5.5 LES AQUIFÈRES
Cette esquisse de l'histoire géologique permet de
comprendre pourquoi le sous sol de cette région recèle de l'eau
salée. Il s'agit de l'eau de mer retenue dans les dépôts
marins anciens ou récents qui n'a pu être évacuée et
remplacée par l'eau douce en raison de l'absence de relief et du climat
qui tend vers l'aride. Son origine est double car résultant :
![](Contribution--la-mise-en-place-d-un-dispositif-de-gestion-concertee-de-l-aire-marine-protegee-d23.png)
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~ des apports par les lagunes du quaternaire
nées dans la transgression Nouakchottien. Le sel est resté
prisonnier dans les formations avec une grande mobilité à cause
de ses déplacements en circuit fermé. L'évaporation de
saison sèche le fait remonter vers la surface où il permet le
déplacement des phénomènes éoliens. Tandis que la
pluie le fait migrer vers le sous sol par lessivage.
~ des apports actuels favorisés par le
jeu des courants de marées qui envahissent les vasières où
une partie du sel reste retenue dans la vase.
La conséquence est que dans cette région proche
du littoral la nappe phréatique très minéralisée et
affleurant, a une composition voisine de celle de l'eau de mer. Cela se traduit
par des phénomènes de salinisation des terres qui les rendent
improductives et freinent le développement d'activités agricoles
dans cette zone
Source modifiée de Michel (1990)
Figure 19. Croquis géomorphologique et
géologique du delta sud ouest du fleuve
Sénégal
5.6 MORPHOLOGIE ET SÉDIMENTATION DES FONDS DE
PÊCHE AU LARGE DE ST-LOUIS
De Yoff à la Langue de Barbarie, la côte est
uniformément sableuse et plate, bordée de haut cordon de dunes
actuelles et subactuelles, BONNARDEL (1967). L'épaisseur totale des
sédiments pré quaternaires est de 36m à Saint-Louis. Il
existe ainsi des niveaux sableux et ou sablo-argileux d'assez grande
épaisseur à dans cette région (sable et lumachelle
jusqu'à 36m de profondeur).
De manière globale, plusieurs séries de reliefs
longitudinaux existent devant la côte du Sénégal
d'après PINSON-MOUILLOT (1980). Ces zones rocheuses sont recouvertes de
sédiments et se développent en une succession de petits bancs
parallèles à la côte à - 15, - 20 m de profondeur au
nord de Saint-Louis. La nature du fond a une influence sur la
vulnérabilité des espèces aux engins de pêche :
ainsi, sur les fonds rocheux, inaccessibles aux chalutiers, les poissons ne
peuvent être capturés qu'à la ligne ou aux filets
maillants. Sur
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certains fonds de vase, des espèces comme la crevette
(Penaeus duorarum), qui s'enfouissent dans le sédiment le jour,
ne sont capturées par les chalutiers qu'à l'aide de chaluts
équipés de dispositifs permettant de fouiller la vase ou bien, la
nuit, lorsqu'elles s'élèvent au-dessus du fond.
A proximité de l'embouchure du fleuve
Sénégal, notamment dans la zone d'influence de l'AMP, les bancs
rocheux sont surmontés par des sédiments vaseux ou sableux qui
sont les témoins d'anciennes lignes de rivages (DOMAIN, 1977). En effet,
au cours du siècle dernier, la flèche littorale de la Langue de
Barbarie, qui ne s'est ni élargie, ni surélevée depuis son
origine, a fréquemment migré vers le sud, entraînant dans
sa progression le recul de l'embouchure MONTEILLET (1981), cité par
KANE(2007). Ces fonds de sables vasards sont excellents pour la pêche et
de ce point de vue, Saint-Louis est la plus favorisée de toute la grande
côte.
L'essentiel des activités de pêche se concentre
sur le plateau continental. Le plateau continental se limite à
l'isobathe 200 m, sa largeur est de 27 milles soit 50 km au niveau de
Saint-Louis. Son profil se présente comme un plan ondulé avec des
replats s'étendant quelques fois sur 10 km (voir fig. 22). Il est
très important en morphologie littorale dans la mesure où de son
extension dépend l'amplitude des marées. Très
étendu à Saint-Louis, il se rapproche doucement de la côte,
tout en suivant sensiblement son contour, lorsque l'on descend vers le sud. Il
englobe l'Aire Marine Protégée comprise entre les isobathes 10 et
81m.
