1-3-2-Revue empirique
Des arguments théoriques et des données
historiques ont révélé l'existence d'un lien étroit
entre les investissements réalisés dans l'agriculture et la
productivité économique. Mais il a fallu attendre la fin des
années 80 pour que les économistes commencent à
élaborer des mesures quantitatives de ce lien en construisant des
modèles macro-économétriques.
L'étude de Bigot et Raymond(1991) a analysé
trois types d'exportation agricole (culture manuelle, culture attelée et
culture motorisée) et conclut qu'en combinant la force de travail et
l'équipement manuel, on peut passer d'une exportation 3.5 fois plus
grande à l'origine à des exportations qui le deviennent 5 fois
avec la traction animale et 10 fois plus avec la traction
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.Analyse de Cimpact des investissements publics dans Ce
secteur agricole sur Ça croissance économique au
Bénin
animale combinée à la petite motorisation. Une
étude de Winch(1976) portant sur la production du riz dans le Nord Ghana
a fait ressortir que les systèmes de production basés sur le
tracteur étaient rentables pour les paysans mais comportaient des
coûts élevés pour la collectivité. Au Burkina-Faso,
Zerbo (1995) établit des budgets de production de 41 exploitations (21
en culture attelée et 20 en culture motorisée) et a
considéré les marges nettes à l'hectare, par actif et par
ménage (au prix officiel et au prix du marché) du coton, du mais
et du sorgho. Dans leur globalité, les résultats sont meilleurs
en culture attelée qu'en culture motorisée.
Selon ces auteurs, d'après les projections
réalisées par l'Etude Nationale de Prospective à Long
Terme dans la phase expérimentale pour le Bénin en 2025, les
besoins en production vivrières connaîtraient une croissance de 6%
par an. Elles ne seront satisfaites qui si les exploitants améliorent
leur technique et moyen de production.
Chataigner (1988) donne pour l'Indonésie, les motifs
d'utilisation du tracteur (propriétaires et locataires).
L'amélioration des conditions de travail, travail moins fastidieux et
plus rapide comme le travail manuel et la traction animale prennent beaucoup
plus de temps, les frais d'exploitation deviennent relativement
élevés, l'insuffisance de la main d'oeuvre et des animaux de
trait au moment de la préparation du sol, le prestige social.
L'utilisation du tracteur permet au paysan de se démarquer par rapport
aux méthodes traditionnelles de travail. Dovring atteste que dans
certaine mesure, la mécanisation peut permettre un rapide travail de sol
mais que ce schéma ne tient pas là où il y a un surplus de
main d'oeuvre. Il souligne également que l'énergie
mécanique peut jouer un grand rôle même dans les pays
à faible revenu, pour la préparation du sol (nettoyage, labour
profond) et que l'importance à accorder à cette forme
d'énergie sera d'autant plus que si les saisons improductives sont trop
longues de sorte que les animaux de trait constituent une charge plus
élevé.
La mécanisation se présente donc comme une
technologie coûteuse qui nécessite souvent des devises
étrangères importantes Meijden (1988). En Afrique subsaharienne,
l'investissement exigé par l'acquisition des charrues représente
l'équivalent de 2,4 à 2,7 fois le revenu monétaire annuel
moyen des agriculteurs Pingali et al (1987). L'investissement devient de plus
en plus élevé à cause du coût des matériels
importés dû aux dévaluations des monnaies
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.Tnalyse de l~impact des investissements
publics dans le secteur agricole sur la croissance économique au
Bénin
Bigot et Raymond (1991).Bon nombre d'agriculteurs à
faible revenu peuvent rarement se permettre l'acquisition des
équipements Meijden (1988). L'acquisition des matériels
tractés et animaux exige donc du crédit (Pingal et al (1987).
Mais il existe des difficultés à garantir le remboursement du
prêt et au taux de remboursement élevé de ce dernier le
Thiec(1996).
L'absence des disponibilités locales
d'équipement qu'il y a à se procurer les pièces
détachées et à accéder aux services après
vente constituent d'autres formes de contraintes liées à
l'adoption de la mécanisation Pingali et al (1987), Le Thiec (1996). Par
ailleurs, la pénurie des mécaniciens compétents augmente
les risques de panne des machines Meijden (1988). Par contre, dans les
régions subhumides à pluviométrie variant entre 800 et
1200 mm la traction animale agricole est déjà bien
implantée et présente les perspectives de développement
des importantes du fait des conditions agro climatiques favorables. La zone
subhumide présente donc un intérêt particulier pour la
traction animale. Cet intérêt réside dans l'acquisition de
l'équipement grâce à l'accumulation de bétail dont
l'élevage favorisé par la diminution de l'infestation glossaire
est en forte évolution Le Thiec (1996). Toutefois certaines
localités de ces régions présentent encore un faible taux
d'adoption de la mécanisation.
