6.1.3. E-BD à scénario
génératif
Deux e-BD sont classées dans le type de scénario
génératif. 1l s'agit de Carl, par Scott
McCloud, et Dans le panneau de Sébastien Trahan. Ces deux
oeuvres proposent en effet au lecteur, non pas de lire une bande
dessinée au récit tout tracé, mais de
générer des planches où se positionnent plus ou moins
aléatoirement les SUE. Dans Carl, le lecteur choisit, en
cliquant sur un lien html l'indiquant, le nombre de SUE dont sera
composé le récit, dans une fourchette de 2 à 51. Chaque
clic génère un nouveau récit, avec cependant
toujours la même SUE de départ et la même SUE
d'arrivée. L'action du lecteur participe à
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la complexification du récit : plus le nombre de SUE
choisit est grand, plus le récit propose de scènes et de
détails.
Dans le panneau de Sébastien Trahan fonctionne
autrement. L'auteur visualise d'abord une première UE où se
composent quatre SUE selon deux lignes et deux colonnes. Pour passer à
l'UE suivante, le lecteur a quatre possibilités : il peut cliquer sur
n'importe quelle SUE. Son choix implique l'affichage d'une nouvelle UE
composée de la même manière que la précédente
et qui lui propose aussi de continuer la lecture en cliquant sur l'une des
quatre SUE. Le schéma se reproduit à l'infini, chaque clic
sur une SUE entraînant l'affichage d'une UE. Cependant, le nombre
des SUE est limité. Nous avons pu en dénombrer dix-sept. Ce qui
nous mène à deux conclusions. D'une part, le fond du
scénario reste le même. Ce n'est que la succession des
événements de l'histoire qui changent. Les clics du
lecteur ont pour effet de générer aléatoirement le choix
et l'organisation de quatre SUE parmi les dix-sept possibles. Pour chaque
lecteur, le programme formule une narration différente. D'autre part,
même si le récit peut se déployer en un nombre infini d'UE,
le lecteur finit par se rendre compte qu'il lit toujours les mêmes SUE,
donc les mêmes moments de l'histoire, entraînant une baisse
d'intérêt sachant qu'il «tourne en rond ».
Les deux e-BD à scénario
génératif ont la particularité de vouloir couper avec
la linéarité et la rigidité des récits, ainsi
qu'avec la notion d'oeuvre finie. Elles proposent de modifier la combinatoire
des SUE pour créer ou recréer une nouvelle oeuvre à chaque
initiative du lecteur.
6.1.4. E-BD à scénario ouvert
Killer et les martiens et Miss Dynamite sont
deux créations dont la rédaction du scénario n'est pas
prédéterminé par l'auteur, mais requiert la participation
des lecteurs. C'est pourquoi nous avons classé ces deux oeuvres dans un
type dénommé à scénario ouvert.
Vicks, auteur de Killer et les martiens, a d'abord
exposé sur son site Internet une première case de bande
dessinée, présentant un personnage dans une scène de la
vie quotidienne. La suite de l'histoire a ensuite été
imaginée par les internautes. Selon la volonté de l'auteur, les
lecteurs ont pu lui envoyer, par e-mail, des propositions de
scénarii.
Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur
Mémoire de maîtrise I Septembre 2001
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Chaque semaine, une proposition était retenue par
Vicks, qui dessinait alors la scène et la mettait en ligne, en notifiant
au-dessous de la SUE le nom de son « scénariste ».
Pour Miss Dynamite, la participation des lecteurs est plus
collective. Chaque nouvelle aventure de Miss Dynamite, héroïne de
la e -BD, se finit sur un formulaire qui demande au lecteur d'envisager la
suite de l'histoire. Quatre questions lui sont posées pour lesquelles il
doit se prononcer en choisissant parmi trois réponses. Au bout d'un
temps donné (une à deux semaines), l'auteur publie en ligne les
résultats des votes ainsi que la nouvelle aventure, qui respecte les
choix majoritaires.
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