1.2. (TENTATIVE DE) DEFINITION
1.2.1. Comment définir la BD ?
Les différents auteurs d'ouvrages sur la bande
dessinée se heurtent tous à la difficulté de
définir la bande dessinée. Certains différencient son
singulier de son pluriel. Annie Baron-Carvais [BARON-CARVAIS, 1985, p.5]
détermine la bande dessinée comme le Concept (ou bien
l'Art et la Technique) et les bandes dessinées comme le
Produit. Francis Lacassin [ENCYCLOPEDIA UNIVERSALIS, p.795] parle de
genre ou de moyen d'expression considéré dans son
ensemble pour le premier terme et de création objective
pour le second. D'autres tentent de lui accorder une expression synonyme.
Yves Frémion [FREMION, 1990, p.182] définit la BD comme la
forme moderne de la narration figurative. Le
néo-sémioticien Thierry Groensteen la perçoit comme une
espèce narrative à dominante visuelle [GROENSTEEN, 1999,
p.14]. Cependant, tous s'accordent sur le fait qu'une
définition-expression n'est pas suffisante, et qu'il faut entrer dans la
description de ses éléments pour pouvoir la cerner.
Ainsi, la bande dessinée est une forme de récit
composé d'une succession linéaire et/ou tabulaire de cadres
d'images dessinées, fixes, à l'intérieur desquelles les
sons (dialogues des personnages, voix-off, commentaires, bruits) se
présentent sous forme textuelle généralement dans des
bulles.
La bande dessinée relève d'un code* particulier.
Ce que nous appellerons dans cette étude « code » est un
système convenu de signes et de techniques narratives par lequel est
transmis un message. Pour plus d'aisance, nous nommerons les règles et
les éléments constitutifs du code, tout simplement « les
codes ».
Pour en parler maintenant de manière plus
précise, nous pouvons emprunter à Duc [DUC, 1982] sa
présentation de la bande dessinée comme un ensemble de moyens
d'expression artistique. Elle conjugue des moyens d'expression
dérivés de l'art cinématographique (les plans, le cadrage
ou angles de vue, le montage), de l'art graphique (dessin, composition des
images, jeux d'ombre et de lumière, perspective, couleur), de la
littérature (texte et dialogues). A ces éléments
s'ajoutent un certain nombre de moyens d'expression qui lui sont propres : les
cadres (ou cases, vignettes) qui peuvent varier de proportion d'une image
à l'autre, les bulles qui intègrent le langage à l'image
et permettent
Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur
Mémoire de maîtrise I Septembre 2001
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de faire parler les personnages (à l'aide d'appendices
dirigés vers leurs visages) ainsi que les onomatopées qui
constituent le «bruitage expressif ».
La bande dessinée n'appartient à aucun genre
déterminé. Elle est un art séquentiel* qui propose une
succession de dessins juxtaposés destinés à traduire un
récit, un message, une émotion. Son but est de transmettre au
moyen de l'expression graphique ce que l'abstraction de l'écriture ne
parvient pas toujours à exprimer. Ce qui est intéressant est que
les scénaristes et illustrateurs ont toujours tenté de
maîtriser et d'enrichir les codes de la bande dessinée afin de les
rendre signifiants, c'est-à-dire de les utiliser non comme artifices
mais comme éléments au service du récit, et ce en fonction
des contraintes des supports qu'ils leur ont été offerts.
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