2. La chefferie chez les Akélé
Le pouvoir du chef se fonde particulièrement sur la
base religieuse. En effet, il est le détenteur des rites masculins que
sont le Mungala et l'Ondoukoué y compris des attributs du pouvoir.
Chaque membre de la communauté des clans et chaque
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mère de jumeaux ont pour obligation, à leur
mort, de contribuer à la survie du groupe en y déposant un os
humain ; qui servira de relique75.
Le rituel de l'obligation76 du dépôt
d'un os apparaît comme un moyen pour les ancêtres de demeurer
omniprésents au sein du clan, de la communauté du village. Ainsi,
la force et la légitimité du pouvoir de la chefferie
Akélé repose sur le fait qu'il soit généralement le
médiateur entre les vivants et l'au-delà. Cela se manifeste par
la capacité qu'il a de pouvoir apaiser la colère des
ancêtres, de pouvoir entrer en contact avec eux et implorer leur secours
en cas de besoin.
Cette sacralité du pouvoir nous conduit à
affirmer que « le sacré est une des dimension du champ politique ;
(...), une garantie de sa légitimité (...) »77,
juste pour dire qu'à son origine, l'accession à la chefferie
repose sur un acte sacré, donc une série de rituels, qui viennent
entériner le pouvoir du chef. Car, le politique n'est pas
séparé du sacré, donc du religieux, puisqu'il s'agit des
deux faces d'une même pièce de monnaie appelée le pouvoir ;
où, quand on voit la politique en pile, en face, c'est le sacré
ou le religieux. D'ailleurs, le pouvoir du chef est sacré parce qu'il
est protégé et isolé par des interdits78.
Tous les membres du clan n'ont pas accès aux puissances
invisibles qui contrôlent la vie des Akélé. La chefferie
des Akélé est à la fois politique et religieuse. Ainsi, on
peut constater une continuité du politique et du religieux. Il n'ya
presque plus de distinction entre ces deux domaines. La base religieuse
constitue la substance même de la société
Akélé ; cette substance est, par conséquent,
représentée et soutenue par les différentes
sociétés initiatiques masculines et féminines. Enfin,
« le sacré et le politique contribuent conjointement à
l'entretien de l'ordre établi »79 par la
catégorie dominante des maîtres-initiés.
75 Etant dans leur cercle de
maîtres-initiés, chacun parle aux membres de la famille et aux
autres maîtres-initiés de la décision de laisser en
héritage, une partie de leur corps pour la survie du groupe.
76 Nos informateurs ont catégoriquement
refusé de nous donner le nom du rituel en Akélé et par la
suite en Français.
77 Georges BALANDIER, Anthropologie
politique, Paris, Puf/Quadrige, 1999, p.137.
78 Selon monsieur Zacharie, un chef de clan ou de
lignage ne peut pas avoir des rapports sexuels dans la forêt. Et par
rapport à la distribution du gibier, il est hors de question qu'il mange
n'importe quelle partie.
79 Georges BALANDIER, Anthropologie politique,
ibid., p.129.
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