VII- HYPOTHESES
12
Selon Madeleine Grawitz, l'hypothèse est « une
proposition de réponse à la question
posée25». En suivant le postulat de
Grawitz, l'hypothèse aide le chercheur à faire une
sélection des faits observés, à les interpréter et
à leur donner une signification qui, vérifiée, pourra
faire l'objet d'une théorie. Cette étude s'articule autour d'une
hypothèse principale et d'une hypothèse secondaire.
1- Hypothèse principale
Le processus de démocratisation des TIC est en marche
au Cameroun. Mais au regard de l'accroissement permanent des
inégalités entre les villes et les campagnes, les hommes et les
femmes et entre les jeunes et les adultes, ce processus n'est pas
satisfaisant.
2- Hypothèses secondaires
Malgré la définition des politiques, les
inégalités liées à l'utilisation des TIC
demeurent.
De même, les stratégies mises en oeuvre peinent
à produire les résultats escomptés.
VIII- CADRE THEORIQUE
Ce travail prend appui sur trois théories : le
néo fonctionnalisme, le néo institutionnalisme du choix rationnel
et la pensée développementaliste.
Le néo-fonctionnalisme, dérive du
fonctionnalisme dans les années 1950 avec pour pionnier Ernst
Haâs. Cette théorie reconnait la valeur de l'expertise technique
dans les organisations régionales ou sous-régionales. Cependant,
son chantre soutient qu'on ne saurait exclure la participation du politique
dans le processus d'intégration régionale. Selon lui,
l'intégration s'explique « par la convergence des élites
économiques nationales et technocratiques
supranationales26». Cette théorie nous a
permis de montrer le grand rôle que les structures techniques nationales
et communautaires doivent jouer, en appui avec les
25 Madeleine Grawitz, Méthodes de
recherches en sciences sociales, Paris, Dalloz, huitième
édition, 1990, page 443.
26 Voir Dario Battistella, Théories des
Relations Internationales, Paris, Presses de sciences politiques, 2006, p
384.
13
autorités gouvernementales de chaque Etat membre de la
sous-région pour promouvoir l'intégration des TIC en Afrique
Centrale en général et au Cameroun en particulier.
Le néo-institutionnalisme du choix rationnel a
émergé dans la communauté des politistes
nord-américains avec pour pionnier principal Kenneth Shepsle. Cette
variante du néo-institutionnalisme soutient que les institutions
structurent les comportements des acteurs ainsi que leur pouvoir
d'émettre un véto. De même, elles déterminent
l'ordre du jour ou l'agenda. Deux modèles justifient cette variante.
Premièrement, nous avons le modèle de
principal-agent27 (mandatant-mandaté). Ici, sous
certaines conditions, l'Etat, acteur principal, délègue des
pouvoirs à des autorités bureaucratiques indépendantes.
Deuxièmement, on a le modèle expliquant que les institutions
réduisent les coûts de transactions entre les acteurs.
Considérant ces aperçus théoriques, le
néo-institutionnalisme du choix rationnel nous a permis de montrer que
le processus de réduction de la fracture numérique en Afrique
Centrale en général et au Cameroun en particulier est soutenue
par divers acteurs institutionnels communautaires et nationaux qui agissent
dans une certaine mesure de façon indépendante. C'est le cas des
structures telles que la COPTAC et l'ARTAC au niveau sous-régional,
l'ANTIC et l'ART à l'échelle nationale. Ces différentes
institutions ont été mandatées par les dirigeants pour
promouvoir le développement des TIC en Afrique Centrale et au
Cameroun.
La théorie développementaliste dont les chantres
sont légions, dans le cadre des études se rapportant à
l'économie du développement, guide également cette
recherche. Tout d'abord, il importe de préciser que le concept
développement est une notion aux contours divers28.
Malgré son ambigüité sémantique, le
développement demeure une problématique très pertinente
pour tous les Pays en Voie de Développement (PVD). En effet, de nos
jours les PVD ne cessent d'élaborer et de mettre en oeuvre des
politiques dans des domaines tout aussi variés, afin d'améliorer
leur taux de croissance économique et partant se développer sur
divers plans : économiques, politiques et socioculturels. Dès
lors, la croissance économique apparaît comme « une
condition nécessaire du développement29
» puisqu'elle favorise l'amélioration des conditions de vie
à travers la création des emplois, l'augmentation du pouvoir
d'achat, la mobilisation des ressources en faveur de la santé, de
l'éducation et l'accroissement de la souveraineté
économique nationale30. Ainsi, à la lumière de
tout ce qui
27 Saurugger Sabine, Théorie et concepts de
l'intégration européenne, Paris, Presses de Sciences Po,
2009, p 197.
28 Célestin Tagou, « Les théories
et politiques de développement. De Truman aux OMD » in
Jean Emmanuel Pondi (sd), Repenser le développement à
partir de l'Afrique, Yaoundé, Afredit, 2011, pp 23-53.
29 Jacques Brasseul, Introduction à
l'économie du développement, Paris, Armand Colin, 1993, Page
13.
30 Ibid.
14
précède, nous avons recouru à la
théorie développementaliste pour illustrer dans quelle mesure la
réduction du fossé numérique dans la sous-région et
au Cameroun surtout boostera davantage la croissance économique et le
développement humain en conséquence.
|