IV- DELIMITATION SPATIO-TEMPORELLE DE L'ETUDE
Notre étude couvre un espace géographique bien
déterminé et s'étend sur une période
précise. S'agissant du cadre spatial, nous nous intéressons
à la sous-région Afrique Centrale et particulièrement
à l'Afrique Centrale géographique. Pour comprendre ce qu'on
entend par sous-région Afrique Centrale, il importe de circonscrire ce
concept dans le contexte des Relations Internationales (RI).
Joseph Nye définit la région internationale
comme un « nombre limité d'Etats liés entre eux par une
relation géographique et un degré d'interdépendance
mutuelle15 ». A partir d'une telle
définition, il est difficile de localiser l'Afrique Centrale en RI sur
une carte géographique car, le continent africain reste une
région regroupant un nombre limité d'Etats (54 Etats). Tous ces
Etats partagent un même espace géographique et sont dans une
certaine mesure interdépendants. Toutefois, plusieurs Organisations
Internationales (OI) peuvent émerger à l'intérieur d'une
région comme c'est le cas en Afrique avec les huit (08) OI reconnues par
l'organisation continentale l'Union Africaine (UA). Parmi ces OI nous citons :
la Communauté Economique Des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en
Afrique de l'Ouest, l'Union du Maghreb Arabe (UMA) en Afrique du Nord, la
South African Developement Community (SADC) en Afrique Australe,
l'Inter Governmental Autority for Developement (IGAD) en Afrique de
l'Est et la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale
(CEEAC) en Afrique Centrale. Ces différents regroupements
étatiques se dénomment organisations sous-régionales ou
organisations subrégionales16 puisqu'ils
15 Sabine Saurugger, citant Joseph Nye in
Théories et concepts de l'intégration européenne,
Paris, Presses de sciences politique, 2009.
16 Sabine Saurugger, Théories et concepts
de l'intégration européenne,...
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émanent des différentes sous-régions
existant en Afrique, suite au découpage du continent en cinq zones
géographiques chapeautées chacune par une Communauté
Economique Régionale (CER) effectué par le Plan d'Action de Lagos
(PAL) d'Avril 1980.
Ce travail privilégie l'Afrique Centrale
géographique au détriment de l'Afrique Centrale institutionnelle
; l'Afrique Centrale institutionnelle renvoyant à la Communauté
Economique et Monétaire de L'Afrique Centrale (CEMAC). Cette
organisation sous-régionale regroupe six (06) Etats dont le Cameroun, le
Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République
Centrafricaine (RCA) et le Tchad. L'Afrique Centrale géographique quant
à elle désigne l'ensemble des dix (10) pays africains se
regroupant au sein de la CEEAC. Parmi ces derniers, on distingue les 06 Etats
membres de la CEMAC et quatre autres nations dont l'Angola, le Burundi, la
République Démocratique du Congo (RDC) et São Tomée
é Príncipe. Notre option pour l'Afrique centrale
géographique repose sur une raison simple : cette zone émane du
processus endogène17 de la construction communautaire
africaine contrairement à la CEMAC qui demeure une production
exogène18.
L'Afrique centrale géographique est une zone en
quête de son développement économique, politique et social
depuis plusieurs décennies. Mais en jetant un coup d'oeil sur les
évènements passés et présents de cette partie de
l'Afrique, nous constatons que les multiples difficultés auxquelles elle
est confrontée ne favorisent pas son émergence et partant, le
développement de certaines infrastructures telles les
télécommunications. A titre illustratif, nous rappelons les
conflits intra étatiques vécu en Angola, au Burundi, en RDC et en
RCA sans oublier l'instabilité politique perdurant dans certains de ces
pays. Nous relevons également l'extraversion des économies de la
majeure partie de ces Etats. Cependant le développement par
l'intégration régionale et surtout à travers
l'harmonisation des politiques sectorielles se révèle comme une
panacée pour sortir l'Afrique Centrale de l'ornière. Aussi
l'harmonisation des politiques nationales dans le secteur des
télécommunications et des TIC faciliterait l'amélioration
de l'accès universel dans les pays d'Afrique Centrale notamment au
Cameroun.
17 Le Plan d'Action de Lagos cité plus haut qui
découpe l'Afrique en zones géographiques chapeautées
chacune par une Communauté Economique sous-Régionale (CER)
l'illustre parfaitement. De même, la signature du Traité d'Abuja
le 03 Juin 1991 compte s'appuyer sur les CERs du continent pour construire la
future Communauté Economique Africaine (CEA ou AEC) d'ici 2028. Voire
La CEA et l'Afrique : 50 ans de partenariat, Addis-Abeba, Commission
Economique pour l'Afrique, 2008, page 70.
18 En effet, la CEMAC tout comme son corollaire
l'UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africaine) sont
considérées par l'Union Africaine (UA) comme des organisations
exogènes à la construction communautaire africaine. C'est
d'ailleurs pour cette raison que l'organisation régionale ne les a pas
reconnus en 2009 comme des Communautés Economiques Régionales
(CERs) africaines. Par conséquent, l'UA leur a demandé de laisser
la CEEAC et la CEDEAO jouer pleinement leur rôle.
Des raisons précises expliquent la focalisation de
cette entreprise heuristique sur « l'Afrique en
miniature19 » : son poids économique
(13,2% du PIB de la zone CEEAC derrière l'Angola20), son
poids démographique par rapport aux autres pays de la sous-région
(excepté la RDC) et la facilité pour nous de collecter sur place
la majorité des informations nécessaires à notre
étude.
Ce travail se limite à une période
définie : de 1995 à 2014. Nous partons de 1995 parce que en cette
année, l'expression « digital divide » (traduction
anglaise de la notion fracture numérique) s'employa pour la
première fois par l'américain Long Scott. Ce dernier mettait
« en évidence les risques d'exclusion des plus pauvres et des
minorités communautaires des technologies de communication du point de
vue de la participation à la vie
démocratique21» aux Etats Unis
d'Amérique (USA). Le choix de l'année 2014 est une borne
chronologique très récente pour évaluer la plupart des
stratégies mises en place pour réduire le fossé
numérique en Afrique Centrale.
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