1.2. CADRE GEOGRAPHIQUE
1.2.1. CARACTERISTIQUES GENERALES
Compris entre 2° 21' et 2° 33' de longitude est, et
6° 22' et 6° 30' de latitude nord, le lac Nokoué couvre une
superficie d'environ 150 km2 (Le Barbé et al.,
1993). Il a une longueur moyenne de 20 km dans sa direction est-ouest et une
largeur de 11 km dans sa direction nord-sud (Le Barbé et al.,
1993). D'une profondeur comprise entre 0,4 m et 3,4 m, il est directement
relié à l'Océan par le chenal de Cotonou sur une longueur
de 4,5 km avec une largeur de 300 m environ (Gnonhossou, 2006).
Partiellement fermé (Nichols et Allen, 1981 cité
par Gnonhossou, 2006), le lac Nokoué communique à l'est avec la
lagune de Porto-Novo par l'intermédiaire du canal Totchè. Il est
partagé par 5 communes à savoir : Sô-Ava,
Aguégués, Abomey-Calavi, Cotonou et Sèmè-Kpodji
(Figure 1.2).
16
Figure 1.2: Situation du secteur
d'étude
Le secteur d'étude est la partie du lac Nokoué
située en territoire Sô-Ava (120 km2). Il comprend les
arrondissements de Ganvié 1, Ganvié 2, Vêkky,
Houédo-Aguékon et de Dékanmey.
Le lac Nokoué est habité par les Toffins. Leur
principale activité demeure la pêche. Le commerce est la
deuxième activité. Ainsi, le marché Dantokpa, au coeur de
Cotonou, constitue le plus grand marché de la sous région. Le
secteur informel représente 2/3
17
des activités commerciales et assure la subsistance de
la majeure partie de la population (Degni-Segui, 2001). La proximité du
Nigeria favorise le trafic frauduleux des produits pétroliers moins
chers à travers le lac. Cette activité constitue un danger
potentiel pour l'environnement. La vente des poissons issus de la pêche
est généralement assurée par les femmes des
pêcheurs.
Le milieu de vie des Toffins fait partie d'une entité
géographique avec des caractéristiques physiographiques bien
définies.
1.2.2. CARACTERISTIQUES GEOLOGIQUES ET
GEOMORPHOLOGIQUES
Lors de la dernière transgression marine
nouackchottienne du Sénégal ou flandrienne de l'Europe
(Holocène inférieur, 10 000 à 3000 BP), la basse
vallée de l'Ouémé, submergée, a donné lieu
à une profonde ria (Texier et al., 1979 cité par
Lougbégnon, 2000). Le remblaiement de cette dernière s'est
opéré progressivement par la formation du cordon littoral sableux
(avec en profondeur de l'argile vaseuse) et par apports sédimentaires de
la rivière Sô et du fleuve Ouémé sur le fond de
cette ria en période de crue principalement (Texier et al.,
1979 ; Dissou, 1986 cités par Lougbégnon, 2000). Ce comblement
s'est fait avec des couches de roche dure et de roche tendre successivement.
Ceci a finalement conduit à la formation d'un système lagunaire
dont le lac Nokoué et la lagune de Porto-Novo sont les témoins
actuels (Pélissier, 1963).
Le lac Nokoué se situe au contact de trois structures
géologiques et géomorphologiques qui sont :
o les plateaux sub-horizontaux du continental terminal à
l'est et à l'ouest ;
o les cordons littoraux Ogoliens et Holocènes du Sud ;
o l'échancrure du bassin inférieur de
l'Ouémé-Sô (Colleuil et Texier, 1987).
Seules les dernières formations concernent la Commune de
Sô-Ava.
Le fond du lac Nokoué est en grande partie vaseux
notamment à l'Ouest et dans les zones profondes du centre. Des bancs
sableux sont observés dans les zones peu profondes littorales du Sud et
de l'Est, notamment près du delta de l'Ouémé (Adounvo,
2001).
18
1.2.3. CARACTERISTIQUES HYDROLOGIQUES ET CLIMATIQUES
1.2.3.1. Caractéristiques hydrologiques
Le lac Nokoué est alimenté par la
rivière Sô et le fleuve Ouémé. D'une longueur de
84,4 km (Bénin Topo Foncier, 2006), la rivière Sô prend sa
source du lac Hlan à l'ouest de Kpomè (situé dans la
Commune de Toffo). Elle est reliée au fleuve Ouémé par des
marigots (Pélissier, 1963) et se déverse dans le lac
Nokoué après s'être divisée en plusieurs bras : le
delta de la Sô (Figure 1.2).