Les économistes ont toujours accordé une place
importante à l'agriculture pour la croissance économique. Pour
Lewis (1954), l'agriculture participe à la formation du capital,
libère la main d'oeuvre faiblement productive pour alimenter les autres
secteurs notamment l'industrie en constituant un marché pour les
produits industriels fournisseur des devises permettant de financer les
importations. Gillis (1990) estime que l'agriculture, de part son potentiel de
profits, attire des investissements directs étrangers créant des
emplois et ouvrant de nouveaux créneaux d'investissements au profit des
entrepreneurs locaux pour une augmentation de la production locale. Selon la
Banque Mondiale (2008), L'agriculture contribue au développement en tant
qu'activité économique, moyen de subsistance et fournisseur de
services environnementaux, ce qui en fait un instrument de développement
unique. Cela est confirmé par une étude menée par Patrick
Guillaumont en 2003, à partir des travaux de Barro et Sala-i-Martin
(1996), qui conclut que seules les conditions environnementales (à
travers le secteur agricole) ont un impact significatif sur la croissance de la
production au Sahel. Cependant, comme tout secteur économique, le
secteur agricole a besoin de financement pour
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.Tnalyse de l~impact des investissements
publics dans le secteur agricole sur la croissance économique au
Bénin
une meilleure contribution à la croissance. En effet,
les ressources financières conditionnent pour une large part
l'accessibilité aux intrants et aux équipements
nécessaires pour l'adoption d'un système de production intensif.
Cependant, la littérature révèle une faiblesse de
financement dans l'agriculture dans beaucoup de pays en développement.
La FAO (1996) note un sous-investissement dans l'agriculture au cours de la
dernière décennie dans de nombreux pays en développement.
Elle constate qu'une grande part des dépenses publiques pour
l'agriculture est destinée à des subventions, si bien qu'il ne
reste que peu de ressources publiques pour la création de nouvelles
infrastructures ou pour d'autres dépenses génératrices de
croissance. Dans le cas du Burkina, les subventions sont plutôt
ponctuelles et rares et les dépenses agricoles sont principalement
destinées au paiement des salaires des fonctionnaires et à la
couverture des dépenses de fonctionnement des administrations en charge
de l'agriculture (Zonon, 2008). Selon les experts de la FAO (1996), à
cause de l'insuffisance des financements, un grand nombre de services de
soutien agricole gouvernementaux fonctionnent mal, les routes rurales sont
impraticables pendant une grande partie de l'année, les machines
agricoles sont inutilisables et les périmètres d'irrigation sont
en mauvais état, alors que l'érosion, le déboisement et la
salinisation continuent de s'accélérer, à un rythme
toujours plus rapide. On note aussi que, depuis le milieu des années 80,
l'aide publique au développement en faveur de l'agriculture a
sensiblement baissé (FAO, 1996).
Plusieurs études réalisées au Burkina
montrent que le niveau d'efficacité des producteurs est très
faible. Zonon (1996), Kaboré (1996) estiment le niveau
d'efficacité des producteurs burkinabè à environ 40%; ce
qui signifie que les producteurs pourraient augmenter leur production de 60% si
leur efficacité technique s'améliorait. Dans la
littérature, l'éducation est le facteur le plus cité par
les auteurs comme facteur explicatif du niveau d'efficacité des
producteurs (Zonon, 2003). Cependant, il n'y a pas de consensus global
concernant l'impact de l'investissement dans l'éducation sur la
productivité des paysans. Gurgand (1994,1997) trouve que
l'éducation à un rendement nul voire négatif dans
l'agriculture en Côte-d'Ivoire. Par contre Tilak (1993) et Coltear (1990)
font une revue de plusieurs études en Asie et en Europe montrant que
l'éducation accroît significativement la productivité. Dans
le cas du Burkina, Zonon (2003) montre que l'alphabétisation a un impact
important sur le niveau d'efficacité des paysans. Cependant,
l'éducation, à elle seule, n'augmente pas
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.Analyse de Cimpact des investissements publics dans Ce
secteur agricole sur Ça croissance économique au
Bénin
systématiquement le niveau de performance des
producteurs; les politiques d'éducation doivent être suivies de
politiques d'équipement des producteurs ou de politiques de transmission
de techniques plus modernes. Une étude menée par le CAPES en 2008
sur les cultures maraichères montre que les baisses de rendements
traduisent soit une maîtrise insuffisante des techniques de production,
soit une baisse de la qualité des semences ou les deux à la fois.
L'étude recommande une révision des techniques de production, un
renforcement de la formation et l'appui des producteurs et techniciens
agricoles sur les itinéraires techniques de production. Les travaux de
Fadonougbo et Koba (2008) au Bénin, relatifs aux effets des
infrastructures sur la croissance économique ont montré qu'une
augmentation de 1% des investissements dans le transport accroit la production
intérieure de 0,33%. De même les études de
Mèdéhouénou et Sènou au Bénin (2011)
montrent que les investissements en infrastructures d'éducation à
long terme influencent plus les spéculations agricoles que ceux du
transport et de santé.
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