La réduction de la fracture numérique en Afrique centrale: cas du Cameroun( Télécharger le fichier original )par LEO GAËL ATANGA ONDOA Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC) - Master 2015 |
CONCLUSION DU CHAPITRE 387 En définitive, la réduction de la fracture numérique en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier reste en cours. Au niveau sous-régional, nous avons constaté que les stratégies mises en place par les dirigeants ont favorisé l'accroissement de la télédensité mobile, le déploiement du backbone large bande à fibre optique et le développement des infrastructures de base. A l'échelle nationale, l'opérationnalisation des stratégies a donné lieu à la baisse du coût des produits et services, au déploiement des infrastructures de télécommunications, à l'accroissement des ressources humaines et à la modernisation du service public. Toutefois, malgré la mise en oeuvre de toutes ces mesures, il n'en demeure pas moins que l'évolution du processus de résorption du fossé numérique aussi bien sur le plan communautaire que sur le plan interne n'est pas satisfaisante. Ceci s'est illustré par la faible télédensité fixe, le faible taux d'utilisation de l'outil internet et à travers le défaut de compétence numérique de plusieurs habitants. Ces éléments démontrent à suffisance le manque d'efficacité des stratégies mises en oeuvre. Dès lors, il importe, dans une logique prospective d'apporter des axes de réajustement en vue d'améliorer le processus de vulgarisation des TIC dans cette partie du continent. 88 CHAPITRE 4 : PERSPECTIVES POUR UNE MEILLEURE REDUCTION
DE Le chapitre précédent nous a permis de démontrer que les stratégies mises en place en Afrique Centrale en général et au Cameroun en particulier pour réduire le fossé numérique tardent à produire les résultats escomptés. Ce chapitre nous permettra d'énoncer quelques pistes envisageables pour une meilleure réduction de la fracture numérique dans la sous-région. SECTION I : REAJUSTEMENTS AU NIVEAU SOUS-REGIONALL'intégration régionale se définit comme un processus consistant à surmonter d'un commun accord, les difficultés politiques, physiques, économiques et sociales qui séparent les pays de leurs voisins. Elle renvoie aussi à la collaboration dans la gestion des ressources partagées et des biens communs régionaux209. Dès lors, l'intégration régionale demeure la seule issue à travers laquelle l'Afrique sortira de l'ornière. Plus de cinquante ans après les indépendances des années 60, nombre d'Etats du continent, précisément ceux d'Afrique Centrale quêtent encore leur émergence dans presque tous les domaines. En ce qui concerne les TIC, malgré la définition des politiques de développement du secteur des télécommunications/TIC, les inégalités demeurent entre les pays de la sous-région. Fort de ce constat, quelques pistes de solutions restent envisageables notamment, la nécessité de promouvoir une vision communautaire du développement qui se focaliserait non seulement sur l'harmonisation des législations et des politiques tarifaires mais aussi sur l'acquisition d'un satellite de communications. Dans la même optique, il semble judicieux d'envisager la consolidation et la mise en place de nouveaux organismes supranationaux dans ce domaine. 1.1 Harmonisation des législations et des politiques tarifaires L'harmonisation renvoie à un réajustement ou encore à la mise en cohérence des politiques dans l'optique d'atteindre un objectif donné. Dans le domaine de l'intégration régionale, l'harmonisation des législations peut se définir comme un processus de rapprochement des règlementations des Etats membres d'une Communauté Economique Régionale (CER). L'harmonisation des législations permet de créer un certain degré 209 http://eeas.europa.eu/delegations/madagascar/eu_madagascar/trade_relation/integration/index_fr.htm site consulté le 04 janvier 2014. 89 d'homogénéité et de cohérence entre les différents instruments juridiques nationaux. Ce qui favorise la réalisation des objectifs communs. L'harmonisation des politiques tarifaires est un processus identique à l'harmonisation des législations car, elle permet également de rapprocher les diverses tarifications nationales dans l'optique d'adopter une politique tarifaire commune. Pour une meilleure réduction du fossé numérique, il est opportun que les pays de la sous-région harmonisent leurs législations et leurs politiques tarifaires.
