Conclusion
La création de la richesse est l'objectif principal de
chaque intervenant sur le marché. En effet, le couple
rentabilité-risque est un critère primordial pour chaque analyste
financière afin de réaliser des bénéfices. Pour
maitriser le risque, les intervenants sur le marché financier doivent
recourir à la volatilité. A cette fin, nous nous sommes
intéressés à ce thème, c'est à dire la
volatilité boursière ainsi que l'analyse de l'environnement
tunisien avant et après la révolution.
Dans la première section, nous avons défini le
concept de la volatilité boursière. En effet, nous avons
présenté son fondement et son évolution au fil de temps,
ainsi que ses types (la volatilité implicite et historique).
Dans la deuxième section, nous avons identifié
les différentes approches de mesure de la volatilité. En effet,
chaque intervenant sur le marché a la possibilité d'utiliser
différentes méthodes de calcul tels que le beta, l'écart
type et le modèle GARCH, dans le but de réduire le risque.
Dans la troisième section, nous avons mis en place les
déterminants de la volatilité à savoir les facteurs
structurels qui se concrétisent par la rentabilité, le PER et
l'effet de levier ainsi que les facteurs conjoncturels qui se composent par le
taux d'intérêt, le taux d'inflation, les annonces
macro-économiques et l'effet de puissance. Egalement, on trouve de
nouveaux facteurs qui résultent de l'instabilité politique,
économique et financière.
Dans la quatrième section, nous avons examiné
l'environnement tunisien en tenant compte de la situation politique,
économique et sociale avant et après la révolution
tunisienne du 14 janvier 2011. Ainsi, nous avons présenté les
principaux changements politiques, économiques et sociaux et leurs
implications sur l'économie du pays d'une manière
générale et sur le marché financier en particulier.
Dans le deuxième chapitre, nous allons étudier
l'impact des événements politiques, économiques et sociaux
sur la volatilité boursière.
29
Chapitre 2 :
L'impact des événements
politiques,
économiques, sociaux et du terrorisme
sur
la volatilité boursière
30
Introduction
La réaction du marché financier suite à
la survenance des événements spéciaux devient l'une des
préoccupations majeures des économistes et des financiers dans le
monde entier. En effet, les mauvaises stratégies et l'opportunisme des
chefs des gouvernements des pays arabes et la recherche de leurs propres
intérêts, au lieu de mettre toutes leurs capacités et leurs
efforts afin de surmonter les obstacles et faire évoluer leurs pays
"pauvres" à une meilleure dimension de croissance et de succès.
Cependant, ces facteurs engendrent une déstabilisation sur les plans
politique, économique et social et par conséquent, la
fragilité des Etats. Ainsi, le terrain devient susceptible à des
actes de terrorisme qui entrainera le recul des investissements du pays et
même son déclassement au niveau mondial.
L'instabilité politique engendre l'augmentation des
protestations, des manifestations, et par la suite, l'aspect social sera
touché. On obtient également, la diminution des investissements,
l'augmentation des taux d'intérêts des banques, la
dépréciation de la devise et la diminution de la notation
souveraine, et par la suite, l'aspect économique sera affecté. En
outre, les terroristes profitent de ces mauvaises conditions et par
conséquent, la propagation des actes de terrorisme sera possible. Ainsi,
on constate que ces événements sont interconnectés.
Dans ce cadre, on va étudier dans ce deuxième
chapitre, l'impact des événements spéciaux sur le
marché financier d'une manière générale et sur la
volatilité boursière d'une manière précise. Dans la
première section, on va étudier l'effet des
événements politiques sur la volatilité boursière.
Ensuite, dans la deuxième section, on va examiner l'effet du terrorisme
sur la volatilité boursière. Puis, dans la troisième
section, on va analyser les événements économiques et
financières et leurs répercussions sur la volatilité
boursière. Finalement, on va évoquer l'incidence des
manifestations, des protestations et des grèves sur la volatilité
boursière.
31
Section 1 : L'effet des événements
politiques sur la volatilité boursière
Différentes études ont été
menées par différents chercheurs afin d'identifier les facteurs
qui influent sur les prix des titres. Dans cette section, nous allons nous
concentrer sur l'étude des événements politiques et leurs
répercussions sur les mouvements des prix des titres.
1.1) L'effet des événements politiques sur
la volatilité boursière
On présentera successivement une idée
générale sur la réaction des marchés financiers
après les événements politiques, ainsi que, la
spécificité des élections et leurs répercussions
sur la volatilité boursière.
