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8.3 DES MODES DE GESTION DONT ON PEUT S'INSPIRER
Dans la pêche sénégalaise, les mesures de
gestion émanent soit de l'État soit des acteurs à la base
à partir d'initiatives locales. Selon les instances de décision,
les impacts sont diversement appréciés.
Jadis, la pêche à Guet-Ndar faisait l'objet
d'une gestion rationnelle et concertée. Plus récemment, une
politique de régulation des prélèvements de sardinelles a
été instaurée par les utilisateurs de sennes tournantes.
Toutes ces formes de conservation sont abandonnées à l'heure
actuelle. L'AMP doit tirer les enseignements de ces échecs si l'on veut
asseoir un plan de gestion durable.
8.3.1 Des règles traditionnelles d'autogestion
disparues
Les informations fournies par les vieux pêcheurs
rencontrés à Guet-Ndar mettent en relief d'anciennes pratiques de
gestion appelées « temal » qui ne sont plus
d'actualité. En fait, ils soutiennent que « Traditionnellement,
l'activité de pêche était réglementée par les
populations elles-mêmes. Les limites de chaque lieu de pêche
étaient connues et reconnues de tous et l'exploitation des ressources
était régie par des règles respectées de tous
». Le « témal » consiste à instaurer
le repos biologique pendant certaines périodes de l'année avec
des sanctions prises contre les contrevenants (plusieurs jours d'interdiction
de sortie en mer, payement d'une amende...). Les mesures de conservation
appliquées à l'époque consistaient à la fermeture
alternée des lieux de pêche pendant les phases de frai et de
nursery des espèces qui s'y reproduisaient. La pêche était
ainsi interdite:
- Pendant le « loli » (octobre à
décembre) dans les pêcheries à proximité de
l'embouchure. Cette saison correspond d'après les vieux à la
période de reproduction des crustacés (surtout les crevettes).
Ils mettaient un accent particulier à la protection des crevettes.
Là où la crevette est abondante, le poison est abondant, car elle
fait partie du menu alimentaire de plusieurs espèces.
- Pendant le « Thiorone » sur Xer wurey
wi et ses annexes, période de reproduction des espèces des
fonds durs (mérou, pagre, daurade...).
Cet état des choses était lié à
un respect des traditions plus qu'à un souci de préservation car
la ressource était si abondante qu'on ne pensait pas à un
épuisement possible des stocks ou à la disparition de certaines
espèces. Aujourd'hui cependant, la poussée
démographique à Guet-Ndar et les faibles coûts
d'opportunités (non scolarisation des jeunes) aidant, il y a une
pression très forte sur la ressource. Du coup, la prolifération
des engins de pêche de plus en plus efficaces ne permet plus de respecter
le repos biologique.
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