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Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur: enjeux des oeuvres numériques de bande dessinée sur la création artistique

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par Laurène STREIFF
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse - Maà®trise des sciences et des techniques information- communication concepteur multimédia 2001
  

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4. UNE MORPHOLOGIE ENRICHIE

Les e-BD sont des bandes dessinées, dans le sens où elles en utilisent les techniques et les éléments morphologiques, comme le dessin, les bulles, les onomatopées, les cases. Nous allons analyser ci-dessous les «matériaux de l'image» des e-BD pour connaître les nouvelles directions en terme de création graphique induites par l'ordinateur.

4.1. DESSIN, COULEURS ET 3D

Dans les e-BD étudiées, les trois grands types de dessin sont présents : réaliste, semi-réaliste et humoristique. Chaque dessinateur peut faire valoir son style propre. Cependant, certaines créations réalisées en tout numérique proposent des images à l'esthétique repérable.

4.1.1. Flash : un style graphique ?

Plusieurs e-BD en Flash se fondent sur la caractéristique de l'économie (When I am a king, Dans le panneau). Les formes sont rondes, simplifiées, presque naïves, les traits et les expressions des personnages sont dépouillés. Lorsqu'il y a colorisation (Dans le panneau reste en noir et blanc), l'utilisation de la palette «web » du logiciel prévaut des couleurs vives, en aplat, posées dans les formes fermées. Quelquefois, la colorisation est texturée (L'Oreille coupée, MissDynamite). Le travail sur les ombres et la lumière se réalise en fait par simple découpage d'une forme établie (tracé d'une ligne brisée le plus souvent horizontalement) en appliquant sur les deux parties des valeurs différentes d'une même couleur (action simplifiée avec la palette hexadécimale qui propose trois à six teintes pour chaque couleur). Il y a une correspondance avec le « style Flash » répandu sur Internet par des agences de créations multimédias spécialisées dans ce logiciel comme Chman ou OeilpourOeil. Ce n'est néanmoins pas le lot de toutes les e-BD en .swf ou assimilable (création sous Director). Le Déclic reste fidèle au style de Manara. Pour Les Technoff les couleurs vives sont utilisées mais le dessin est, non pas rond et humoristique, mais semi-réaliste (traits fins, détails des vêtements et des visages...). Quant à Opération TedyyBear, le dessin est réaliste et la colorisation relève d'une palette très étendue dans les tons pastels.

Et la bande dessinée rencontra l'ordinateur Mémoire de maîtrise I Septembre 2001

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4.1.2. Images 3D

Certaines oeuvres proposent, en association avec le dessin 2D, des images en trois dimensions (3D). Elles sont réalisées dans un logiciel dédiée et sous-tendent un processus de création complexe, comme l'explique Mario Borillo [In HOLTZ-BONNEAU, 1987, Préface, p.12]. « A partir de surfaces géométriques simples, une phase de modélisation est nécessaire pour reconstituer sous toutes leurs faces et selon trois coordonnées cartésiennes les objets et les scènes ». L'insertion d'images 3D peut être faiblement perceptible, comme dans Opération TeddyBear. La 3D est utilisée dans quelques rares cas d'images animées, uniquement sur des éléments de l'image, et non sur des SUE ou UE entières. En outre, les textures utilisées correspondent au style graphique général. Donc la 3D s'insère parfaitement avec le reste de l'esthétique, sans marquer franchement sa présence. En revanche, When I am a king propose une approche différente. En parallèle à un style graphique Flash très épuré (dessin humoristique, peu de détails, couleurs vives en aplat, aucun effet ombre/lumière) pour la majeure partie du récit, toute une séquence présente des UE entièrement réalisées en 3D. Le graphisme change radicalement. Les décors et les personnages en perspective supportent des textures complexes exposées à diverses sources de lumière. Les couleurs sont ainsi plus nombreuses et dans une gamme davantage pastelle. La démarcation au sein de l'oeuvre est nette entre 2D et 3D. Si les deux techniques sont séparées, ne co-existent pas dans les UE, c'est parce que les images 3D sont utilisées à un moment particulier du récit : lorsque le héros mange du cactus hallucinogène. L'image 3D a donc une véritable fonction narrative : elle est présente pour signifier l'état d'esprit du héros «hallucinant », appuyer le fait que les scènes montrées correspondent à une rupture dans l'espace-temps du récit.

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