1.2.2. Zoom sur quelques codes
1.2.2.1. Trait et couleur
Longtemps, les BD furent publiées en noir et blanc, ou
d'une couleur monochrome. Puis l'imprimerie a permis la parution en couleur,
essentiellement en aplats de couleurs primaires. Le noir devient plus
généralement la couleur du contour, par le biais de hachures et
de points, il assure aussi les grisés et les ombres. Après la
seconde guerre mondiale, les nouvelles possibilités de l'imprimerie et
la variété de la palette offriront des horizons nouveaux à
la reproduction graphique. Jacobs est un des premiers auteurs francophones
à s'attacher au rendu des couleurs puis à leur valeurs
symboliques et dramatiques. Si le coloriage était davantage
décoratif et commercial, il devient expressif. La couleur crée et
renforce les ambiances dans la BD d'après-guerre, de sorte que l'on peut
parler de code chromatique.
Depuis les années 70, la fonction de coloriste est
valorisée, le nom du spécialiste apparaît dans les
albums.
Traditionnellement, la mise en couleur d'une planche se fait
sur un « bleu d'imprimerie », c'est-à-dire une reproduction de
la planche noir et blanc sur papier à dessin. Aujourd'hui, les
innovations en imprimerie et en informatiques proposent à l'artiste une
méthode de couleurs directes. L'application directe de la matière
colorante sur l'original même rend possible une conception plus picturale
de la couleur. « La couleur
Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur
Mémoire de maîtrise I Septembre 2001
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dessine les formes au lieu de les remplir » affirme
Sylvain Bouyer1. Participent à ce courant Corben, Bilal,
Liberatore, Vink, Crespin, Marcelé...
Aujourd'hui, la mise en couleur se fait aussi sur ordinateur
par l'utilisation de logiciels spécifiques. Plus de films, plus de
scanner, le photograveur assure la sélection des couleurs et la
fabrication des films à partir des paramètres numériques
des fichiers du logiciel. Par exemple, la colorisation des albums de Michel
Vaillant (Graton) se fait désormais via le logiciel
Adobe(c)Photoshop par application de couleurs avec l'outil «pot de
peinture » depuis une palette standard dans les zones fermées des
dessins. Le texte est, par ailleurs, aussi réalisé par ordinateur
en insérant dans le logiciel de mise en page QuarkXPress des zones de
texte écrites avec la police «Graton », créée
spécialement à l'image de l'écriture du dessinateur.
Certains vont même jusqu'à concevoir certaines images en
numérique. Fred Beltran (colorisation des Technopères et
illustration de Megalex -scénarii par Jodorowsky-) prône
le tout numérique et utilise des logiciels de création 3D pour
modéliser les décors et certains personnages.
La mise en couleur a évolué en fonction des
progrès techniques mais dépend évidemment pour une bonne
part de l'appétit pictural de l'artiste.
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