2. Les universitaires africanistes et gabonais face
à la question de la mort (donc du veuvage), à travers le fait
politique
En ce qui concerne les travaux des universitaires africains et
gabonais, nous avons retenu pour l'essentiel deux catégories. D'une
part, les travaux de recherches des enseignants-chercheurs en rapport avec la
religion et surtout la mort ; d'autre part, les travaux des étudiants
des Départements d'Anthropologie et de Sociologie de l'Université
Omar Bongo de Libreville.
La question de « la religion et de la mort » reste
une question peu enthousiasmante pour les chercheurs gabonais, à la vue
des travaux existants sur cette double question. Toutefois, la rareté
des travaux n'ayant jamais ébranlé la valeur, nous avons retenu
les travaux de Jean-Ferdinand MBA'H et ceux de la Fédération des
associations féminines (FAF) de l'église
évangélique presbytérienne du Togo (EEPT).
La mort, vue par Jean-Ferdinand MBAH, rend compte des
différentes situations auxquelles font face la veuve et la famille du
défunt. Dans un chapitre intitulé la redynamisation de la
société; il affirme que « pour mettre un terme à la
perturbation causée par la mort d'un initié et conjurer les
effets de celle-ci, il faut purifier non seulement les femmes mais aussi le
village afin de reprendre les activités classiques de production,
notamment la chasse et la pêche ».27
Ici la purification concerne non seulement la femme de
l'initié défunt, mais également le village. Le village qui
doit être débarrassé des esprits agressifs qui
27 Jean-Ferdinand MBAH, « veuvage et
rupture de la relation d'alliance », in Rites et dépossession,
Rupture, n°5, mars 2004, p.132.
19
errent, surtout la nuit, à proximité des parents
et des amis pour qui ils sont sources de dangers, de maladies et de mort.
Jean-Ferdinand MBAH, avec la notion de purification, introduit une autre notion
en rapport avec les religions dites « primitives », c'est la notion
de « souillure ».28 Cette notion présente un double
intérêt pour notre étude. Dans un premier temps, elle
confirme le veuvage comme rite de purification et de séparation, dans un
second temps, elle rejoint la réinsertion sociale et le changement par
acquisition du statut politique.
En résumé, dans « veuvage et rupture de
la relation d'alliance » Jean-Ferdinand MBAH met en exergue les
problèmes auxquels les veuves, après la mort de leurs
époux, sont confrontées dans la société gabonaise
depuis les années 1990. Ce qui nous interpelle ici, ce n'est pas tant la
dépossession des biens du défunt par les familles des
défunts, mais plutôt le rite que ces veuves subissent pour la
circonstance : c'est-à-dire « une purification
précédée d'une période de pénitence
».29
Ces trois contextes de « mort-jumeaux, initié
au Mungala et initié au Nzé » conduisent le veuvage
à une situation valorisante de la femme dans la mesure où les
transferts des statuts des défunts aux veuves, restreignent la
portée des attitudes piaculaires que la ségrégation
masculine adopte pendant les rituels post-mortèmes.
Jean-Ferdinand MBAH, par les pleurs de la veuve, montre
combien de fois ce transfert se fait surtout lorsque la veuve est double,
c'est-à-dire, à la fois jumelle et initiée au Mungala,
mais ce qui nous intéresse dans le contexte de la mort, c'est celui qui
était initié au Nzé, la veuve doit occuper la place de son
mari dans le clan et la communauté des initiés de ce dernier.
Quant au transfert du statut, MBAH nous informe que dans ce cas précis,
il s`agit d'un héritage des biens symboliques du mari et qui
confèrent à la veuve un statut d'initié à part
entière. Aussi, la mort de son mari apparaît comme un rite de
passage pour la veuve.
28 Dans son essai sur les notions de pollution et
de tabou intitulé « De la souillure », publié
à Paris aux éditions La Découverte en 1992, Mary DOUGLAS
affirme qu'on distinguait les religions primitives des grandes religions de la
planète sous deux aspects : en premier lieu les religions primitives
seraient inspirées par la peur, en second lieu, elles seraient
inextricablement mêlées à des notions de souillures et
d'hygiène.
