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Le veuvage de l'épouse d'un maà®tre- initié, mère de jumeaux dans la société Akélé du Moyen- Ogooué

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par Janny DIVAGOU IBRAHIM KUMBA
Université Omar Bongo - Maà®trise en sociologie de la connaissance 2009
  

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2. Les conduites post-mortem dans la description du décès

Premièrement Lorsque le mari décède, la mère des jumeaux est prise en charge par d'autres veuves mères des jumeaux qui sont dépositaires des pouvoirs supranaturels. Mais il n'ya pas que les veuves mères des jumeaux qui s'occupent d'elle, notons également que les hommes initiés au Mungala et à l'Ondoukoué, les pères spirituels et les ngangas. Le veuvage se fait par des personnes qui occupent une position dominante te le pouvoir dominant est un pouvoir symbolique. Personne d'autre ne s'occupe de cette veuve. La veuve a une manière très spéciale de pleurer son mari car elle ne le pleure pas sur une natte comme le font les autres veuves en général.

Elle pleure son mari sur un tabouret qui est le signe d'élévation et le signe du pouvoir, en ce sens qu'elle se distingue toujours des autres femmes non mères des jumeaux. La veuve change d'accoutrement pour la circonstance puisqu'elle porte désormais un pagne blanc au niveau de ses seins, le pagne blanc signifie le deuil. Elle se distingue toujours des autres veuves.

Deuxièmement, la veuve reste torse nu parce qu'on lui fait porter les instruments symboliques sur son corps qui servent de protection. Elle porte une ceinture de porte panier sous sa poitrine jusqu'au jour du levé de terre. Ce porte panier sert à atténuer la douleur de la disparition de son mari. Cette situation symbolise son passage de la classe des femmes à celle des « femmes-hommes ». Par ailleurs, la veuve est maquillée avec du Kaolin rouge'66 et du Kaolin blanc'67. Elle porte aussi sur le dos la peau de la civette'68. Notons aussi qu'on retrouve sur sa poitrine des cordes (Lendanka) croisés fait à base d'une plante de tige représentant les

166 Le Kaolin rouge est un des signes de la naissance des jumeaux ; aussi les menstrues

167 Le Kaolin blanc représente la pureté et le sperme.

168 C'est un signe d'autorité

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jumeaux. Elle doit nécessairement porter dans sa main un grelot (Legun) qui est une cloche traditionnelle, elle doit faire retentir cette cloche chaque fois qu'elle se déplace.

Pendant le veuvage, la veuve dort sur cette natte et un tronc de bananier qui lui sert d'oreille, elle se couvre avec un raphia, quant elle dort le visage est tourné contre le mur, la nuit une de ses belles-soeurs dort avec elle y compris les autres veuves mères des jumeaux. La veuve est isolée pour quelques jours voire des semaines cela dépend de l'avis des anciens. Mais le plus souvent ce rituel dure quinze (15) jours, après cette période, le levée de terre se fait. Cette cérémonie est constituée de plusieurs étapes très importantes qui consistent à la purification de la veuve parce que l'esprit du mari est en contact direct avec elle. Celle-ci est caractérisée par trois (3) étapes :

? Première étape : Il s'agit du bain de purification qui est la base d'une séparation indirecte entre la veuve avec son défunt mari. Ce bain est préparé par des veuves mères des jumeaux, les ngangas et les prêtres spirituels.

? Deuxième étape : Il est question ici de la prise du bain après chaque heure à partir de trois (3) heures du matin pour couper les liens avec le défunt.

? Troisième étape : Enfin, au levé du jour, la veuve porte ses vêtements habituels. Cette dernière étape constitue le retour à la vie quotidienne.

Dans cette même perspective, le point de vue de Claudine-Augée ANGOUE169 nous offre une description du deuil d'un chef de famille dans le nord du Gabon et où elle met en évidence l'implication des femmes, oncles et neveux utérins dans l'organisation de ce deuil. Le deuil est d'abord affaire de la famille du défunt, la communauté interviendrait en dernière position.

Ce qui n'est pas le cas du deuil d'un maître-initié dans la société Akélé du Moyen-Ogooué du village de Bellevue. En effet, dans ce groupe ethnolinguistique le deuil d'un maître-initié est d'abord assuré en 1er lieu par la communauté des maîtres-

169 Claudine-Augée ANGOUE, De la duolinéarité à l'illusion de l'unilinéarité dans les systèmes de descendance au Gabon ; pp.103-138, in Revue Gabonaise de sociologie, n°1, Paris, CRES/L'Harmattan, 2009, 186 p.

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initiés, comme l'affirme Zacharie170. En deuxième position les membres de la famille, amis, voisins et les femmes initiées (mères des jumeaux et veuves), participent aussi au rituel du défunt. Ces deux exemples pris parmi tant d'autres nous permettent de nous rendre compte que les systèmes de gestions du deuil et partant de la mort, diffèrent d'une région à l'autre, d'un groupe social à un autre. Nous pensons que le deuil est un phénomène social total qui nous permet de lire les rapports de pouvoir en relation étroite avec le symbolique.

Enfin, nous adoptons le point de vue de Claudine-Augée ANGOUE comme quoi « le deuil est une occasion de revitaliser les statuts des différents acteurs »171, c'est-à-dire qu'il nous permet de voir qui fait quoi, qui a les droits et les devoirs et qui occupe quelle place dans la société.

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