I-5 Revue de la littérature
Il n'est donné à aucun scientifique
d'épuiser dans son intégralité la connaissance de la
réalité. Cette étude s'inscrit dans le champ
théorique de la socio-anthropologie du vieillissement.
L'examen de la littérature relative au
sujet : « vieillissement et longévité en milieu
urbain ivoirien : cas des personnes âgées d'obédience
musulmane à partir de leurs pratiques » relève
l'existence de travaux sur le vieillissement et la longévité.
Ainsi, les sous thèmes suivants se dégagent
nettement :
-la représentation sociale de la vieillesse ;
-les facteurs ou secrets qui favorisent le vieillissement et
la longévité ;
- les mesures préventives du vieillissement.
De façon générale, chaque
sous-thème regroupe des écrits qui ont des approches
convergentes, même si les contenus semblent les mêmes, ils
renferment certains dépassements qui font la richesse de la recherche.
A ce titre, il s'agira de faire une discussion, une approche
critique et synthétique de la revue documentaire.
C'est ce sur quoi ces écrits s'attèleront
à mettre en évidence et se consolideront par un bilan.
I-5-1 La représentation sociale de la vieillesse
Deux approches se dégagent de la
représentation sociale de la vieillesse et du vieillissement :
d'une part, la représentation occidentale de la vieillesse et celle des
sociétés non-occidentales.
I-5-1-1 La représentation occidentale de la
vieillesse.
Chaque type d'organisation socioéconomique et
culturelle est responsable du rôle et de l'image de ses vieux.
L'histoire Occidentale, de l'Antiquité à la
renaissance, est marquée par les fluctuations du rôle social et
politique des vieillards. Il n'y a pas d'évolution linéaire de la
vieillesse ni de son statut. La tendance générale est à la
dégradation.
Scipion et Lélius dans Vincent Ravane (2003) trouvent
que : « les armes les mieux adaptées de la
vieillesse ce sont les connaissances et les pratiques des vertus qui
exercées à tout âge, quand on a vécu longtemps et
pleinement produisent des fruits merveilleux. Toutefois ils trouvent quatre
raisons qui font paraître la vieillesse déplorable : elle
écarte des affaires, affaiblit le corps, prive de presque tous les
plaisirs et est proche de la mort. »
Cet article met en évidence, le paradoxe de la
vieillesse résultant du caractère positif de la vieillesse
marqué par l'expérience, la connaissance et du caractère
négatif, stéréotypé de la vieillesse, source de
fragilisation physique, perte d'autonomie etc. Par ailleurs, son contenu, nous
permet de comprendre le paradoxe de la vieillesse qui est observé dans
toutes les sociétés en général en dans la
société africaine en particulier.
Vincent Caradec se situe dans cette logique, mais oriente
son approche sur le cas des retraités.
Selon V. Cadarec (2006), les représentations
contemporaines de la vieillesse se retrouvent organisées autour de deux
pôles. Le premier représente l'image d'un retraité actif,
qui profite de l'existence tout en se montrant utile à ses proches et
à la société. Le second est occupé par la
« personne âgée dépendante »,
rivée à son fauteuil, souffrant de solitude et n'entendant plus
que la mort. Ces deux pôles imaginaires renvoient à la partition
de la vieillesse en deux phases, celle du « troisième
âge » ou, désormais, des « seniors »
et celle du « quatrième âge » et de la
« dépendance ». En effet, les représentations
de la vieillesse, qui, comme l'auteur le conçoit puisent leurs
fondements dans l'imaginaire de la pensée occidentale marquée
d'un côté par l'image souriante du troisième âge et
des seniors et de l'autre, une vision beaucoup plus pessimiste du
quatrième âge et des personnes dépendantes.
Cette étude, nous a permis de trouver une orientation
théorique à la représentation faite du rôle et de
l'image des personnes âgées dans la société
occidentale. En effet, le rôle et l'image qui est présenté
nous a permis de catégoriser l'âge de la vieillesse en islam.
Guillemard (1977 a et b) s'inscrivant dans la même
logique, montre que dans la société industrielle la plupart des
vieillards sont malades, pauvres, immobiles, inutiles, seuls et tristes. Et que
la non préparation à la retraite qu'il nomme « absence
de socialisation à la vie de retraite », la retraite advenant
comme une surprise.
L'auteur montre l'isolement, la dépendance et la
fréquence des infections qui caractérisent les vieillards. Il
propose une relecture à la vie de la retraite, qui soit cordonnée
par une organisation, une éducation. Cette étude nous a permis
de saisir l'image de fragilisation physique, de perte d'autonomie et de
dépendance que rencontrent les personnes âgées de la
communauté musulmane. Toutefois, les personnes âgées dont
il est question dans l'étude de Guillemard, sont des retraités,
ce qui particularise son étude par rapport à notre champ
d'étude, qui prend en compte toutes les catégories sociales, en
particulier les religieux ou les individus pratiquant la religion
islamique.
J. Messy (1992), dans son ouvrage « La
personne âgée n'existe pas. Une approche psychanalytique de la
vieillesse », l'auteur représente la personne
âgée comme une catégorie sociale et lui donne une
terminologie sociale qui n'a pas de réalité humaine. Pour les
plus jeunes, cette situation entraîne la crainte de la vieillesse. Par
conséquent, le vieux ne se sent plus, ne se voit plus être objet
de désir, l'impression confirmée par la société qui
lui signifie combien il est maintenant improductif, inutile. De nombreux
événements exposent au risque de la crise, tel l'abandon du
rôle de parent, la perte de responsabilités professionnelles ou
d'autres fonctions sociales, associatives, syndicales ou politiques. L'individu
n'a plus les moyens d'élaborer psychologiquement cette perte en trop,
lorsque le danger se présenterait.