La disparité au niveau des coûts des services de télécommunications notamment les tarifs de communications électroniques pose encore d'énormes problèmes pour une meilleure vulgarisation des TIC dans la sous-région. A titre d'exemple, un appel émis à partir de n'importe quel Etat d'Afrique Centrale vers un pays occidental (Europe, Amérique...) coûte moins chère qu'un appel en direction d'un pays de la sous-région. Il en est de même pour l'accès à Internet qui reste encore élevé pour les citoyens moyens. De plus, les prix de ces services varient selon les pays. A titre illustratif, l'abonnement internet haut débit mensuel au Gabon coûte plus de 70 % du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC)212. Au Cameroun en revanche, ce taux est largement supérieur au SMIC puisqu'il faut débourser environ 60.000 FCFA pour s'offrir le même service. Ces contrastes s'expliquent certainement 210 Etat d'avancement du processus d'intégration en Afrique Centrale. Prospectus 2010, CEA/BSR-AC, Yaoundé, juin 2010, p 31. 211 Ibid. 212 Ibid. 90 par le coût onéreux d'achat de la capacité et des droits de transit des communications. Pour y remédier, les Etats gagneraient à harmoniser leurs tarifs de communications ainsi que tous les autres services y relatifs de manière à faciliter l'intégration des peuples. Dans le même ordre d'idée, les pays de la sous-région peuvent se mettre ensemble pour acquérir un satellite de communications. 1.2 Nécessité d'acquérir un satellite de communications Si l'on se fie à la définition donnée par le Dictionnaire Larousse, le satellite renvoie à un engin placé par un système de transport spatial (fusée, navette) en orbite autour d'un astre en particulier la terre. Les satellites favorisent « un développement extraordinairement puissant des télécommunications213. » Avec ces dispositifs, il devient plus facile d'étendre et d'accélérer les moyens de communications actuels214. De plus, le réseau satellitaire couvre de vastes étendues terrestres, ce qui donne la possibilité aux populations des zones enclavées souvent lésées en équipements de télécommunications, de bénéficier d'une couverture réseau plus large offrant divers services dérivés des TIC. Par ailleurs, compte tenu de l'environnement physique difficile d'Afrique Centrale, il reste difficile aux pays de la sous-région d'assurer une couverture réseau filaire sur l'ensemble de leur territoire. A cela se greffe les multiples dégâts matériels occasionnés par les conflits internes dans certains pays215. Une vision commune du développement des télécommunications demeure la solution idoine qui faciliterait l'expansion du réseau. De même, en conjuguant leurs efforts, les Etats de l'espace CEEAC qui pour la plupart sont en quête d'émergence, réaliseraient ce voeux louable d'acquérir un satellite de communications. Pour y parvenir, ils devraient d'abord mettre un terme à leur souverainisme exacerbé et à leur velléité égocentrique comme c'est généralement le cas au profit de l'idéal communautaire. A travers l'acquisition d'un satellite, les gouvernants résoudraient largement le problème d'accessibilité des TIC car, cet engin diminuerait énormément le coût de plusieurs services tels que les communications électroniques, la connexion internet haut débit, la 213 L'information à l'ère spatiale, UNESCO, Paris, 1968, p12. 214 Ibid. 215 Pour le cas d'espèce, on évoquera la RDC et la Centrafrique 91 télévision numérique... Comme un effet d'engrenage, les populations utiliseront mieux ces technologies dans la mesure où elles ne leur seront plus hors de portée. Seulement, l'acquisition de cette infrastructure de haute technologie demeure coûteuse pour un seul pays d'Afrique Centrale au vu de l'exiguïté des budgets nationaux. Eu égard à tout ce qui précède, l'adoption d'une législation et d'une politique tarifaire commune et la mise en place d'un réseau satellitaire sous-régional s'imposent comme des préalables indispensables pour une démocratisation véloce des TIC en Afrique Centrale. Le renforcement des structures existantes et la création des organismes supranationaux dans le secteur concerné semblent aussi d'une grande utilité. 1.3 Renforcement des structures existantes au niveau sous-régional Les principales mesures prises par les pays d'Afrique Centrale pour réduire le fossé numérique restent la mise en oeuvre de la COPTAC, l'Association des Régulateurs des Télécommunications (ARTAC), le centre sous-régional de maintenance des télécommunications d'Afrique Centrale et l'élaboration du projet CAB. Il importe de redynamiser ces structures pour une meilleure vulgarisation des TIC dans la sous-région.
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