29 Jean-Ferdinand MBAH, « veuvage et
rupture de la relation d'alliance », p.123, in Rites et
dépossession, Rupture, n°5, mars 2004.
20
Ainsi, nous pouvons retenir deux choses : c'est la situation
de la veuve d'un maître-initié, mère de jumeaux qui subit
un changement de statut. D'autre part, nous nous appuyons sur la perspective de
recherche de Jean-Ferdinand MBAH à partir de son article «
Veuvage et rupture de la relation d'alliance » pour affirmer que
le rite du veuvage est un mécanisme d'insertion sociale des veuves et
que le « (...) contexte de mort (initiés au nzé) oblige
également la veuve à se hisser au niveau du statut initiatique de
son époux ; elle doit occuper la place laissée vacante et jouer
le même rôle que celui du défunt ».30 C'est
ce que Jean-Ferdinand MBAH nomme l'insertion de la veuve dans le groupe des
initiés. Il se trouve que notre veuve, par le fait qu'elle soit
mère de jumeaux, avait déjà intégré le
groupe des hommes par son initiation au Mungala.
Enfin, le veuvage de l'épouse d'un
maître-initié, mère des jumeaux, apparaît comme une
occasion pour questionner les véritables logiques qui sous-tendent et
structurent le pouvoir des hommes. La femme d'un maître-initié,
mère des jumeaux se présenterait alors comme un fétiche
politique et pourquoi pas, comme un contre pouvoir. Par «
fétiche politique », il s'agit de l'épouse d'un
maître-initié, mère de jumeaux qui est à la fois
initiée au Mungala et à l'Ondoukoué. Par «
contre-pouvoir », l'épouse d'un
maître-initié, mère de jumeaux apparaît comme une
adversaire politique vis-à-vis des hommes.
Nous voulons aussi inscrire notre travail dans la construction
de l'identité Akélé à travers le veuvage comme rite
initiatique et d'intronisation de la veuve mère de jumeaux. Ce qui nous
permet de dire que la pratique du veuvage chez les Akélé du
Moyen-Ogooué, du village de Bellevue, permet une sorte d'actualisation
et de redynamisation de leur identité en tant que telle dans la
société gabonaise.
Le veuvage, pour la fédération des associations
féminines (FAF) de l'Eglise Evangélique Presbytérienne du
Togo (EEPT), varie également d'une région à une autre. A
certains endroits, la veuve ne peut retrouver sa liberté que lorsqu'il y
a un
30 Jean-Ferdinand MBAH, « veuvage et
rupture de la relation d'alliance », p.119, in Rites et
dépossession, Rupture, n°5, mars 2004.
21
nouveau décès dans le village ou ces environs :
on l'amène alors toucher le mort à qui elle doit dire : «
si tu t'en vas, salue mon mari ».31 Mais le pire est
que la personne défunte doit remplir certaines conditions : Par exemple,
si la veuve a eu des jumeaux, le défunt libérateur doit
être celui ou celle qui a eu des jumeaux. En attendant de le retrouver,
c'est le calvaire qui se poursuit. Pour que la veuve arrête son veuvage,
il faut que dans le village ou dans le village voisin, on déclare la
mort d'un père des jumeaux. Dans le cas contraire, elle poursuit le
veuvage.
La durée du veuvage a une incidence négative sur
le plan économique, tant pour la femme que pour la belle-famille, la
veuve doit arrêter toutes ses activités, elle doit donner de
l'argent à d'autres personnes qui vont préparer pour elle et
durant tous le temps du veuvage. A la fin du rituel, elle doit organiser une
cérémonie pour remercier ceux qui l'ont aidé dans ce
moment.
Par contre BALANDIER32 nous invite à cerner
les différentes logiques politiques qui sont en dynamique ; en mettant
l'accent sur l'héritage où l'acteur politique gouverne le
réel par l'imaginaire33. En témoigne l'exemple de
MOBUTU, qui arborait un habit en peau de léopard pour mettre en
évidence son statut de chef, aussi bien de village, que chef d'Etat.
Ceci pour dire que la politique est une course au pouvoir.