1.1.1) Aperçu sur l'effet des
événements politique sur la volatilité dans le contexte
international
Les événements politiques jouent un rôle
prépondérant au sein d'une société. D'une
manière générale, les événements politiques
favorables ou défavorables peuvent affecter la stratégie du pays
et peuvent par la suite toucher l'économie, notamment le marché
financier.
Dans ce sens, Niederhoffer (1971) a examiné l'impact
des événements mondiaux sur la bourse à court terme. Dans
son étude, il a intégré les événements
mondiaux aux mouvements de l'indice S&P 500. Ces événements
ont été sélectionnés à partir du journal
international "New York Time" basé sur l'ampleur de leurs titres.
Niederhoffer a constaté que les événements mondiaux
exercent une influence perceptible sur le mouvement de l'indice S&P 500.
Précisément, les rendements boursiers liés aux
événements mondiaux ont une tendance à être plus
importants en valeur absolue que les rendements des autres jours.
Par ailleurs, Culter, Poterba et Summers (1998) ont
réalisé la même étude en examinant la
réaction du marché financier suite à la survenance de 49
événements. Ils ont constaté que la valeur absolue moyenne
des rendements journaliers sur les 49 dates sélectionnées est de
1.46 % avec un écart type de 2.08%. En revanche, la valeur absolue
moyenne des rendements sur les autres jours au cours de la période 1941
à 1987 était de 0.56% avec un écart type de 0.83%. Culter
et al (1989) ont révélé que ces chiffres ne
reflètent pas la variation dans les prix d'actions. En effet, ces
chiffres montrent qu'aux jours d'événements les actions sont plus
volatiles et inversement.
Kim et Mei (1994) ont examiné les mouvements des prix
sur le marché boursier de Hong Kong et leurs relations avec les
événements politiques, en utilisant l'approche d'étude de
cas. Ils ont montré que les développements politiques ont une
incidence significative sur
32
l'évolution des cours boursiers. Ils ont
également montré que l'existence d'une variable politique pour
les régressions spécifiques augmente le pouvoir explicatif des
modèles, ce qui a été confirmé par Fama (1990). Par
conséquent, Kim et Mei (1994) ont modélisé et ont
justifié la variation de la volatilité en fonction des
événements politiques.
Par ailleurs, Klibanoff, Lamont et wizman (1998) ont
étudié un échantillon de fonds de placement. Ils ont
montré que les événements importants et
d'actualités engendrent une réaction excessive et rapide de la
majorité des investisseurs par rapport changements fondamentaux des
titres. Ils ont trouvé que la valeur absolue et l'écart type des
rendements de deux fonds et l'évolution des valeurs nettes d'inventaire
sont en forte hausse au cours des semaines où on détient les
principaux éléments d'informations que les autres semaines.
Aussi, ils ont montré que l'élasticité des prix des fonds
par rapport à leur valeur liquidative est plus élevée au
cours des semaines d'événements qu'au cours des autres
semaines.
En Israel, Zach (2003) a montré que les rendements
boursiers sont extrêmes les jours où il y a des
événements politiques importants que les autres jours.
Précisément, les actions israéliens qui se trouvent
à la bourse des Etats unis. Ainsi, les événements
politiques entrainent la variation des rendements boursiers d'une façon
extrême. Akysha, Shakil (2009) ont étudié l'effet de
différents événements sur le volume des transactions et
les fluctuations des prix de l'indice KSE 100. Ils ont utilisé la
corrélation de Pearson pour tester l'impact de ces
événements sur les rendements des titres. Ils ont conclu que la
rentabilité boursière fluctue suite à l'apparition de
différents événements.
Conformément à ces études, Aktas et Oncu
(2009) ont examiné l'impact des événements politiques sur
l'échange des titres sur le marché boursier de la Turquie,
précisément, lorsque le parlement turc a rejeté le projet
de la loi contre l'Irak qui donne la permission à l'armée
américaine d'intervenir et d'être facilement
déployée en Irak. Le refus du gouvernement a entrainé la
baisse de l'indice boursier turc. En utilisant, la méthode des moindres
carrés, les auteurs ont conclu que les cours boursiers se comportent
d'une façon inverse suite à tout mauvais événement
politique.
Par ailleurs, Clark et al (2006) ont examiné
l'incidence du risque politique sur la bourse pakistanaise. En se basant sur
les modèles hiérarchique bayesiens, et en utilisant la chaine de
Markov Chain de Monte Carlo (MCMC) pour l'analyse sur les
événements politiques au Pakistan de 1947 à 2001. Ils ont
conclu que les événements politiques ont une influence sur les
rendements boursiers du pays.
