en-Velin ;
o mettre à disposition de particuliers,
collectivités et d'entreprises, du personnel formé et suivi dans
le cadre de missions de courte et moyenne durée dans les domaines du
nettoyage, de la restauration, du tertiaire...Exemple :
ARIEL Services à Lyon ;
o Créer un réseau d'anciens cadres afin de
s'épauler dans la recherche d'emploi ou de mission. Professionnels
à disposition des chefs d'entreprises afin de mettre en place les
solutions techniques, de gestion, de conseil...Exemple :
Association des cadres, méthodes et techniques de gestion en
entreprise à Ecully ;
o Accompagner et maintenir dans l'emploi en contrat
saisonnier dans les stations alpines principalement dans le secteur de
l'hôtellerie et restauration. Exemple : Association
lyonnaise pour l'insertion par l'emploi saisonnier (ALPIES)
à Villeurbanne ;
o Faciliter l'insertion sociale et professionnelle de
personnes en difficulté par un travail salarié. Public: jeunes,
personnes ayant des problèmes avec la justice, sans domicile fixe, sans
formation, chômeurs de longue durée... .Exemple :
Association pour l'Insertion des Jeunes par l'Économique
(AIJE) à Vénissieux, etc.
5.2. Insertion sociale
Les associations rhodaniennes sont très fortement
présentes dans le secteur de l'action sanitaire et sociale, sans qu'il
soit aisé d'évaluer leur effectif total. On y distingue ainsi
pêle-mêle des associations spécialisées dans :
o L'accueil, conseil, protection sociale, l'entraide et la
solidarité
o L'accueil et l'hébergement d'urgence
o L'écoute téléphonique
o Les centres sociaux
o Les foyers de jeunes travailleurs
o L'aide à domicile
o L'enfance, accueil, protection et activités diverses
o La restauration sociale
o Les soins infirmiers, le paramédical à
domicile
o Les mutuelles,
o Le logement
o L'accueil des retraités, personnes âgées
et des personnes handicapées
o Les associations pour victimes...etc.
84
Cependant , sur la trentaine de structures associatives
spécifiquement dédiées à l'entraide et à la
solidarité identifiées dans l'annuaire des associations du
Rhône, les 2/3 sont sinon d'origine immigrée du moins
administrées par des personnes d'origine immigrée,
maghrébine dans leur grande majorité.
5.3. Les associations subsahariennes du Rhône.
Typologie et répartition géographique
Les données parfois parcellaires et non à jour
recueillies lors de l'exploration documentaire et l'enquête de terrain ne
nous ont pas permis d'avoir une évaluation précise de l'effectif
des associations dites de migrants dont les membres sont originaires d'Afrique
subsaharienne. D'autant que ces organisations se distinguent dans leur
composition par la grande hétérogénéité de
ses membres : immigrés étrangers et naturalisés,
descendants d'immigrés, les migrants d'origine européenne en
France (italiens, portugais, espagnols, suisses...), les non migrants
(français de naissance), amis et sympathisants de la cause des
immigrés que l'on retrouve, dans certains cas à Lyon, à la
tête de structures migrantes d'importance120.
Cependant au vu de l'ensemble des bases de données
consultées dont l'annuaire des associations actives dans le Rhône
(qui rassemble donc environ 9638 associations), avec toutes les
précautions d'usage qui s'imposent, nous estimons entre 250 et 300 le
nombre d'associations composées de migrants d'origine subsaharienne et
actives dans le Grand Lyon. Il s'en dégage globalement 5
catégories :
5.3.1. Associations d'insertion
Elles militent en faveur d'actions facilitant
l'intégration nationale des populations immigrées en
Rhône-Alpes de manière générale, et plus
spécifiquement l'insertion de ces personnes (immigrés
naturalisés ou primo-arrivants, hommes et femmes, descendants
d'immigrés, personnes âgées) en regard des
problématiques sociales elles aussi spécifiques :
o la prévention des discriminations et la promotion de
l'interculturalité, la transculturalité et la
multiculturalité, entendue comme le processus de connaissance de soi en
vue d'une entrée en relation avec l'autre dans un espace culturel
quasi-similaire (transculturalité) ou radicalement différent
(interculturalité), lequel peut être multiculturel.