Le rôle que joue l'acteur n'est pas un jeu à
proprement dit, plutôt une fonction politique car il gère son
peuple et assure l'harmonie, l'ordre établi par l'entremise d'une
scène, d'un héritage laissé par le
prédécesseur du pouvoir. Le rite du veuvage est une scène
pour la négociation politique. Et le successeur de cet héritage
n'a de choix que de gouverner. C'est une obligation de conduire la politique
à l'intelligence de l'ordre de son temps et de la replacer sur la
scène d'une histoire gouvernée par la succession de l'acteur.
31 La fédération des associations
féminines (FAF) de l'Eglise Evangélique Presbytérienne du
Togo (EEPT), Evangile et culte : La FAF lutte conte le veuvage.
Hongrie du 8 au 20 Août 1997. pp. 1-12.
32 Georges BALANDIER, Le pouvoir sur
scènes, Paris, Balland, 1980, 188 pages.
33 Georges BALANDIER, Le pouvoir sur
scènes, Paris, Balland, 1992, p.26.
22
A la lumière de cette présentation, notre
travail de recherche s'inscrit dans ce continuum ; en tentant de saisir les
mécanismes de la succession du pouvoir (politique et symbolique)
à travers le veuvage de la mère des jumeaux, épouse d'un
maître-initié, il s'agit de voir comment cette veuve peut jouer
son nouveau rôle de « maître-initié » au sein de
la nouvelle catégorie sociale qu'elle intègre (à cause de
son veuvage) : celle des maîtres-initiés. Sachant que part la
naissance des jumeaux, elle avait déjà intégré une
partie de cette catégorie.
Nous retiendrons que « Le pouvoir sur scène
» de BALANDIER nous montre comment le pouvoir politique s'exerce de
façon symbolique et quels en sont ces effets. Par ailleurs, ce
même pouvoir politique, à travers un héritage, vise
à maintenir ou à consolider l'ordre établi dans une
société. Par « maintenir », il faut dire que
la structure de la catégorie sociale des maîtres-initiés
est soutenue, tandis que par « consolider », les maillons de
cette catégorie sociale en tant que système, c'est-à-dire
les maîtres-initiés, ont connu une introduction de la femme dans
la vie des hommes: l'entrée de la veuve, mère de jumeaux, en lieu
et place de son mari. Nous profitons de l'apport de BALANDIER pour faire une
analogie entre le roi et le maître-initié, qui a les pleins
pouvoirs dans la gestion de la communauté. Le pouvoir du
maître-initié, dans la société Akélé
du Moyen-Ogooué, s'exprime à travers les institutions sociales
telles que le Mungala et l'Ondoukoué.
BALANDIER pense que « Le pouvoir sépare, isole,
enferme ; c'est bien connu. Surtout, il change celui qui y accède
»34 A travers cette pensée, nous retiendrons d'abord que
le pouvoir n'est pas seulement l'exercice de sa volonté sur un individu.
Mieux, nous pensons que le pouvoir, tel que définit par BALANDIER, se
présente comme un outil, un instrument de domination qui conforte la
légitimité de son détenteur. D'ailleurs, une des
caractéristiques du pouvoir, c'est qu'il transforme l'individu, le
faisant passer du statut d'exécutant à celui d'acteur.
34 Georges BALANDIER, Le pouvoir sur
scènes, ibid., pp.30-31.
23
Nous tentons de faire nôtre, cette définition que
nous propose BALANDIER pour lire les rapports de force et pourquoi pas de
domination qui articulent la société Akélé d'une
part, les femmes qui animent cette société d'autre part.
Restons toujours avec BALANDIER35, cette fois dans
une autre analyse axée sur la problématique des catégories
sociales en formation dans les sociétés dites «
traditionnelles ». En effet, en étudiant le veuvage de
l'épouse d'un maître-initié mère de jumeaux chez les
Akélé du Moyen-Ogooué, nous voulons mettre en
évidence le fait que cette dernière, par le veuvage,
connaîtra un changement de statut, parce qu'elle aurait
hérité du statut de son mari. Pour BALANDIER, les
différenciations sociales s'expliquent par les rapports sociaux entre
les catégories sociales, à travers une hiérarchie des
sexes qui peut se dissoudre ou justement se renverser par le pouvoir des
acteurs sociaux. C'est le cas de notre objet qui tente de voir comment dans la
société Akélé du Moyen-Ogooué, les
épouses des maîtres-initiés, mères de jumeaux,
deviennent des « femmes-hommes » mieux, des chefs politiques, par le
veuvage.
