II-1-1-2 Les raisons d'ordre socioculturel
Le District d'Abidjan est une ville cosmopolite qui a un fort
taux de concentration de populations et dont les origines et les conditions
sociales sont diverses.
Capital économique de la Côte d'Ivoire, elle a
connu le phénomène de l'urbanisation rapide entraînant un
vaste mouvement migratoire. De là, résulte un fait
caractéristique : le District d'Abidjan est devenu un creuset
culturel, un district cosmopolite formé par des peuples et des races
attirés pour la plupart par le développement et l'emploi qui en
résulte. Dans cette dynamique, il s'est constitué au fil des
années un conglomérat de personnes âgées diversement
repartie dans ledit District. La Côte d'Ivoire, au vue de ses
différentes constitutions, notamment celle d'août (2000), en son
article 30 est une république laïque, démocratique et
sociale, c'est-à-dire un Etat dans lequel l'Etat se doit de mettre
toutes les religions sur le même pied, regorge sur son territoire
d'innombrables lieux de culte. La religion est l'ensemble des croyances,
sentiments, dogmes et pratiques qui décrivent les rapports de
l'être humain avec le sacré ou la divinité. Elle
peut-être aussi appréhendée par les éléments
spécifiques à une communauté de croyants, a savoir ;
les livres sacrés, les rites, cultes, sacrements, prescriptions en
matière de morale, interdits, organisation, etc. Par conséquent,
la religion ne peut-être que source de paix, facteur de
sérénité et par ricochet de longévité.
Dans le District d'Abidjan, force est de constater une
multiplicité de religions, de croyances, de rites (féticheur,
animiste, libre penseur, bouddhiste, athée, rahélien,
éckhiste). Les personnes âgées, selon le recensement
général de la population et de l'habitat de 1998, sont des
croyants, soit (84%).
A la faveur du RGPH98, on a enregistré la religion
pratiquée par chacune des personnes recensée dans les
ménages.
Tableau VI : Répartition et rapport de
masculinité selon la religion
Religion
|
Poids démographique de la population
|
Rapport de masculinité
|
Population total
|
Population âgée de 60 ans ou plus
|
Population total
|
Population âgée de 60 ans ou plus
|
Catholique
Protestant
Harriste
Autre relig. Chrétienne
Musulman
Animiste
Autre religion
Sans religion
Non déclaré
|
19,4
6,6
1,3
3,1
38,6
11,9
1,7
16,7
0,7
|
16,7
6,1
2,1
2,2
32,5
22,6
1,7
15,7
0,4
|
95,4
87,8
94,2
89,7
112,7
104,3
95
108,1
107,3
|
87,6
78
81,4
80
158,2
102,1
87
97,7
80,6
|
Total
|
100,0
|
100,0
|
104,3
|
110,3
|
Les personnes âgées en Côte d'Ivoire, dans
leur ensemble, sont des croyants. La très grande majorité (84%)
d'entre elles adhère à une confession religieuse. Au soir de leur
vie, les personnes d'âge avancé sont davantage pieuses car
préoccupées, semble-t-il, à préparer leur seconde
vie dans l'au-delà. Cela pourrait expliquer cet engouement à la
pratique religieuse au moment où elles croient disposer d'assez de temps
pour se consacrer à `'l'Etre Suprême''. Les lieux de culte sont
fréquentés aussi par les hommes que les femmes, mais avec une
légère majorité chez les hommes (53%).
La religion musulmane est reconnue comme étant la
religion la plus pratiquée en Côte d'Ivoire. En effet, cette
confession religieuse compte 38,6% d'adeptes dans la population ivoirienne. Le
nombre de ses fidèles est encore plus important que celui de l'ensemble
des religions d'obédience chrétiennes réunies (Catholique,
Protestante, Harriste, et `'Autre religion chrétienne'').
Derrière les musulmans se classent de loin les catholiques avec 19,4% de
pratiquants au niveau national.
L'importance en nombre de fidèle de la religion
musulmane se confirme encore dans la population des personnes
âgées où elle compte 32,5% d'adeptes. Les musulmans sont
suivis par les animistes et les catholiques qui représentent
respectivement 22,6% et 16,7 de la population des vieillards. La population des
personnes âgées comptent un nombre assez impressionnant de
personnes qui n'adhèrent à aucune religion : une personne
sur six se retrouve dans cette situation. Une faible proportion de cette
frange de la population est classée dans la catégorie des
`'Autres religions''.
En dehors des musulmans et des animistes où l'on compte
une proportion importante d'homme, respectivement 61% et 51%, dans toutes les
autres religions, on compte plus de femmes que d'hommes.
A Abidjan, ce sont les deux importantes religions (islam et
catholique) en Côte d'Ivoire qui dominent. Un peu moins de la
moitié de la population des personnes âgées dans cette
cité (48 %) est musulmane. Cette proportion représente environ 12
% des musulmans issues de la population des personnes âgées en
Côte d'Ivoire.
Quant aux catholiques, la proportion des adeptes
enregistrés est équivalente à peu plus du quart (28 %) de
la tranche de la population des 60 ans ou plus résidant à
Abidjan. La population des personnes âgées de confession musulmane
se caractérise par une forte représentation masculine (64 %)
alors que toutes les autres religions sont à dominance féminine.
Par ailleurs, les croyants classés dans la catégorie `Autres
religions' (1,5 %) et les harristes (1,7%) sont très faiblement
représentés.
Pour l'ensemble des autres villes, la religion musulmane reste
dominante et le volume de ses adeptes équivaut à plus de la
moitié de la population des personnes âgées (56 %). Plus
loin des musulmans se classent les catholiques avec environ (16 %). La grande
majorité des croyants (70 %) de la population des vieillards vivent en
zone rurale. Les animistes sont les plus nombreux avec environ plus du quart
(28 %) des personnes âgées. Après ceux-ci, viennent les
musulmans (25 %) et les catholiques (16 %).
D'où l'intérêt accordé à
l'étude sur les personnes âgées musulmanes. En outre, le
District d'Abidjan est le foyer d'intellectuel de l'islam dans le pays.
Le champ géographique étant
déterminé, nous nous posons la question de savoir qui interroger
c'est-à-dire d'une part qu'elle est la population qu'il faut cibler
dans notre étude ? Et d'autre part, qu'elle est la démarche
qui consiste à délimiter effectivement les personnes qu'il faut
interroger ?
La première préoccupation, nous renvoie au
champ social et la deuxième est réservée à l'usage
des méthodes et les techniques.
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