33
Rigobon et Sack (2005) ont étudié la
réaction des indicateurs financiers américains au risque de
guerre entre 01/2003 et 03/2003, lorsque la seconde guerre en Irak est devenue
imminente. Ils ont mis en exergue le fait que les marchés boursiers
américains seront susceptibles à la diminution des rendements
causée par un risque de conflit politique attendu. Ceci, a
engendré la hausse du pétrole, la baisse des rendements et des
cours d'actions et la baisse du dollar.
De plus, Schneider et Troeger (2006) ont évalué
l'impact d'événements politiques sur le marché financier
de certaines économies. Ils ont testé de nombreuses
hypothèses pour enquêter sur la relation entre certains conflits
publiques et les marchés financiers, par l'exploitation des
données de séries chronologiques. Ils ont montré que les
réactions des marchés boursiers aux crises internationales ont
été le plus souvent négatives. La seule exception a
été à Wall Street. Alesina, Perotti (1996) et
Sevesson(1998) ont trouvé une relation négative entre
l'instabilité politique et les investissements.
Collier et Pattilo (2001), Hermes, Lensink et Murinde (2002)
ont considéré l'instabilité macroéconomique et
politique, l'emprunt extérieur et le développement financier
comme les principaux facteurs qui influent sur la fuite des capitaux. Ainsi,
l'instabilité politique affecte négativement la croissance
économique.
En revanche, Dar_hsin, Feng et Chun (2005) ont
étudié l'impact des événements politiques sur le
marché taïwanais. Ils ont constaté que les réactions
des prix à la plupart des événements politiques sont
plutôt insignifiantes, avec seulement quelques exceptions. Les
comportements des rendements anormaux sont souvent comparables entre petites et
grandes entreprise étrangers.
Selon Bilson, Brailsford, et Hooper (2002), le risque
politique peut être expliqué en partie par la variation des
rendements des marchés boursiers émergents au niveau des pays et
au niveau de portefeuille global. Leurs résultats révèlent
que le risque politique est important dans l'explication de la variation des
rendements sur les marchés émergents à titre individuel,
en particulier dans le bassin du Pacifique. Cependant, ce risque est inexistant
dans les marchés développés.
Chan et Wei (1996) ont mis l'accent sur l'impact des
événements politiques sur le marché boursier de Hong Kong.
Ils ont trouvé une incidence sur la volatilité des rendements de
plusieurs indices. Cependant, l'impact sur les rendements des actions est non
significatif pour tous les indices.
34
1.2) L'effet des éléctions sur la
volatilité boursière
Les événements politiques sont différents
et multiples en termes de quantité et de valeur. Parmi les principaux
événements politiques, on cite les élections. Dans ce qui
suit, on va étudier l'élection comme un acteur spécifique
ainsi que son impact sur la volatilité boursière.
1.2.1) La spécificité des
élections
La politique peut exercer une influence significative sur la
répartition des revenus et la prospérité. En effet, les
changements des gouvernements et des présidents peuvent engendrer une
modificationdu système de payset peuvent générer
l'incertitude.
Plus précisément, il existe une
différence entre un chef d'Etat d'idéologie de gauche et un chef
d'Etat d'idéologie de droite. Selon la théorie proposée
par Hibbs (1977), les gouvernements de gauche ont une tendance à
privilégier la réduction du chômage, tandis que les
gouvernements de droite attribuent des coûts sociaux plus
élevés. En effet, dans les Etats démocrates, les
électeurs font élire les parties qui reflètent leurs
croyances et leurs intérêts. Les investisseurs sur le
marché financier qui ont une tendance vers la gauche se distinguent des
investisseurs qui ont une tendance vers la droite aux niveaux des
comportements, des intérêts et des sentiments et des analyses
boursières et par conséquent, il y a une grande
probabilité d'observer une volatilité boursière
inattendue.
Par ailleurs, l'appartenance des investisseurs ou des hommes
d'affaires à un parti politique joue un rôle central au niveau du
marché financier. Des études antérieures ont
également montré que l'affiliation au parti du président
et à la majorité des partisans au congrès des Etats unis
peut affecter des entreprises spécifiques (Knight, 2006 ; Jayachandram,
2006).
Knight (2006) a constaté qu'après
l'élection de George W. Bush en 2000, les prix des actions des
sociétés de Tabac ont augmenté de 13%. En revanche, les
prix des actions des principaux concurrents de Microsoft ont diminué de
15%.
1.2.2) Effets des élections sur la
volatilité des titres
Des recherches antérieures montrent que les
élections ont une incidence sur la volatilité boursière.
