Chapitre 1:
La volatilité boursière
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Introduction
La volatilité est l'un des sujets les plus
traités en finance à cause de ses impacts sur le marché
financier d'une façon précise et sur l'économie d'un pays
d'une façon générale. En effet, la volatilité est
un indicateur pertinent pour les différents acteurs des marchés
tels que les investisseurs, les ménages et les institutions
financières. Afin de distinguer le mauvais du bon titre boursier, on
utilise la volatilité comme un critère de choix. Elle nous permet
d'aider à acquérir les titres les plus rentables. Autrement dit,
si le titre est volatile,l'investisseur peut avoir une grande
probabilité de perte ou de gain, puisque le titre n'est pas stable. En
effet, il peut être réservé à la hausse comme il
peut être réservé à la baisse. Les titres les plus
volatiles peuvent générer une rentabilité
supérieure à ceux de faible volatilité. Ainsi, la
volatilité est un critère très intéressant qui
mérite d'être approfondi en étudiant ses impacts sur le
marché financier.
L'intérêt de la volatilité est motivé
par deux raisons :
En premier lieu, son utilisation comme un outil de gestion de
risque. De nos jours, les analystes ne cherchent pas à maximiser la
rentabilité (génèrent des rentabilités
jugées satisfaisantes) mais, cherchent plutôt des méthodes
pour bien maitriser le risques vu l'incertitude et les mutations
économiques et financiers dans le monde entier. Ceci reflète
l'importance de la volatilité comme un outil de gestion de risque.
En deuxième lieu, le grand nombre de produits
dérivés transigés dans les marchés financiers. En
effet, pour se couvrir contre le risque, l'investisseur doit recourir à
la volatilité pour se protéger contre les titres à risque
élevé. En d'autre terme, chaque investisseur cherche à se
couvrir contre les différents risques qui se rattachent aux variations
des prix des actifs financiers et bien estimer ou anticiper les prix futurs de
ces derniers.
Dans ce cadre, on va se concentrer dans la première
section à définir et à introduire le concept de la
volatilité en expliquant son utilité et ses types qui se
manifestent sur les marchés financiers. Dans la deuxième section,
on va présenter les différentes approches de mesure de la
volatilité et les méthodes les plus utilisées pour les
différents intervenants sur le marché. Dans la troisième
section, on va s'intéresser aux facteurs qui affectent la
variabilité des cours et par conséquent, les facteurs structurels
et conjoncturels qui ont des incidences sur les fluctuations des cours.
Finalement, Dans la quatrième section, on va décrire
l'environnement avant et après la révolution tunisienne en
évoquant les principaux changements politiques, économiques et
sociaux.
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Section 1 : Le concept de la volatilité
Dans cette section, on va mettre en exergue le fondement de la
volatilité ainsi que son évolution au fil de temps. Ensuite, on
présentera les différentes définitions, ainsi que les
principaux types de la volatilité
1.1) Fondement et évolution de la
volatilité dans le temps
L'hypothèse de l'espérance d'un actif financier
peut être élaborée par un processus aléatoire
à accroissement identique et indépendant de loi gaussienne. Elle
consiste à modéliser les fluctuations boursières. Dans ce
cadre, on peut dire que le risque est concrétisé seulement par
l'écart type ou bien la variabilité de la rentabilité d'un
actif. En finance, on constate que l'utilisation de la loi normale pour
appréhender ou décrire l'évolution des rentabilités
est très adéquate.
Les recherches antérieures consistent à
appréhender et à comprendre la volatilité du marché
financier. La première étude mettant en lumière
l'existence de la volatilité excessive est celle de Shiller (1981). Ce
dernier a appliqué le test des bornes de la variance sur les
séries de l'indice S&P500 (1871-1979) et de l'indice Dow Jones
Industriel (1928-1979). Leurs résultats ont révélé
une volatilité des cours observés supérieure à
celle des prix rationnels ex-postes. En outre, Schwert(1990) a montré
que suite à une augmentation de la volatilité du marché
(mesurée par le pourcentage de variation des prix ou bien le taux de
rentabilité), engendre une probabilité importante de changements
des prix.
Shiller (1990) a déduit que la volatilité
boursière est excessivement élevée. En utilisant le
pourcentage de la variation des prix, la volatilité a augmenté
avec une vitesse maximale sur des intervalles courts. Parmi ces périodes
qui sont caractérisées par une forte volatilité, on cite
l'année 1987 qui a touché les actions, l'année 1992 qui a
touché le taux de change et l'année 1994 qui a touché
l'obligation. Kupiec (1991) a montré que la volatilité a
été fortement élevée au cours de cette
période et a touché beaucoup de nations de L'OCDE. Cette
volatilité moyenne élevée sur des courtes périodes
peut être expliquée par des volatilités de
rentabilités anormales.
La volatilité peut être causée par les
changements des facteurs économiques. Mais, elle peut également
découler par d'autres facteurs comme les anticipations irrationnelles,
les crises financières successives, l'incertitude géopolitique...
Par conséquent, tous ces facteurs ont entrainé une
surévaluation des cours boursiers qui ont perdu subitement de leurs
valeurs et de leurs importances.
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1.2) Définition de la
volatilité
La volatilité mesure la proportion d'une valeur
mobilière ou d'un marché qu'il soit à la hausse ou
à la baisse. Elle s'exprime en pourcentage. Sur une courte
période, les titres qui ont une tendance à une forte variation,
peuvent être considérés comme des titres volatils.
