1.2- Les données qualitatives
Les données qualitatives donnent d'amples explications
des réalités d'une étude. Elles ont été
recueillies auprès des responsables de la NSCT, les chargés du
programme, les alphabétiseurs, et les producteurs pour cerner
l'intérêt du programme d'alphabétisation pour eux et les
changements induits sur le plan professionnel (économique) ensuite sur
le plan social.
Les populations cibles ont, en toute fierté,
révélé ce qu'ils ont pu exécuter grâce aux
enseignements reçus au cours d'alphabétisation. En Calcul, un
producteur dit : « Lorsque je dois vendre et rendre la monnaie, je
fais le calcul tout seul ». Une productrice qui exerce aussi le
commerce confirme : « Je peux faire des achats d'intrants sans l'aide
de quelqu'un. Pour mon commerce, je mets les prix des produits plus les frais
de déplacement avant de fixer les prix de vente ». Une autre
ajoute : « Pour la vente des marchandises, je calcule les prix
d'achats et le bénéfice avant de vendre ». Une autre
affirme : « Je fais les comptes de mon commerce le soir après
la journée et j'épargne les bénéfices à
WAGES ». Une autre déclare : « Lors de la remise de
la monnaie dans mon commerce, je fais les comptes et j'utilise parfois la
calculatrice quand le client a beaucoup acheté ». Une autre
qui s'est exclamée : « Un jour pendant le cours, j'ai
réussi une multiplication sans l'aide du moniteur ». En
Ecriture, un producteur avoue : « J'arrive à écrire mon
nom et à signer dans notre association ». Un autre ajoute :
« Avant je ne savais pas écrire mon nom, maintenant
j'écris mon nom sur mes sacs de maïs et de cotons, je les compte et
ils ne se perdent plus ». Un autre indique : «
J'écris mon nom lors des réunions des ressortissants de mon
village». Un autre réagit : « Avant, il
m'était difficile de calculer la valeur de mes produits et je ne
comprenais pas le système de pesée et de commercialisation du
coton mais aujourd'hui je peux moi-même faire les pesés et noter
la quantité de tous mes produits ». En lecture, un producteur
confie: « Un jour, j'ai été désigné
à l'Eglise pendant la messe pour faire une lecture en
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Ifè et j'ai lu tout seul. A la fin
l'assemblée a applaudi ». Une autre ajoute : « Je
peux écrire une lettre en Ifè. J'en ai déjà
échangé quelques rares fois avec une de mes amies qui se trouve
actuellement à Lomé et avec qui j'ai suivi les cours
d'alphabétisation. Mais je serai très contente si on m'apprend
à écrire en français comme ça, je peux
écrire à beaucoup de gens plutôt que d'aller solliciter
quelqu'un qui va répandre le contenu de ma lettre dans tout le quartier
». En calcul, un autre redit : « Maintenant, je peux
calculer mes revenus et je vends mes produits sans difficultés. Je
connais maintenant l'importance et l'utilisation des intrants pour les
cultures». Un autre encore affirme : « Je connais la
superficie de mon champ et je mesure toujours la quantité de NPKSB,
d'urée et d'insecticide nécessaire pour ma surface
cultivée sans l'aide de quelqu'un. Je suis même chargé de
la pesée du coton-graine des autres producteurs ». Un
responsable confie: « Une équipe de l'UNESCO en tourné
au Nord du Togo a surpris un paysan néo-alphabète entrain
d'écrire. Un membre de l'équipe interrogea le paysan pour savoir
s'il comprenait ce qu'il écrivait. Le paysan leur a lu et
expliqué son texte français qu'il écrivait. C'était
le fait marquant l'équipe qui a conduit plus tard l'UNESCO a
décerné le prix à la SOTOCO ». Un autre
responsable soutient: « Le comportement des
néo-alphabètes a changé. Ils aiment trainer partout un
calepin et de quoi écrire ». Un autre encore affirme :
« Un producteur analphabète a acheté une pintade pour
remercier un monsieur qui l'a servi au guichet. L'année qui a suivi, il
s'est inscrit au cours d'alphabétisation. Devenu
néo-alphabète, le paysan a retrouvé son ticket de vente de
la campagne précédente et s'est rendu compte que le monsieur au
guichet l'avait triché et a émis un grand regret mais il ne
pouvait plus rien ».
A travers toutes ces expressions et réalisations, les
néo-alphabètes réaffirment et soutiennent qu'elles ont
réellement appris quelque chose lors de leur passage dans les centres
d'alphabétisation.
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