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Analyse de l'impact des investissements publics dans le secteur agricole sur la croissance économique au Bénin

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par Félicien HOUNKANRIN
Université d'Abomey-Calavi (Bénin) - Licence professionnelle en science économique 2011
  

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1-3-2-Revue empirique

Des arguments théoriques et des données historiques ont révélé l'existence d'un lien étroit entre les investissements réalisés dans l'agriculture et la productivité économique. Mais il a fallu attendre la fin des années 80 pour que les économistes commencent à élaborer des mesures quantitatives de ce lien en construisant des modèles macro-économétriques.

L'étude de Bigot et Raymond(1991) a analysé trois types d'exportation agricole (culture manuelle, culture attelée et culture motorisée) et conclut qu'en combinant la force de travail et l'équipement manuel, on peut passer d'une exportation 3.5 fois plus grande à l'origine à des exportations qui le deviennent 5 fois avec la traction animale et 10 fois plus avec la traction

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animale combinée à la petite motorisation. Une étude de Winch(1976) portant sur la production du riz dans le Nord Ghana a fait ressortir que les systèmes de production basés sur le tracteur étaient rentables pour les paysans mais comportaient des coûts élevés pour la collectivité. Au Burkina-Faso, Zerbo (1995) établit des budgets de production de 41 exploitations (21 en culture attelée et 20 en culture motorisée) et a considéré les marges nettes à l'hectare, par actif et par ménage (au prix officiel et au prix du marché) du coton, du mais et du sorgho. Dans leur globalité, les résultats sont meilleurs en culture attelée qu'en culture motorisée.

Selon ces auteurs, d'après les projections réalisées par l'Etude Nationale de Prospective à Long Terme dans la phase expérimentale pour le Bénin en 2025, les besoins en production vivrières connaîtraient une croissance de 6% par an. Elles ne seront satisfaites qui si les exploitants améliorent leur technique et moyen de production.

Chataigner (1988) donne pour l'Indonésie, les motifs d'utilisation du tracteur (propriétaires et locataires). L'amélioration des conditions de travail, travail moins fastidieux et plus rapide comme le travail manuel et la traction animale prennent beaucoup plus de temps, les frais d'exploitation deviennent relativement élevés, l'insuffisance de la main d'oeuvre et des animaux de trait au moment de la préparation du sol, le prestige social. L'utilisation du tracteur permet au paysan de se démarquer par rapport aux méthodes traditionnelles de travail. Dovring atteste que dans certaine mesure, la mécanisation peut permettre un rapide travail de sol mais que ce schéma ne tient pas là où il y a un surplus de main d'oeuvre. Il souligne également que l'énergie mécanique peut jouer un grand rôle même dans les pays à faible revenu, pour la préparation du sol (nettoyage, labour profond) et que l'importance à accorder à cette forme d'énergie sera d'autant plus que si les saisons improductives sont trop longues de sorte que les animaux de trait constituent une charge plus élevé.

La mécanisation se présente donc comme une technologie coûteuse qui nécessite souvent des devises étrangères importantes Meijden (1988). En Afrique subsaharienne, l'investissement exigé par l'acquisition des charrues représente l'équivalent de 2,4 à 2,7 fois le revenu monétaire annuel moyen des agriculteurs Pingali et al (1987). L'investissement devient de plus en plus élevé à cause du coût des matériels importés dû aux dévaluations des monnaies

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Bigot et Raymond (1991).Bon nombre d'agriculteurs à faible revenu peuvent rarement se permettre l'acquisition des équipements Meijden (1988). L'acquisition des matériels tractés et animaux exige donc du crédit (Pingal et al (1987). Mais il existe des difficultés à garantir le remboursement du prêt et au taux de remboursement élevé de ce dernier le Thiec(1996).

L'absence des disponibilités locales d'équipement qu'il y a à se procurer les pièces détachées et à accéder aux services après vente constituent d'autres formes de contraintes liées à l'adoption de la mécanisation Pingali et al (1987), Le Thiec (1996). Par ailleurs, la pénurie des mécaniciens compétents augmente les risques de panne des machines Meijden (1988). Par contre, dans les régions subhumides à pluviométrie variant entre 800 et 1200 mm la traction animale agricole est déjà bien implantée et présente les perspectives de développement des importantes du fait des conditions agro climatiques favorables. La zone subhumide présente donc un intérêt particulier pour la traction animale. Cet intérêt réside dans l'acquisition de l'équipement grâce à l'accumulation de bétail dont l'élevage favorisé par la diminution de l'infestation glossaire est en forte évolution Le Thiec (1996). Toutefois certaines localités de ces régions présentent encore un faible taux d'adoption de la mécanisation.