![](Contribution--la-mise-en-place-d-un-dispositif-de-gestion-concertee-de-l-aire-marine-protegee-d24.png)
Source : WWF WAMER (2006)
Figure 20. Carte bathymétrique de l'AMP de
Saint-Louis
Il a été mis en évidence par BARUSSEAU
(1985) une importante zone vaseuse qui s'étend de part et d'autre de
l'embouchure du fleuve Sénégal, de 16°30' à
15°15' de latitude Nord entre les isobathes 20 et 80 m. Cette zone est
alimentée par les particules limoneuses transportées par le
fleuve jusqu'à la mer où elles sont reprises par les courants qui
les entraînent vers le sud-ouest. L'extension de cette vasière
jusqu'à la latitude de 16°30' Nord s'expliquerait par le fait que
le Sénégal, au Quaternaire récent, a vu son embouchure
située à cette latitude migrer peu à peu vers le Sud
![](Contribution--la-mise-en-place-d-un-dispositif-de-gestion-concertee-de-l-aire-marine-protegee-d25.png)
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GuikherR (1954), Ndiaye A (1975) Echelle. Longueur :
1/200 000
Hauteur : 1/5000
Figure 21. Profil du plateau continental au niveau de
Saint-Louis
Les sables vaseux couvrent des étendues plus ou moins
importantes sur la côte nord où ils entourent la vasière de
St-Louis. Ils ont souvent des teneurs en carbonate de calcium (CaC03)
supérieures à 30 % ce qui traduit la présence de
débris organogènes. Ce type de sédiment occupe toute la
partie inférieure du plateau continental au-delà de -50 m.
La houle également transporte dans la zone
d'aboutissement interne du jet de rivage des matériaux solides le long
de la plage. Elle représente suivant une direction NW-SE, un agent de
transport sableux très important. D'après Ndiaye A (1980), le
transport annuel de sédiments effectué par la houle serait de
l'ordre de 700 000m3/an
![](Contribution--la-mise-en-place-d-un-dispositif-de-gestion-concertee-de-l-aire-marine-protegee-d26.png)
F DOMAIN (1980)
Figure 22. Répartition des lutites et affleurement
rocheux sur la côte nord sénégalais
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Les relevés bathymétriques effectués au
large par BBL-SW (1985) et rapportés par KANE (2007) montrent que le
fond est relativement régulier au niveau de St-Louis. La pente varie de
2 % à 1,66% du rivage jusqu'à une profondeur de 10 mètres,
au-delà de ce point, la pente devient moins accentuée, soit
0,25%. Les fonds sableux occupent une surface réduite à
proximité de la côte
![](Contribution--la-mise-en-place-d-un-dispositif-de-gestion-concertee-de-l-aire-marine-protegee-d27.png)
Figure 23. Relevés bathymétriques et
granulométrie moyenne au large de la Langue de Barbarie (MONTEILLET,
1988)
Avec le transport et les dépôts alluviaux le
fleuve a joué un rôle important dans les processus de
sédimentation. RIOU (1936) cité par KANE (1985) souligne
qu'à partir d'un écoulement annuel de 39 millions de
mètres cube, la quantité de limon transportée par le
Sénégal serait de l'ordre de 4 millions de mètres cube.
Ces estimations sur la charge solide des eaux du Sénégal
soulignent l'importance du façonnement continuel de la vallée par
la crue annuelle dans l'apport de matériel fin à l'embouchure du
fleuve Sénégal. En moyenne, les transports solides du fleuve
Sénégal sont de l'ordre de 2 millions de tonnes par an. En terme
granulométrique, la fraction argileuse prédomine en toute saison
et représente 65 à 93% des flux particulaires solides.
La distribution granulométrique moyenne des flux
particulaires solides à l'embouchure est de 75% d'argile
(inférieur à 2u), 14,2% de limons très fin (2 à
5u), 1,9% de limons grossiers (20 à 50u) et 0,3% de sable
(supérieur à 50u)
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