La convocation des travaux des étudiants africains et
gabonais sur la question de « la religion et de la mort » nous a fait
retenir les rapports de Licence et les Mémoires de Maîtrise de
Geneviève BATCHEMA36, Fulbert TOKA37 , Daniel MVE
ENGONGA38 et Eddy Blaise MABADI MAHEBA39.
35 Georges BALANDIER, Sens et puissance. Les
dynamiques sociales, Paris, Quadrige/PUF, 1971, 334 pages.
36 Geneviève BATCHEMA, Les
modalités du veuvage chez les Mahongwe, Rapport de Licence en
Anthropologie comparée, UOB/FLSH, Libreville, 1997, p.28.
37 Fulbert TOKA, le veuvage et la valorisation
de la femme dans la société Akélé, Rapport de
Licence en Sociologie, UOB/FLSH, 1997, 27 p.
38 Daniel MVE ENGONGA, La gestion de la mort
dans la société fang à travers les discours, rites et
conflits, Mémoire de Maîtrise en Sociologie, Libreville,
UOB/FLSH, 1995,108p.
39 Eddy Blaise MABADI MAHEBA, Ambivalence et
pouvoir : Mongala et le culte des jumeaux chez les Mahongwé,
Mémoire de Maîtrise en Anthropologie, Libreville, UOB/FLSH,
2005, 97 p.
24
Dans son étude « Les modalités du
veuvage chez les Mahongwe», Geneviève BATCHEMA évoque
les problèmes de discrimination du veuvage entre l'homme et la femme. La
femme fait l'objet de brimades, considérées par l'auteur, comme
ayant commis des actes susceptibles de compromettre la santé ou la
renommée de son époux, elle subira des dures épreuves,
elle va alors faire face aux nièces, neveux et soeurs du mari
défunt, qui lui feront subir des supplices dits «
mayoba».40
Geneviève BATCHEMA donne les étapes ordinaires
d'un rituel funéraire. Elle affirme que « ces étapes
débutent par l'annonce du décès, la veillée
mortuaire, l'inhumation. La réclusion mortuaire, la levée de
terre, le port du deuil, le retrait de deuil et enfin l'étape de la
succession et le partage de l'héritage ».41 Nous sommes
dans le déroulement du rituel du veuvage de l'homme et de la femme chez
les Mahongwe. Par rapport à notre objet, ce travail est un fil
conducteur qui nous permet de circonscrire en général notre
étude en présentant les différences de traitements lors du
veuvage. C'est-à-dire qu'il existe un traitement pour les hommes et un
autre pour les femmes ; aussi parle t-on de traitements discriminatoires. Cette
discrimination ne tiendrait pas compte du statut de ces dernières car si
c'était le cas, on ne parlerait pas de « traitements
discriminatoires ». On parlerait de traitements équitables.
Chez Fulbert TOKA, le travail porte sur « le veuvage
et la valorisation de la femme dans la société
Akélé ». Dans son rapport de Licence, Fulbert TOKA
déclare que « le veuvage est une instance spéciale de prise
de pouvoir ; c'est une initiation ».42 Il affirme ensuite que
« dans la société Akélé, la femme est à
la fois mère, épouse, nourricière, etc.
»43 Aussi, lors des cérémonies funéraires,
ces différents statuts émergent en même temps que le groupe
transfert en elle, les statuts de son défunt mari. En effet, le deuil
détient une signification : il affirme par exemple que « la
40 Ce terme désigne les brimades en langue
Mahongwé.
41Geneviève BATCHEMA, Les modalités
du veuvage chez les Mahongwe, ibid., p. 14.
42 Fulbert TOKA, le veuvage et la valorisation de
la femme dans la société Akélé, Rapport de
Licence en
Sociologie, UOB/FLSH, Libreville, 1997,27 p.