Les économistes ont toujours accordé une place importante à l'agriculture pour la croissance économique. Pour Lewis (1954), l'agriculture participe à la formation du capital, libère la main d'oeuvre faiblement productive pour alimenter les autres secteurs notamment l'industrie en constituant un marché pour les produits industriels fournisseur des devises permettant de financer les importations. Gillis (1990) estime que l'agriculture, de part son potentiel de profits, attire des investissements directs étrangers créant des emplois et ouvrant de nouveaux créneaux d'investissements au profit des entrepreneurs locaux pour une augmentation de la production locale. Selon la Banque Mondiale (2008), L'agriculture contribue au développement en tant qu'activité économique, moyen de subsistance et fournisseur de services environnementaux, ce qui en fait un instrument de développement unique. Cela est confirmé par une étude menée par Patrick Guillaumont en 2003, à partir des travaux de Barro et Sala-i-Martin (1996), qui conclut que seules les conditions environnementales (à travers le secteur agricole) ont un impact significatif sur la croissance de la production au Sahel. Cependant, comme tout secteur économique, le secteur agricole a besoin de financement pour

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une meilleure contribution à la croissance. En effet, les ressources financières conditionnent pour une large part l'accessibilité aux intrants et aux équipements nécessaires pour l'adoption d'un système de production intensif. Cependant, la littérature révèle une faiblesse de financement dans l'agriculture dans beaucoup de pays en développement. La FAO (1996) note un sous-investissement dans l'agriculture au cours de la dernière décennie dans de nombreux pays en développement. Elle constate qu'une grande part des dépenses publiques pour l'agriculture est destinée à des subventions, si bien qu'il ne reste que peu de ressources publiques pour la création de nouvelles infrastructures ou pour d'autres dépenses génératrices de croissance. Dans le cas du Burkina, les subventions sont plutôt ponctuelles et rares et les dépenses agricoles sont principalement destinées au paiement des salaires des fonctionnaires et à la couverture des dépenses de fonctionnement des administrations en charge de l'agriculture (Zonon, 2008). Selon les experts de la FAO (1996), à cause de l'insuffisance des financements, un grand nombre de services de soutien agricole gouvernementaux fonctionnent mal, les routes rurales sont impraticables pendant une grande partie de l'année, les machines agricoles sont inutilisables et les périmètres d'irrigation sont en mauvais état, alors que l'érosion, le déboisement et la salinisation continuent de s'accélérer, à un rythme toujours plus rapide. On note aussi que, depuis le milieu des années 80, l'aide publique au développement en faveur de l'agriculture a sensiblement baissé (FAO, 1996).

Plusieurs études réalisées au Burkina montrent que le niveau d'efficacité des producteurs est très faible. Zonon (1996), Kaboré (1996) estiment le niveau d'efficacité des producteurs burkinabè à environ 40%; ce qui signifie que les producteurs pourraient augmenter leur production de 60% si leur efficacité technique s'améliorait. Dans la littérature, l'éducation est le facteur le plus cité par les auteurs comme facteur explicatif du niveau d'efficacité des producteurs (Zonon, 2003). Cependant, il n'y a pas de consensus global concernant l'impact de l'investissement dans l'éducation sur la productivité des paysans. Gurgand (1994,1997) trouve que l'éducation à un rendement nul voire négatif dans l'agriculture en Côte-d'Ivoire. Par contre Tilak (1993) et Coltear (1990) font une revue de plusieurs études en Asie et en Europe montrant que l'éducation accroît significativement la productivité. Dans le cas du Burkina, Zonon (2003) montre que l'alphabétisation a un impact important sur le niveau d'efficacité des paysans. Cependant, l'éducation, à elle seule, n'augmente pas

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systématiquement le niveau de performance des producteurs; les politiques d'éducation doivent être suivies de politiques d'équipement des producteurs ou de politiques de transmission de techniques plus modernes. Une étude menée par le CAPES en 2008 sur les cultures maraichères montre que les baisses de rendements traduisent soit une maîtrise insuffisante des techniques de production, soit une baisse de la qualité des semences ou les deux à la fois. L'étude recommande une révision des techniques de production, un renforcement de la formation et l'appui des producteurs et techniciens agricoles sur les itinéraires techniques de production. Les travaux de Fadonougbo et Koba (2008) au Bénin, relatifs aux effets des infrastructures sur la croissance économique ont montré qu'une augmentation de 1% des investissements dans le transport accroit la production intérieure de 0,33%. De même les études de Mèdéhouénou et Sènou au Bénin (2011) montrent que les investissements en infrastructures d'éducation à long terme influencent plus les spéculations agricoles que ceux du transport et de santé.

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