o la valorisation de la mémoire et l'histoire de
l'immigration,
o la promotion de l'entrepreneuriat et
particulièrement l'accompagnement à l'insertion
socio-économique des femmes
o les activités socio-éducatives et la
formation sur des thèmes socioculturelles
Moins nombreuses il est vrai que leurs consoeurs
françaises, les associations subsahariennes pratiquant l'insertion et
l'intégration, au sens formel que leur donnent les administrations
étatiques , ne figurent pas toutes dans l'annuaire des associations du
Rhône consulté. De même que nous n'avons pas pu contacter,
faute de disponibilité des uns et des autres, toutes celles que nous
avions identifiées au départ, à savoir à peine une
petite dizaine de petites associations, très souvent actives dans le
champ de la création du lien de l'entraide et de la solidarité
entre les générations, entre les anciens et les nouveaux
arrivants...En revanche, les associations figurant dans notre
échantillon et que nous présentons ici sont celles qui
revendiquent formellement une activité d'intégration et
d'insertion, largement dominée par son volet culturel comme nous le
verrons. Parmi ces associations :
120 Il n'est en effet pas rare dans le Grand Lyon qu'un non
migrant soit porté à la tête d'une structure
représentative des migrants. C'est le cas de l'ex-président du
COSIM Rhône-Alpes, non migrant, français de naissance, élu
par les responsables associatifs membres du collectif et majoritairement
d'origine subsaharienne et. Il arrive aussi de voir des migrants d'origine
européenne à la tête d'organisations dites de migrants,
mais celles-ci seront bien souvent des associations transculturelles,
émancipées des clôtures communautaristes.
85
?? A2P Nord - Sud-Sud : Actions
Perspectives-Prospectives Nord-Sud-Sud
?? AFRICA 50, le Collectif des associations de
culture africaine et caribéenne du Grand Lyon
?? MIFERVAL
?? FEDAM
5.3.2. Associations communautaires d'entraide dans le
Grand Lyon
Souvent de taille modeste et sans avoir
développé une expertise ou un champ d'expertise particulier dans
le secteur du développement ou de l'intégration, elles ont pour
vocation l'accueil, l'accompagnement dans le parcours d'installation, le
soutien moral et matériel des anciens et nouveaux membres de la
communauté pendant des périodes difficiles : deuil,
chômage, difficultés financières, etc. Elles s'inscrivent
dans le continuum des caisses de solidarité autour desquelles se
structuraient la communauté et qui ont évolué vers une
forme associative à partir de 1981 avec la loi autorisant les
étrangers à créer et animer des associations. L'entraide
permet ainsi de diminuer les charges financières du séjour en
France. Ces associations mènent en parallèle des micro-actions de
solidarité dans les villages d'origine des membres : transferts de
fonds, envoi de médicaments, de livres et fournitures scolaires,
financement des structures sanitaires, entre autres actions. Les associations
communautaires sont le parent pauvre des octrois de financement pour des
raisons que nous évoquerons plus loin.
Entrent dans cette catégorie par exemple :
?? Solidarité des Akpoussou-Akébou en
Europe
?? Haut-Nkam Nshu Shu
?? Association des Burkinabé de Lyon
?? Le Collectif ABRA
?? Et hors de notre échantillon : Les Collectifs
SOPE, CIRAL, ANAN...
5.3.3. Associations de développement et de
solidarité internationale (OSIM)
Souvent transculturelles (c'est-à-dire
réunissant les migrants originaires d'un même pays mais parfois de
sensibilités ethno-politiques multiples), elles sont tournées
principalement vers l'aide au développement des localités
d'origine et porteuses de projet de plus grande envergure que celles des
associations d'entraide. Elles sont plus souvent membres de collectifs et des
réseaux d'appui technique aux projets des associations. Elles
s'inscrivent volontiers dans une démarche de professionnalisation en
termes de montage de projet et de demande de subventions, une de motivations
d'ailleurs à l'affiliation aux réseaux d'acteurs de la
Solidarité.
Ce sont entre autres associations de notre échantillon
:
?? AFORMETROP : Association
franco-togolaise spécialisée dans la formation en médecine
tropicale et dont l'essentiel des activités sont localisées au
Togo. Expertise en ingénierie de la formation et pratique
médicale
?? ALPADEF: L'Alliance Panafricaine
pour le Développement de l'Entrepreneuriat Féminin.
?? Mac Mael Agri Togo : active et
intervenant elle aussi au Togo depuis plusieurs années, elle est une
association spécialisée dans la Formation agricole et la
promotion de l'agriculture et du maraîchage au Togo.
86
?? Passerelle NGAM (France -
Cameroun) : Se veut avant tout, le point de rencontres et de
réflexion de la configuration développementiste121
, la passerelle entre les hommes et femmes d'ici et ceux de
là-bas, le trait d'union entre différentes cultures, celle du
« développeur » et celle du « bénéficiaire
» des actions de développement. Fort de la démarche
d'ingénierie sociale développée à la suite des
études théologico-anthropologiques préparatoires
menées sur le terrain en lien avec l'objet des futures interventions,
l'association conduit depuis une dizaine d'années des projets
d'alimentation des villages en eau principalement dans le Sud Cameroun. Elle
s'appuie sur une communauté mixte d'ingénieurs migrants et
non-migrants de toutes nationalités, spécialisés dans les
projets de forage, d'assainissement et d'adduction d'eau.