43Ibid., p.5.
25
veuve aura en permanence, les mains sur la tête, le
geste qui signifie le désespoir, il y a aussi les paroles et les
conversations qui sont généralement ponctuées de
proverbes, sont généralement significatives ».44
On retient que les travaux de TOKA nous confortent dans la revalorisation de la
femme, à travers le transfert de statut.
C'est un travail qui montre que le veuvage, perçu
généralement comme un temps d'expiation, est un moment de
renouvellement de statuts des défunts mais surtout, de la
réaffirmation de celui de l'épouse. Son hypothèse
axée sur la mort d'un jumeau ou d'un initié au Mungala nous
révélant que « le veuvage est une instance
d'émergence des statuts de la femme »45, nous situe bien
dans notre démarche. Elle est un pan de notre étude. Enfin,
« c'est donc la révélation de la revalorisation de la femme
et la redynamisation de la société qui sont contenues dans les
complaintes à travers le rituel du deuil. Ces situations ne sont pas le
fait d'une volonté individuelle, elles ne répondent qu'à
un comportement collectif guidé par les normes coutumières et
sociétales ».46
Eddy Blaise MABADI MAHEBA47 quant à lui,
évoque le problème du statut de la mère des jumeaux dans
la société traditionnelle, celui des jumeaux et le mythe
même du Mungala. Mais le point qui nous préoccupe le plus est
celui du statut de la mère des jumeaux dans cette société
traditionnelle Mahongwè. Pour lui, la mère de jumeaux est
considérée comme le Nganga-Mongala, c'est-à-dire «
maître-initié » ; elle accède à la connaissance
des vertus et des secrets des plantes médicinales et
médico-magiques et peut, désormais, exercer un pouvoir de
guérison. Il faut souligner qu'à travers la naissance des
jumeaux, le statut de la femme change d'un genre à l'autre. Et ce statut
permet à la mère des jumeaux d'accéder aux rites
initiatiques masculins.
Ce statut de la mère des jumeaux lui donne la
possibilité de jouer le rôle d'interface entre les hommes et les
femmes, les vivants et les morts. Cette femme est
44 Fulbert TOKA, le veuvage et la valorisation de
la femme dans la société Akélé, ibid., p.9.
45 Ibid., p.8.
46 Ibid., p.20.
47 Eddy Blaise MABADI MAHEBA, Ambivalence et
pouvoir : Mongala et le culte des jumeaux chez les Mahongwe,
Mémoire de Maîtrise en Anthropologie, Libreville, UOB/FLSH,
sept.2005, 97p.
26
crainte dans sa société traditionnelle et
détient un pouvoir qui lui donne le dessus sur les mères
ordinaires et sur certains initiés au Mungala puisqu'elle est
considérée comme un maître-initié ou Nganga-Mungala.
Le parallèle « Mungala et Ondoukoué » avec la
société Akélé réside dans le fait que
l'épouse d'un maître-initié, mère de jumeaux peut
accéder au statut de son mari si et seulement si elle a subi le veuvage,
en tant que moment d'intronisation de cette dernière dans la
catégorie sociale des maîtres-initiés. Bien sur, en lieu et
place de son mari. C'est donc à cette condition qu'elle peut être
« un maître-initié ».
La mort se voit présentée sous une forme
particulière à travers le veuvage et toutes les autres
manifestations qui accompagnent le rite et les coutumes qui suivent un
décès dans la gestion du deuil. Elle nous permet de voir comment
le système politique se met en place pour organiser les rites
post-mortems.
On se rend compte que, dans cette société
lignagère, le pouvoir charismatique (ici il s'agit de leur influence)
des maîtres-initiés est le plus important dans l'organisation
sociale. En ce sens, il porte sur des symboles chargés de sens. Aussi,
ces symboles nous renseignent sur la façon dont les hommes mènent
et conduisent leur vie. Il ressort des conclusions auxquelles sont parvenus les
différents auteurs précités que la problématique du
veuvage trouve ses fondements dans la fonction politique et symbolique des
rites funéraires.
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