Titre 2 : Analyse et interprétation des
résultats
De manière générale et dans la vie
quotidienne, il nous a été donné de constater que la
maîtrise de la lecture, de l'écriture et du calcul a permis
à de nombreux auditeurs néo-alphabètes d'Agbonou de
s'assumer, d'avoir plus de facilités et de succès dans la
réalisation de leurs tâches mais aussi d'assumer certaines
nouvelles responsabilités grâce à la maîtrise du
savoir lire, écrire et calculer.
2.1- Le programme d'alphabétisation de la
filière cotonnière, moyen de transfert de responsabilité
aux producteurs de coton
La nécessité pour la SOTOCO d'intégrer un
volet alphabétisation fonctionnelle dans son programme de promotion des
Groupement Agricole Villageois (GAV) aujourd'hui GPC amorcé en janvier
1988 tient du fait que l'insuffisance ou le manque de lettrés de
l'école classique freinent l'évolution harmonieuse des
groupements. Plus encore, cette situation entraine un certain nombre de
conflits consécutifs à la mauvaise tenue de livres de gestion et
l'animation sociale au sein du groupe. Le tableau 3 nous montre un taux de
74,55% de producteurs qui n'ont jamais fréquenté une école
classique. Pour remédier à cette situation, il a fallu pour la
société de fixer des objectifs pour le programme
d'alphabétisation. Ces objectifs sont définis comme suit :
- Permettre aux paysans analphabètes totaux au
départ de se familiariser avec la lecture, l'écriture et le
calcul afin d'assumer correctement certaines tâches d'encadrement
dévolues uniquement jusqu'à une période récente au
personnel d'encadrement de base.
- Former et mettre à la disposition des organisations
paysannes des membres lettrés en langues Nationales.
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- Eliminer progressivement puis définitivement le
monopole quasi dominant du noyau local d'élite villageoise par des
vagues de paysans bien formés, bien informés et assez bien
outillés.
- Accélérer le processus d'autopromotion des
collectivités villageoises.
Ces objectifs ont conduit à des résultats que
nous avons constatés dans cette étude. En effet, l'introduction
à partir de janvier 1993 de la méthode des sessions intensives
(première au Togo), a radicalement changé l'approche de la
société en matière d'alphabétisation fonctionnelle.
En une courte période de 35 à 45 jours en diurne, les membres
peuvent rapidement acquérir les mécanismes de base de lecture,
d'écriture et de calcul avec un taux de réussite de l'ordre de 50
à 60% tandis que les sessions étalées sur 12 mois et plus,
en usage dans le programme jusqu'en 1992 a un taux de succès qui tourne
autour de 30%. Cet écart s'explique par le fait qu'en session intensive
la participation est beaucoup plus effective et le taux de déperdition
moins important alors qu'au même moment, les femmes maillon important du
développement rural s'y impliquent davantage. Somme toute, de 2000
à 2005 les 13 GPC de notre étude ont obtenu les résultats
suivants : 586 néo-alphabètes formés dont 148 femmes. Sur
cet effectif, 510 ont été diplômés dont 147 femmes.
Ce qui donne un taux de réussite égale à 98,12%. En
général avec les sections intensives de jour, la
déperdition est passée à 30% au lieu de 60% dans les
sections étalées.
Démarré depuis 1988, le programme
d'alphabétisation exécuté par la SOTOCO a
été suspendu après les sessions de 2005. Il aura donc
duré dix-sept (17) ans. L'année 1997 a vu le jury international
décerné à la SOTOCO le prix International
d'alphabétisation « UNESCO-ROI SEJONG » pour sa reconnaissance
de l'importance de l'alphabétisation sur les lieux de travail. L'UNESCO
estime que l'entreprise Togolaise a ouvert un vaste réseau de centres
d'alphabétisation fonctionnelle et en rémunère les
formateurs.
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Cette reconnaissance internationale est donc la preuve
tangible que le programme d'alphabétisation exécuté par la
filière cotonnière togolaise a contribué à la
réduction du taux d'analphabétisme au sein des GPC en
l'occurrence ceux d'Agbonou.
L'efficacité du programme est sans nul doute tributaire
de ses aspects multithématiques. Des thèmes importants à
la formation intégrale de l'homme ont été abordés.
Citons à titre indicatif : les unités de mesure, le traitement de
l'eau de boisson, les trois groupes d'aliments pour une bonne alimentation, les
vaccinations, l'intérêt du travail en groupement, les
méfaits des feux de brousse, la parité entre l'homme et la femme
dans le travail, l'importance d'avoir une latrine familiale, le planning
familial, l'établissement des actes de naissance, l'intérêt
d'épargner à la Coopec (banque), la démocratie, les
dangers liés à l'insalubrité, etc. Mais les producteurs
sont-ils pour autant complètement satisfaits ? Nous leur avons
posé la question de savoir s'ils souhaitent continuer la formation et si
oui dans quelle langue et sur quoi voudraient-ils être formés ? La
figure 1 illustre le taux des enquêtés désirant poursuivre
ou non la formation.
2,73%
4,55%
Figure 1: Désir de poursuite les cours
d'alphabétisation et dans quelle langue
8,18%
3,63% 1,82%
79,09%
Aucun Ifè Français Kabyè Lamba Ewé
Source : nos enquêtes
Outre le français dans laquelle 79,09% des
enquêtés veulent être formés, ils émettent
aussi le désir d'être formé sur la gestion d'entreprise
agricole,
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l'utilisation de fumure organique, les techniques nouvelles
pour rendre beaucoup plus productif leur culture pour ne citer que ceux
là.
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