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La dualité étude-travail chez les étudiants

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par Seydina Ousmane Ndong
Université de Poitiers - Master1 2015
  

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4. Les étudiants réfugiés politiques

5. Les étudiants étrangers résidents, temporairement ou non

Dans ce travail de recherche, nous avons choisis de s'intéresser aux étudiants étrangers en situation de mobilité et qui viennent de l'Afrique subsaharienne.

2.2. Projet migratoire

Le projet migratoire est une notion dont l'usage est de plus en plus courant dans la littérature sur les migrations. Cette notion occupe une place centrale dans cette étude. Avant de procéder à sa définition, il convient de s'attarder un peu sur le mot « projet ».

Dans son ouvrage intitulé Anthropologie du projet, Boutinet précise le caractère prévisionnel du projet. Il le définissant comme « une anticipation opératoire, individuelle ou collective d'un futur désiré » (Boutinet, 1990, p.77). Cette définition renvoie à un futur souhaité, le projet s'intègre dans l'histoire de son auteur singulier ou collectif. Selon cet auteur, la notion de projet se rapporte à plusieurs situations quotidiennes de la vie : les situations existentielles à projet, les activités à projet, les objets à projet, les organisations à projet et le projet de société.

La dimension stratégique sera par la suite posée par Lévy et Lussault pour qui le projet peut se définir comme une procédure stratégique, pragmatique et contextuelle dont la fabrication est intentionnelle (Lévy et Lussault, 2003) Cette définition met en avant d'une part le rôle des éléments contextuels dans l'élaboration du projet, d'autre part, la conscientisation de sa construction et son caractère actif sur la réalité.

Pour définir la notion de projet migratoire nous nous sommes appuyés sur les travaux de plusieurs auteurs issus de différentes disciplines tels qu'Emmanuel Ma Mung, Florence Boyer, Paul-André Rosental ou encore Mihaela Nedelcu. En effet, ces derniers ont tous mobilisé l'expression « projet migratoire » dans leurs travaux et s'accordent tous sur le caractère dynamique du projet migratoire. Ainsi ils s'accordent sur l'idée selon laquelle le projet migratoire est révélateur de la capacité des migrants à se projeter dans le temps d'une part, et du fait qu'il est en constante évolution d'autre part.

Selon Emmanuel Ma Mung (2009) le projet migratoire est un concept peu éclairci dont l'explication donné est l'intention de quitter un lieu pour un autre et/ou l'accomplissement même de la migration avant que celle-ci ait atteint son terme. En effet, pendant longtemps, le modèle push and pull a servi d'explication à la migration. Selon ses théories, il existe dans le pays d'accueil des facteurs attractifs et positifs et des facteurs négatifs répulsifs dans le pays d'origine favorisant le départ. Ces derniers s'inscrivant donc dans une logique cause/conséquence de type déterministe ou les réalités du milieu conduiraient les migrants à quitter leur pays à la recherche d'une vie meilleur. Aujourd'hui, de nombreux penseurs prônent l'idée selon laquelle il faudrait dépasser ses théories. Ainsi comme le souligne Mihaela Nedelcu:

« Si l'absence d'une infrastructure performante ou d'opportunités de développement dans le pays d'origine participe à pousser les spécialistes au départ, leurs trajectoires et projets de vie sont souvent très complexes, fruits de la capacité des individus à négocier avec des infrastructures étatiques qui encadrent leurs migrations, à mobiliser des ressources variées et à adapter leurs attentes dans un jeu permanent des possibles ». (Nedelcu, 2005, p.5)

Dans une étude sur les migrants circulaires (2005), Florence Boyer précise que pour expliquer les migrations, il ne faudrait surtout pas qu'on se limite sur les facteurs répulsifs propres à l'espace de départ ni des caractéristiques du pays d'accueil. Dès lors l'introduction de la notion de projet migratoire permet de ne plus considérer le migrant comme un agent social dont ses actions et comportements sont guidés par des facteurs extérieurs. Mais il conviendra de considérer le migrant comme un acteur indépendant, capable de donner un sens à ses actions. Il s'agira alors de redonner une place aux actions des hommes en partant du point de vue du migrant. Cette notion devient alors suffisamment large pour rendre compte à la fois des intentions de mobilité et des conditions de réalisation de cette mobilité. F. Boyer inscrira également la notion de projet migratoire dans une vision dynamique en l'associant à deux dimensions : temporelle et contextuelle. Pour l'auteure :

« En tant que projection dans l'avenir, le projet se caractérise par une dimension temporelle fondamentale; il s'inscrit dans un continuum temporel qui participe de sa redéfinition constante. Le présent n'étant qu'une actualité de l'avenir et l'avenir n'étant qu'un futur prochain, le projet est sans cesse amené à être redéfini au fil du continuum en fonction du contexte et des stratégies sociales et/ou individuelles. Si nous ramenons cette remarque à l'analyse du projet migratoire, cela revient à dire qu'il se construit certes au départ, mais tout au long de l'histoire migratoire, lors des séjours à l'étranger, comme lors des retours. » (Boyer, 2005, p.52)

Parler de projet migratoire conduit alors à privilégier une analyse dynamique qui se fonde sur le continuum temporel. Si au départ le migrant dispose d'un certain nombre d'informations et de connaissances sur la ou les possibilités du lieu de destination, celles-ci ne sont que partielles et déformées ; il éprouve par ailleurs des besoins qui le conduisent à partir et suppose qu'il pourra satisfaire ces besoins en migration.

Emmanuel Ma Mung (2009) dans ses travaux, nous apprendra que la notion de projet migratoire nous permet de comprendre les migrations non plus comme les résultats de mécanismes agissant à l'insu du migrant, comme par exemple la combinaison de forces économiques, mais plutôt comme la réalisation d'une intention propre au migrant. Cette notion nous a ainsi paru essentielle voir même centrale pour construire la problématique de notre objet de recherche. Ainsi, en nous appuyant sur la conception de ces deux auteurs, nous utiliserons cette notion pour comprendre la dualité étude-travail chez les étudiants. Toutefois, nous intégrerons dans cette recherche la dimension sociale dans le projet migratoire. A notre avis, de même que les migrations de travail, la mobilité étudiante est aussi très complexe et que plusieurs raisons entrent en jeu dans la décision partir. Loin d'être uniquement individuelle, le projet est aussi social puisque l'individu s'insère dans un groupe plus ou moins large et son départ implique l'ensemble de ce groupe. Cette implication peut être le financement du voyage comme c'est le cas de nombreux étudiants étrangers. D'où l'importance pour nous de s'intéresser au condition de départ de ces étudiants pour pouvoir avoir une lecture complète sur les facteurs explicatifs de la dualité étude-travail. Ainsi pour répondre à notre question, il est important d'identifier les éléments contextuels et individuels qui interviennent dans le processus décisionnel. Pour cela il est nécessaire de s'intéresser aux motivations des étudiants à aller étudier à l'étranger. Dans cette perspective, nous estimons que la possibilité de travailler pendant les études constituerait un élément majeur dans la prise de décision pour aller en France. Dés lors pour expliquer le recours au travail, nous jugeons nécessaire de porter notre regard depuis la constitution du projet migratoire ainsi que des modifications dans le temps.

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