4.2. TEXTE / SON
4.2.1. Eternelle bulle
Comme dans les BD papier, les e -BD, pour la plupart,
proposent du texte, en combinaison avec le dessin. Il s'inscrit dans des
bulles, reliées au visage des personnages pour indiquer leurs paroles,
dans des récitatifs, cadres sans appendice dans lesquels
s'intègrent des indices de narration ou se présente sous la forme
d'onomatopées qui indiquent les sons pertinents dans les scènes
(« dring » de téléphone qui dévoile que le
personnage va décrocher le combiné, et qui pose aussi plusieurs
questions : qui appelle ? pourquoi ?, etc.). Cependant, la composition du
texte, notamment de la bulle, avec le dessin prend parfois une forme
originale.
Dans L'Oreille coupée, Opération
TeddyBear et Le déclic, la bulle est un espace à
part entière. Elle relève d'un affichage propre, i.e.
non-simultané avec l'affichage de la SUE dessinée, à
laquelle elle se rattache. Il est retardé, comme pour laisser au lecteur
le temps de découvrir l'image avant de connaître le fond de
l'intrigue que le texte révèle. La bulle prend place dans
l'iconique, mais sa position ne respecte pas forcément les strictes
limites du cadre des SUE. Puis la bulle peut disparaître, comme le
propose Opération TeddyBear alors que la lecture passe à
une SUE suivante. Telle la parole prononcée, le texte s'évapore,
seule reste l'image. Nous pouvons y voir une accentuation de la fonction
rythmique de la bulle dans le récit.
4.2.2. Sonorisation : bruitage et musique
Mais à ces codes textuels, six des dix e-BD
étudiées ajoutent un nouvel élément : le son, qui
prend des formes et endosse des rôles différent selon les oeuvres.
Il fonctionne de quatre manières différentes.
Le son peut accentuer le ton général d'une e
-BD. La petite musique rigolote et le texte des bulles prononcées en
chewing-gum dans Les Technoff soutiennent l'humour. Dans Le
Déclic, la mélodie lente d'un piano et des « aaah
», « oooh » de jouissance prononcés par une voix
féminine signifient, en plus du dessin et du texte,
l'érotisme.
Le son peut aussi appuyer les différentes ambiances des
scènes du récit. Comme dans un film, la musique permet de
dégager une sensation de mélancolie, de danger, etc. Dans
Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur
Mémoire de maîtrise I Septembre 2001
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ce sens, Opération TeddyBear et L'Oreille
coupée proposent plusieurs thèmes musicaux au cours de
l'histoire qui intensifient et dramatisent les enchaînements du
récit.
Le son peut, en outre, proposer un bruitage des scènes,
en remplacement ou en accompagnement des onomatopées. Dans ce sens,
Dans le panneau baigne son lecteur dans une musique jazz émise
en boucle qui le projette directement dans l'histoire car cette musique
pourrait être celle diffusée dans le bar où le personnage
principal. De façon plus prononcée, Opération Teddy
Bear use d'un large éventail de bruitage. Les actions des
personnages comme les ambiances de fond sont transposées de
manière sonore : ballon qui rebondit, bruit des pas d'un personnage sur
des graviers, avion qui rase le sol, bruissement de feuilles, chant d'oiseau,
etc.
Enfin, le son peut prendre la place du texte. Les personnages
de MissDynamite parlent. La bulle a disparu, toutefois le texte est
encore présent sous forme de sous-titrage, en-dessous de l'image. Dans
L'Oreille coupée, la position est moins radicale. Les bulles
sont encore là, mais le récit est soutenu par la voix-off du
narrateur, personnage principal de l'histoire. La narration est donc à
la première personne, ce qui a pour effet de donner au
«héros » une consistance qu'il n'aurait sans doute pas eue
sans le son.
Nous voyons donc que le son admet des fonctions diverses qui
sont praticables de façon unique ou combinée, selon les
désirs du concepteur.
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