5.3.4. Associations dites opérateurs d'appui aux
projets (OPAP) de développement ou d'insertion
Organisations souvent mixtes, composées d'hommes et de
femmes migrants et non-migrants, disposant d'une expérience
significative, plus ou moins experts dans un domaine lié au
développement , à l'action humanitaire ou à la
solidarité internationale :
o ingénierie sociale,
o ingénierie de la formation et de l'éducation au
développement, à l'économie sociale et solidaire...
ingénierie de la conception, du suivi et de l'évaluation des
projets,
o ingénierie d'étude recherche-action
o ingénierie de la communication et du marketing :
levée de fonds, évènementiel
Les organisations de notre échantillon appartenant
à cette catégorie sont :
?? Le COSIM Rhône-Alpes :
Collectif des Organisations de Solidarité issues des Migrations,
identifié comme un acteur d'appui au montage de projets de
solidarité internationale122 . Labellisé OPAP,
l'organisation portée par les migrants est considérée
comme une « filiale » rhônalpine du FORIM, même si
née à l'initiative des seuls migrants du Grand Lyon. À ce
propos, plusieurs versions nous ont été délivrées
qui s'opposent. Pas moins de 3 membres influents de la vie associative
africaine du périmètre lyonnais revendiquant la paternité
du COSIM Rhône-Alpes.
?? ALPADEF-France
?? Le Centre Appui Conseil Formation (ACF)
: basé à Villeurbanne et qui a
développé une expertise en ingénierie de la formation
(informatique, technique, linguistique, photovoltaïque ...) et de
l'accompagnement à la création d'entreprise depuis plus de 10
ans. Ses activités s'inscrivent dans le continuum de la politique locale
du retour à l'emploi. Ouverte à tous publics dont les migrants et
les non migrants, c'est la structure d'accueil de notre stage académique
en études du développement social. Il est par ailleurs le
principal commanditaire de la présente étude.
5.3.5. Les Associations dites de plaidoyer, de
sensibilisation et d'éducation en revanche ne sont pas
légion
Elle constitue une fausse catégorie dans la mesure
où les associations subsahariennes sont rarement et ni exclusivement
réductibles aux actions de plaidoyer. Les associations appartenant aux
catégories susmentionnées peuvent, de façon variable et
selon les capacités et ressources dont elles disposent, intégrer
dans leurs activités une dimension plaidoyer et donc un aspect militant
pour appuyer et légitimer leurs actions de terrain aux yeux de l'opinion
publique et des acteurs institutionnels. Leur coeur
d'activité réside dans la formulation de problématiques
sociales, nationales ou internationales, en vue de participer à un
débat ou de l'initier, mais toujours dans l'optique de sensibiliser
l'opinion à toutes les échelles à la prise de conscience
d'un problème et à la prise de mesures
121
122
Formule chère à Jean-Pierre Olivier de Sardan in
Socio-anthropologie du développement, éditions Karthala.
Une réflexion collective et étude sont en train
d'être menées par l'exécutif et les associations membres
afin d'intégrer dans leurs activités un pôle
intégration avec soutien et accompagnement au montage des projets
liés à l'intégration des immigrés dans le
Rhône.
87
efficientes visant à le résoudre. En ce sens,
elles se veulent aussi un groupe de pression désireux de peser sur les
politiques publiques à travers souvent un catalogue de propositions
d'actions. Ces démarches vont prendre les dehors de campagnes de
communication (plaidoyer) autour d'une cause, d'un enjeu particulier lié
:
o à l'intégration nationale ou l'insertion
sociale d'une catégorie spécifique de la population
immigrée : promouvoir l'entrepreneuriat auprès des femmes
immigrées et dans les quartiers prioritaires de la politique de la
ville, accompagner les migrants âgés (les plus de 55 ans) des
foyers des travailleurs migrants vers les dispositifs du droit commun par
exemple...
o au développement tels que : l'eau, le genre, la
microfinance, l'accès au foncier pour les femmes, la
décentralisation, le développement solidaire dans les en zones de
guerre, etc.
?? C'est le cas par exemple de l'ONG Passerelle NGAM
qui oeuvre en France dans le domaine de l'éducation au
développement.
Pour finir, si dans les annuaires consultés
auprès des communes du Grand Lyon, les migrants sont majoritairement
rangés dans la catégorie «Relations Internationales
» ou « solidarité/actions humanitaires » même
lorsqu'elles ces domaines n'occupent qu'une portion congrue dans leurs
activités, certaines associations peuvent toutefois appartenir à
une ou plusieurs de ces catégories, notamment les associations
féminines que nous avons enquêtées, de même que les
associations dites culturelles.
88
Chapitre 4. Les associations subsahariennes et
l'insertion. Analyse des discours et des pratiques des associations de migrants
subsahariens dans le Grand Lyon
Au terme de notre enquête de terrain et l'analyse
approfondie du répertoire des associations du Rhône, il nous est
apparu que très peu d'associations subsahariennes investissaient
formellement le double champ de l'insertion et de l'intégration. Sur la
vingtaine d'organisations interviewées en l'espace de 2 semaines, seules
4 se revendiquaient statutairement d'une démarche d'insertion en France
et/ou dans les pays tiers.
C'est le cas majoritairement des associations
féminines : ALPADEF, FEDAM et MIFERVAL, puis d'une association qui se
situe dans le double espace culturel France et Afrique : A2P Nord-Sud-Sud
basée à Jonage.
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