La volatilité n'est pas la même pour les actions
et pour les obligations. En effet, pour les actions, la volatilité
consiste à mesurer la volatilité relative d'un titre par rapport
à l'ensemble du marché. Par exemple, suite à une
augmentation d'une unité de l'indice de marché, il s'agit de voir
comment notre titre va varier à la hausse ou bien à la baisse en
utilisant le BETA. Pour l'obligation, la volatilité est liée
à la duration. Cette dernière est un instrument financier
à taux fixe. Elle est définie comme la durée de vie
moyenne des flux financiers pondérés par leur valeur
actualisée. En effet, plus la durée est longue, plus on obtient
un risque plus élevé.
Une forte volatilité d'un titre ou d'un marché
est considérée comme un indicateur de perturbation. Elle
désigne un écart type important autour des valeurs
théoriques. Donc, les titres ont du mal se stabiliser. Tandis qu'une
faible volatilité se caractérise par une quasi-stabilité.
C'est à dire, les cours ne varient pas de telle sorte qu'ils n'ont pas
des effets sur le marché financier.
D'une manière générale,
[avolatilité est considérée généralement
comme l'écart entre un prix de marché et les fondamentaux
économiques, qui justifient rationnellement la valorisation de l'actif
considéré. Par ailleurs, Pastre(2002) a trouvé cette
définition rationnelle seulement en apparence et dans un cadrestatique.
Son argument est que la volatilité n'a de sens et d'impact sur les
mécanismes économiques qu'en cadre dynamique. En revanche,
Shiller (1981,1989), Odean (1999), Barberis et Thaler (2003), Chuang et Lee
(2006) et Glaser et Werber (2007) ont montré que la volatilité
excessive des cours des titres est un phénomène pathologique. En
effet, il semble improbable d'expliquer le niveau des actifs risqués en
se basant uniquement sur le comportement dynamique des fondamentaux. Daly
(1999) a défini la volatilité comme la variabilité de la
variable. En effet, plus la variable fluctue durant une période, plus
elle est censée être volatile. [a volatilité est
associée à l'imprévu, l'incertain et au risque.
1.3) Les types de la volatilité
On distingue la volatilité historique et la
volatilité implicite.
? La volatilité historique : Elle est calculée
à partir des cours passés. Empiriquement, l'estimation de la
volatilité d'une action est détectée par les prix des
actions sur une période de temps bien déterminée (le jour,
la semaine, le mois..). Parkinson (1980) a
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proposé que le recours aux prix les plus
élevés et les plus bas d'une même journée donne une
meilleure estimation de la véritable volatilité.
? La volatilité implicite : Elle est calculée
à partir du prix d'une option, dans le but de se couvrir contre un
scenario extrême, et à titre d'exemple, l'augmentation du prix du
pétrole à la première partie de l'année 2008, le
baril a atteint 147 dollars. Ce qui fait, les investisseurs doivent se
protéger par une option de vente en avant, cependant, le prix d'une
option reflète l'ampleur des variations probables. C'est à dire
la volatilité implicite. En effet, la volatilité implicite est
une grandeur dérivée et très appropriée pour
expliquer les fluctuations des prix. La volatilité implicite est
calculée à partir du modèle de Black et Scholes (1973).
Cette dernière est généralement considérée
comme le rendement futur attendu de la volatilité du marché de
l'actif sous-jacent. En effet, si les marchés des options sont
efficients, alors la volatilité implicite du marché devrait
être une bonne prévision de la volatilité future. En effet,
elle intègre les informations contenues dans toutes les variables dans
l'ensemble de l'information du marché (Prabhala, 1998).
Certaines études ont examiné le pouvoir
prédictif des deux volatilités. Cependant, elles n'ont pas abouti
à des résultats clairs, et qui sont des fois même
contradictoire, entre la volatilité implicite et historique. D'autres,
ont mis l'accent sur le pouvoir prédictif de la volatilité
implicite. Le premier courant de recherche (Latane et Rendleman (1976) ,
Manster (1978), Beckers, (1981)) a constaté que la volatilité
implicite dépasse la volatilité historique. Dans le même
sens, certains auteurs ont trouvé des conclusions similaires, tels que
Fleming et al (1995) pour les futures indices du marché, Christensen et
prabhala (1998) pour les actions et Giot (2007) pour les produits agricoles.
Par ailleurs, Szahmary et al (2003) ont utilisé les données de 35
marchés des options. Ils ont conclu que la volatilité implicite
dépasse la volatilité historique comme étant un
prédicateur de la volatilité réalisée.
En revanche, D'autres études telles que celle de Day et
Lewis (1992) et Lamoureux et Lastrapes (1993) ont trouvé que la
volatilité implicite est biaisée et inefficace du moment que la
volatilité historique contient des informations prédictives
concernant la volatilité future, au delà de celles prévues
par la volatilité implicite. Conformément à ces
études, Kumar et Shastri (1990) et Randolph et al (1990) ont conclu que
la volatilité implicite a peu de pouvoir pour prédire la
volatilité réalisée. Par ailleurs, Canina et Fliglewsi
(1993) ont révélé qu'il n'y a aucune relation entre la
volatilité implicite et la volatilité réalisée.
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