2.2- L'alphabétisation, catalyseur de
L'évolution de la production cotonnière
Il faut signaler que l'amélioration de la
quantité produite est sujette d'un certain nombre de compétences
indispensables aux producteurs qui évoluent en groupement : c'est la
spécialisation fonctionnelle. Il s'agissait pour la
société, rappelons-le, du transfert de compétences et de
responsabilités de l'encadrement technique à des équipes
professionnelles de néo-alphabètes suffisamment formés et
bien outillés et qui peuvent dans le cadre de la diversification des
activités, gérer l'ensemble des affaires du groupement. Pour
l'heure, les compétences développées chez les membres des
GPC se résument comme suit :
- Commercialisation du coton-graine ;
- Gestion des intrants ;
- Classement du coton-graine ;
- Equipes de vulgarisation ;
- Gestion du crédit ;
- Production de semences ;
- Protection de l'environnement (lutte anti-érosion) ;
- Responsabilisation accrue au sein de la filière dans le
cadre des Unions et
Fédérations de Groupements de Producteurs de
Coton.
Dans tous ces domaines, avec la maitrise du LEC, les
producteurs assument des responsabilités dans leur GPC autrefois
réservées aux ATC (tableau 7).
En ce qui concerne l'évolution de la production
proprement dite, elle est influencée fortement par d'autres facteurs en
l'occurrence la crise qu'a connue la société entre 2004 et 2009.
Mais on note des progrès chez les enquêtés dans la
quantité produite après les cours d'alphabétisation
(tableau 9). Cette
62
amélioration au niveau des enquêtés est
remarquable sur la production nationale. L'évolution de la production de
coton-graine au Togo entre 2002-2013 se présente comme suit :
Production (Tonne)
200 000
180 000
160 000
140 000
120 000
100 000
40 000
80 000
60 000
20 000
Figure 2: Evolution de la production cotonnière en
tonne au Togo
0
Campagne agricole (Année)
Source : Direction Générale NSCT
Les données qui figurent sur la figure 2 laissent
apparaitre un summum dans la production à la campagne 2002-2003. Le
tonnage enregistré est de 186 589 T soit la meilleure production de
l'histoire de la filière togolaise après 14 ans de l'ouverture
des premiers centres d'alphabétisation. En 2005, période
où la crise causée par une mauvaise gestion financière a
atteint son plus haut niveau, la production a chuté jusqu'à 65
384 T. Cette chute est observable jusqu'à la campagne 2009-2010 (28 000
T) avec l'avènement de la NSCT avant la relance à partir de la
campagne 2010-2011.
La relance survenue 5 ans après les derniers centres
d'alphabétisation en l'occurrence ceux des GPC d'Agbonou,
dépend-t-elle aussi de la maitrise du LEC et autres compétences
développées chez les producteurs néo-alphabètes?
Sur la base du tableau 9, nous avons défini la moyenne de la
quantité produite par producteur ensuite pour les 13 GPC
concernés par l'étude afin d'en déduire une courbe
illustrative de l'évolution de la production avant et après les
campagnes d'alphabétisation.
Production cotonnière (Kg)
40 000
90 000
80 000
70 000
60 000
50 000
30 000
20 000
10 000
0
Figure 3: Evolution de la production des GPC de
l'étude
Campagne agricole (Année)
63
Source : Nos enquêtes
Comme nous l'avons souligné plus loin,
l'évolution de la production est sujette à l'influence de
nombreux paramètres dont la crise interne à la
société.
Avant 2000 où les membres des GPC enquêtés
ont commencé par suivre les cours d'alphabétisation la production
est de 17 028 kg (1999). Elle a progressée jusqu'à 83 530 kg
à la campagne 2002-2003. Après cette campagne, la crise a surgi
et n'a pas épargné la production. Elle a chuté
jusqu'à 19 475 kg (20062007). En 2010, soit un an après la venue
de la NSCT et 5 ans après la fin des dernières sessions du cours
d'alphabétisation, l'on observe une relance de la production qui est
passée de 17 542 kg (2008-2009) à 85 635 kg (2012-2013). En
somme, la production de l'ensemble des enquêtés a augmenté
de 9,76% entre la fin des campagnes d'alphabétisation et la
dernière campagne cotonnière. Peut-on pour autant soutenir que
l'évolution de la production des membres GPC enquêtés a
été influencée par le niveau de compétences
acquises par les membres ? Pour répondre à cette question, nous
allons observer la courbe de la figure suivante qui illustre l'évolution
de la croissance agricole par rapport à l'évolution du taux
d'alphabétisation des enquêtés.
Pourcentage
100%
80%
60%
40%
20%
0%
Figure 4: Evolution de la croissance par rapport aux taux
d'Alphabétisation d'Adulte (TAA)
1998-1999
Campagne agricole cotonnière
(Année)
0%
9,64%
2000-2001
20%
47,06%
2010-2011
100%
41,49%
TAA
Croissance
TAA
Croissance
64
Source : Nos enquêtes
Avant l'ouverture des centres d'alphabétisation
par les GPC, le taux d'instruction des membres des GPC de l'étude
était de 25,45%27 (tableau 3). Nous n'avons
pas considéré ce taux pour des raisons de cohérence dans
l'analyse. Il n'a pas été pris en compte en raison du fait que
les cours d'alphabétisation étaient fonctionnelles et ont tenu
compte des besoins liés au travail des auditeurs; ce
que l'école classique ne considère pas.
Nous pouvons observer qu'avant l'inscription des
enquêtés au cours d'alphabétisation (1998-
1999), la croissance agricole cotonnière est de
9,64%.
Lorsque le taux d'alphabétisation des
enquêtés est passé de 0 à 20%, la
croissance a nettement progressé à hauteur de
47,06%.
Au lendemain de la crise interne à la
société, crise qui a conduit à la
création de la NSCT, on remarque que lorsque tous les
enquêtés ont été alphabétisés, la
croissance n'a pas considérablement chuté.
27 Il s'agit du taux de ceux qui ont été
à l'école classique avant de suivre les cours
d'alphabétisation fonctionnelle
65
L'observation de la figure 4, nous laisse
affirmer que l'évolution positive de la
production cotonnière est favorisée par les
compétences développées chez les
producteurs néo- alphabètes. Aussi pouvons-nous
écarter la thèse de la routine
professionnelle car le tableau 4 nous indique que la plupart
des producteurs sont des débutants c'est-à-dire
ceux qui ont moins de 15 ans d'expérience, sont
plus nombreux soit 60,90%. Aussi pouvons-nous
soutenir que l'évolution de la production est fonction du taux
d'alphabétisme des GPC plus encore de l'application des
compétences acquises.
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