Cette étude participe à la construction de
l'image des personnes âgées, qui est faite de négation, de
tristesse, d'abandon, qui nous plonge dans la réalité des
personnes âgées. Cette réalité n'est pas contraire
à l'approche que nous développons dans notre étude.
Toutefois, Cette étude nous permis de connaitre la représentation
de la vieillesse de façon générale dans la
société. Elle présente les mêmes
caractéristiques que les personnes âgées en islam.
Toutefois, la spécificité de notre étude est que les
personnes âgées ont développé la spiritualité
et bien d'autres capitaux qui sont des facteurs qui leur permettent de
lutter contre les problèmes de la vie et ces difficultés.
Devant ces faits, Lefrançois met en exergue les deux
paradigmes de la vieillesse.
Lefrançois.R. (2004), dans son ouvrage
intitulée « Les nouvelles frontières de
l'âge » a passé en revue les pratiques
liées au vieillissement et à la longévité et a
développé deux paradigmes pour décrypter la manière
d'interpréter la vieillesse dans les sociétés
européennes. Pour ce faire, il a fait ressortir les auteurs et les
théories qui concourent à la construction du paradigme de la
vieillesse comme paradigme de développement. En effet, il décrit
que la personne vieillissante dispose de l'influx et de l'énergie
nécessaire pour exploiter pleinement toutes ses potentialités. De
ce fait, le vieillissement suivrait une trajectoire élaboratrice
plutôt qu'involutive. Et de l'autre, dans le cadre du paradigme du
déclin, c'est la connotation négationniste et
stéréotypée de l'avancée en âge. La
représentation de cet âge est liée à une
santé chancelante, les pertes, les deuils ou les renoncements auxquels
font face les personnes vieillissantes. Suivant cette conception `vieillir'
signifie se diriger inconfortablement vers une fragilisation physique, une
diminution des capacités et une plus grande dépendance,
même si certains états déficitaires sont parfois
réversibles.
Cette étude nous permis de connaitre la
représentation de la vieillesse de façon générale
dans la société. Elle présente les mêmes
caractéristiques que les personnes âgées en islam.
Cette idée est renforcée par Clark (1973) qui
montre que dans la société industrielle, l'image dominante est la
misère des personnes âgées. La société
industrielle produit de plus en plus d'individus retraités qui sont non
seulement inactifs mais économiquement dépendants.
Cette étude nous a permis de cerner la
réalité des personnes âgées avec une image
d'inutile, de dépendant dans la société occidentale.
L'auteur consacre son étude aux retraités
particulièrement. Toutefois, notre étude, se particularise de
celle de l'auteur, car elle étudie les personnes âgées dans
la communauté musulmane avec toutes ses composantes sociales.
Selon V. Caradec (2004), L'avancée en âge
prend une signification diverse selon les catégories professionnelles ou
les types d'activités professionnelles. Pour les travailleurs de
l'industrie peu qualifiés, on assiste à une
déqualification progressive : la structure d'âge est
liée au poste de travail et après un certain âge, il y a
rejet de certains postes. L'introduction de techniques nouvelles conduit
à la mise en pré-retraite ou au chômage d'un certain nombre
de travailleurs vieillissants peu qualifiés à partir de 50
ans. Les travailleurs intellectuels sont moins gênés que les
autres par leur déclin psychologique.
La fin de l'activité professionnelle, contrairement
à l'image unificatrice qui en est donnée, classe les individus en
plusieurs groupes selon leur classe sociale, leur niveau culturel : par
exemple, il y a ceux pour lesquels la retraite est le troisième
âge actif et participant à la vie sociale, ceux pour qui elle
apparaît comme mort sociale, maladie ou repos.''
A l'analyse de ces ouvrages, il faut retenir que les
occidentaux ont une double représentation de la vieillesse. La
vieillesse considérée comme problème parce qu'elle
entraine le retrait de la vie active, d'une part, parce que sous-tendue la
décrépitude du corps et l'affaiblissement de l'esprit. La
vieillesse est alors ressentie comme un état terminal et non comme un
processus étalé dans le temps ; et d'autre part comme
ressource utile à la société. Elle a contribué a
mieux cerner le cadre théorique de notre étude.
Cependant, la vieillesse en islam que nous étudions en
milieu urbain ivoirien, même si elle présent les mêmes
caractéristiques que celle de l'occident, ce moment est faite de
grande spiritualité dans l'approche étudiée.
La représentation de la vieillesse en occident, se
présent comme un paradoxe marquée par la fragilisation de
l'individu à mesure qu'il avance en âge (santé
déficiente, habilité diminuée, vulnérabilité
aux maladies) et, en même temps, la poursuite des acquisitions. En effet,
la vieillesse présente deux pôles qui renvoient à la
partition de la vieillesse en deux phases, celle du
« troisième âge » ou des
« seniors » et celle du « quatrième
âge ».
Etre vieux, c'est être inutile, souffrant de solitude et
n'entendant que la mort. C'est aussi être une charge pour les
générations les plus jeunes.
Contrairement à la réalité que nous
étudions, même si elle connait cette dynamique. Toutefois, elle
est un moment de grande spiritualité pour les personnes
âgées étudiées dans le cadre de notre
étude.
Quelle peut bien être l'image des personnes
âgées dans nos sociétés africaines ? ou doit-
on considérer cette étape de la vie comme un honneur ?
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