En effet, Gemmil (1992) a étudié le parlementaire britannique aux
élections de 1987, et a prouvé que les sondages d'opinions ont
été connectés au niveau de l'indice FTSE 100 et aussi
à la volatilité. En effet, Gemmil (1992) a fourni des
renseignements sur la volatilité implicite de l'indice FTSR 100 qui a
été touché et a augmenté sensiblement dans les
35
deux dernières semaines avant les élections et
en parallèle les sondages d'opinions ont estimé la victoire des
conservateurs avec une probabilité croissante.
Bialkowski et al (2008) ont utilisé des donnés
sur 27 pays de l'OCDE, dans le but d'étudier les effets des
élections parlementaires et présidentielles nationales sur la
volatilité du marché financier. Leurs résultats empiriques
montrent que les élections nationales sont alliées à des
périodes de volatilité accrue. Ces résultats sont
compatibles avec ceux de Gemmil (1992). Ce dernier a
révélé que les volatilités implicites ont une
tendance haussière la semaine qui précède les
élections. Dans le même contexte, Li et Born (2006) ont
montré que la volatilité augmente avant les élections
présidentielles américaines lorsque le résultat de
l'élection est incertain.
Nippani et Medlin (2002), Nippani et Arize (2005) et He et al
(2009) ont mis l'accent sur le retard des résultats des élections
présidentielles américaines en 2000. Leurs résultats
montrent que les Etats unis et les marchés financiers internationaux ont
été affectés négativement par l'incertitude
grâce au retard des résultats des élections. Goodell et
Body (2012) après avoir mené une étude sur des ratios
Price Earning Ratio des entreprises de l'indice S&P 500 pendant la
période des élections présidentielles américaines,
ont pu relever une corrélation négative entre l'évaluation
des cours sur le marché et la diminution de l'incertitude
électorale.
Dans ce sens, Li et Born (2006) ont exploité une base
de données de vote des élections présidentielles
américaines pendant une période de 54 ans de 1964 jusqu'à
2000, pour examiner les effets de l'incertitude des élections sur les
rendements boursiers et la volatilité des titres. Leurs résultats
indiquent l'augmentation des cours des actions ainsi que l'incertitude sur le
marché avant les élections lorsqu'aucun candidat n'occupe une
position importante ou dominante dans les sondages présidentiels. En
effet, les changements des gouvernements impliquent une diversification aux
mouvements des rendements des actions.
Riley et Luksetich (1980) signalent que les marchés
financiers réagissent positivement à court terme après les
élections présidentielles. En revanche, l'étude de Santa
Calara et Vakanov (2003) ont étudié les rendements des actions
durant les mandats présidentiels de quatre ans sur la période
1927-1998. Ils ont enregistré une différence persistante entre
les démocrates et les républicains pour la présidence. Ils
ont abouti à des résultats différents. En effet, les
rendements annuels excédentaires sur l'indice de valeurs
pondérées ont été en moyenne plus
élevés de 9% pour les administrations démocrates.
36
Des études antérieures ont mis en exergue
l'incertitude sur le résultat des élections ce qui entraine des
implications importantes sur les investisseurs qui deviennent averses au
risque. En effet, Frensh et Poterba (1991) et Baxter et Jernoun (1997) ont
montré que les investisseurs sont moins diversifiés à
l'échelle internationale et ils ont un biais domestique significatif.
C'est à dire, les investisseurs sont sous pression des résultats
des élections. Ainsi, ils deviennent de plus en plus prudents
jusqu'à l'annonce des résultats.
En revanche, Powell et al (2007) et Sy et Al Zaman (2011) ont
trouvé une différence significative au niveau des rendements
boursiers entre les démocrates et les républicains dans la
présidence après le contrôle des biais d'estimation et la
différence du risque systématique.
Jones et Baning (2009) ont étudié la relation
entre la performance du marché boursier et les diverses élections
américaines en exploitant les rendements d'actions mensuels durant une
période de 104 ans. Ils ont constaté l'inexistence d'un effet
systématique sur les marchés boursiers.
En utilisant les données de 15 pays, Bohl et Gottshalk
(2006) ont examiné l'effet du cycle politique sur les rendements
boursiers. Leurs résultats montrent l'inexistence d'un effet
significatif entre la première et la dernière partie du cycle
électoral sur la volatilité boursière. Egalement, il n'a
aucun effet significatif entre la nature du gouvernement (de gauche, de droite)
et la rentabilité boursière.
A partir de cette section, on peut formuler notre première
hypothèse :
H1 : les événements politiques ont
une incidence sur la volatilité boursière.
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