Ses plus forts débits sont observés pendant les
crues qui s'installent entre août et novembre, et ses plus faibles
débits s'enregistrent pendant l'étiage se situant
généralement entre février et avril (Figure 1.3).
Figure 1.3: Fonctionnement hydrologique de la
Sô (Bénin Topo Foncier, 2006)
Le fonctionnement de la Sô (Kouhoundji, 2010) est en
même temps le rythme hydrologique du lac Nokoué. Il peut
être divisé en 5 phases (Figure 1.3):
- la première phase est la période au cours de
laquelle l'eau est à son niveau le plus bas dans le lit mineur. Cette
période s'étend de février à avril. Pendant cette
période, des cultures peuvent être pratiquées dans des
zones inondables. Elles
19
bénéficient des réserves en eau du sol de
ces zones en attendant le début de la grande saison des pluies ;
- la deuxième phase correspond à la
période où l'eau atteint le niveau le plus élevé
dans le lit mineur. Elle s'étend de mai à août. Des
cultures peuvent être pratiquées dans les zones inondables mais
à une distance plus raisonnable des cours et plans d'eau. Vers la fin de
cette période, l'on peut procéder au rabat des herbes qui seront
décomposées au cours de la crue ;
- la troisième phase est la période où
l'eau s'installe dans le lit majeur : c'est la période des crues. Elle
s'étend d'août à novembre. L'eau atteint le niveau le plus
élevé généralement en septembre. Les herbes
rabattues se décomposent pour fertiliser le sol. Pendant cette
période, aucune activité agricole n'est possible dans les zones
inondables. Par contre, en terre exondée, les travaux champêtres
peuvent poursuivre leur cours normal ;
- la quatrième phase est la période où
l'eau commence par se retirer progressivement. C'est le début de la
décrue. Elle s'étend de novembre à décembre.
Pendant cette période, la préparation des terres inondables
périphériques aux terres exondées peuvent débuter
;
- la cinquième phase est la période où
l'eau retrouve progressivement son lit mineur : c'est la décrue. Elle
s'étend de décembre à février.
1.2.3.2. Caractéristiques climatiques
Le lac Nokoué jouit d'un climat subéquatorial
caractérisé par l'alternance de deux saisons pluvieuses et de
deux saisons sèches. D'après Carles et al. (1954),
l'indice climatique le plus utilisé pour caractériser le climat
en pays intertropicaux est le diagramme ombrothermique. Dans cet indice, les
précipitations et les températures moyennes mensuelles sont mises
en jeu. Dans la zone d'étude, les températures varient entre un
minimum de 24 °C et un maximum de 35 °C de 1970 à 2011
(ASECNA) (Figure 1.4).
Précipitations
350
300
250
200
150
100
50
0
0
75
50
25
150
125
100
Températures
20
Jan Fév Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov
Déc
Précipitations (mm) Températures (°C)
Figure 1.4 : Diagramme ombrothermique du milieu
d'étude (1970-2011)
La grande saison des pluies s'étend de mars à
juillet et la petite, de septembre à fin octobre (Figure 1.4). La grande
saison sèche s'étant de novembre à début mars et la
petite a lieu en août. Ces saisons combinées avec les
caractéristiques physico-chimiques des lagunes ont amené Durand
et Skubich (1982) à distinguer trois saisons lagunaires :
o la saison sèche : de décembre à mars
où les apports continentaux sont négligeables,
l'évaporation est maximale et l'influence maritime est
prédominante; la transparence, la température et la
salinité atteignent leur valeur maximale au moment où la hauteur
d'eau est minimale ;
o la saison des pluies : d'avril à juillet où
les températures atteignent leur minimum ;
o la saison « des crues » : d'août à
novembre où la salinité devient minimale ; le pH atteint ses
valeurs minimales et l'oxygène dissout atteint ses valeurs maximales.
La moyenne pluviométrique annuelle est de 1260 mm en 39
ans. L'année la plus sèche (1977) a reçu 719 mm d'eau et
la plus pluvieuse (1997) 2203 mm (Figure 1.5). De 2001 à 2008, l'on
constate une augmentation maintenue des précipitations (Figure 1.5).
Précipitations (mm)
2500
2000
1500
1000
500
0
Année
21
Figure 1.5 : Précipitations à
Sô-Ava de 1970 à 2008
L'humidité relative de l'air est toujours importante. Elle
s'établit à 69 % en saison sèche (novembre à mars)
et à 90 % en saison humide. La maximale varie de 84 à 97 % alors
que la minimale varie de 32 à 68 % (ASECNA).
C'est dans ces milieux modulés par les paramètres
climatiques et géomorphologiques que vivent les populations de crevettes
Penaeidae.
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