5 DISCUSSION - PROPOSITIONS
La SAU/actif dans cette zone est comprise entre 0,4 et 0,7 ha
et ne permet dans les conditions actuelles à la plupart des
exploitations de couvrir leurs besoins vivriers. Le recours à des
activités génératrices de revenus monétaires
devient alors une nécessité. La pression foncière et la
baisse de fertilité des sols dans les zones traditionnellement
occupées par les cultures sèches (céréales,
arachide) sont à l'origine du développement des cultures
maraîchères et fruitières dans les jardins de case et les
bas-fonds. Cette intensification trouve aujourd'hui ses limites (tarissement
des puits en saison sèche limitant le développement des jardins
maraîchers dans le soforo, saturation foncière dans les
bas-fonds).
La dynamique actuelle qui consiste à privilégier
les cultures de rente pour faire face à la baisse de production des
cultures familiales vivrières limite aussi les capacités
d'investissement de l'exploitation familiale, car les revenus échappent
en partie au contrôle du chef d'exploitation. Cette situation diminue
donc la capacité de renouvellement des bien collectifs (dans les
exploitations de type3 le matériel agricole est
généralement vétuste et n'a pas été
renouvelé) et le développement de l'élevage des petits
ruminants. En effet c'est le chef d'exploitation qui investit dans le cheptel
familial et qui gère les animaux de l'exploitation.. L'économie
paysanne semble ainsi être en mutation dans cette zone, qui ne signifie
pas une disparition des cultures vivrières dans l'économie
familiale (elles restent une priorité dans la totalité des
exploitations agricoles) mais une individualisation dans l'appropriation des
richesses créées par la production. Il est donc important
d'étudier les stratégies qui peuvent être
développées face à cette évolution.
5.1 QUEL DEVENIR POUR LES EXPLOITATIONS FAMILIALES
À SAFO ?
Le type 1 est le système qui semble le plus
vulnérable et celui qui présente le moins d'alternatives. Les
exploitations disposent de peu de terre, ne couvrent pas leurs besoins
vivriers, ont peu d'animaux et des revenus très faibles. Ils n'ont pas
la possibilité d'accroître leurs superficies, encore moins de
diversifier ou d'intensifier dans le maraîchage. Ce sont des
exploitations qui se maintiennent en recherchant d'autres sources de revenus et
notamment en tirant partie de l'exploitation des ressources naturelles (charbon
et bois de chauffe) qui se raréfient. Cela pose le problème du
maintien de ces exploitations dans la zone.
Les exploitations du type 2 peuvent se reproduire, mais sont
également dans une situation de déficit vivrier qui risque de
s'accentuer dans l'avenir. Ces exploitations sont limitées en surface
(pas de terre dans la plaine, saturation des bas-fonds).. Elles ne peuvent se
maintenir donc qu'en intensifiant leurs activités dans le bas-fond..
Elles auront sans doute tendance à se spécialiser dans la
production de banane au détriment du maraîchage qui lui est
actuellement associé.. En effet la conduite d'une bananeraie exige moins
de travail que le maraîchage (productivité du travail plus
élevée Cf. Figure 34) et permettra d'exploiter le potentiel de
terre dont elles disposent dans le bas-fond.
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Les exploitations du type 3se situent au seuil de
reproduction. Elles possèdent des terres de plaine, sont
équipées en traction animale et couvrent pratiquement leurs
besoins vivriers. La principale contrainte est la baisse de fertilité
des sols. En plus, elles ne peuvent étendre leurs cultures
maraîchères (saturation du soforo). Ces exploitations doivent donc
trouver des solutions pour améliorer la fertilité de leurs terres
et intensifier dans les cultures pluviales. L'investissement dans le petit
élevage et l'embouche bovine pour à la fois se créer des
compléments de revenus et produire de la matière organique afin
mieux valoriser leur koungokonoforo peut être une alternative pour
enrayer la baisse des productions et augmenter les revenus de ces
exploitations.
Les exploitations du type 4 possèdent de grandes
surfaces en plaine et dans les bas-fonds et sont autosuffisantes. Elles
dégagent des revenus importants qui leur permettent de capitaliser,
d'intensifier et d'améliorer leur cadre de vie (construction de maison
en dur, motos).
L'objectif pour les exploitations peuls reste l'augmentation
du cheptel bovin par l'acquisition de nouveaux animaux. Ce qui amène
à s'interroger sur l'avenir de ces élevages dans un contexte de
croissance démographique, de pression foncière de
raréfaction des pâturages,. L'élevage extensif peut-il se
maintenir dans une zone saturée sur le plan foncier et
dégradée sur le plan ressources ? Les éleveurs vont-ils
s'orienter vers des activités plus intensives et moins consommatrices
d'espace (embouche en stabulation)?
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