5.4.1.2 Le Nouakchottien(7000 - 5500 BP)
Le climat redevint humide, le niveau de la mer se mit à
monter et les dunes remaniées connurent une nouvelle
pédogénèse. Le matériel sableux des dunes
ogoliennes arasées par la mer a été repris et
brassé par les eaux, déposé ensuite sous forme d'une vaste
terrasse sableuse. Cette terrasse Nouakchottienne s'individualise nettement au
sud de St-Louis entre Rao et Gandon où elle s'étend sur plus de 4
km de large avec une longueur de 20 km.
5.4.1.3 Le subactuel et l'actuel
Cette période commence par un lent et nouveau retrait
de la mer. L'importante dérive littorale N-S engendrée par la
houle charrie de grandes quantités de sables provenant de l'abrasion des
dunes rouges situées au nord du Delta. Le climat ayant progressivement
évolué vers l'aride dans le post Nouakchottien, les dunes
littorales se sont alors avancées vers l'intérieur et ont
recouvert les anciens cordons littoraux. Il se forme à partir des
16e et 17e siècles la flèche littorale qui
sépare actuellement le fleuve Sénégal de la mer à
partir de St-Louis jusqu'à Taré à 30 km au sud. Ce cordon
littoral est appelé « Langue de Barbarie » par les anciens
navigateurs européens qui mouillaient sur la côte
sénégalaise.
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5.4.1.4 Conséquences de la
morphogénèse : l'instabilité d'un
espace géographique soumis à un
processus inexorable de réduction
La langue de Barbarie s'est formée comme nous l'avons
cité à partir de la dérive littorale nord-sud
engendrée par les grandes quantités de sable provenant de
l'abrasion des dunes rouges du subactuel à l'actuel. Ce transport de
sable a pour effet de repousser l'embouchure et de la faire émigrer vers
le sud. Aussi, sous l'effet de l'érosion hydrique cette bande de terre,
d'une part a connu par le passé des ruptures naturelles de façons
cyclique et d'autre part, est soumise en permanence à un
phénomène de recul du trait de côte qui est de plus en plus
reporté vers l'intérieur, A BADIANE (1993).
![](Contribution--la-mise-en-place-d-un-dispositif-de-gestion-concertee-de-l-aire-marine-protegee-d22.png)
Figure 18. Vue de l'espace habité de Guet-Ndar
sous l'emprise de l'océan
Selon P MICHEL (1993), treize ruptures sont connus entre 1900
et 1981. Six d'entre elles seulement sont importantes (en durée et en
dimension) de telle sorte qu'une périodicité de 14 ans pour
évoquer l'instabilité de la Langue.
La vitesse de recul du rivage serait de l'ordre de 1,6 à
2m selon M SALL (1982) cité par BADIANE (1993). Ce qui concorde avec les
renseignements obtenus auprès des vieux pêcheurs de Guet-Ndar pour
qui il y'a 50 ans, la mer qui est aujourd'hui à moins de 100 m des
habitations, se trouvait au moins à 1 km de Guet-Ndar. Nous avons
constaté l'exigüité de l'espace séparant la mer des
zones habitées. Ce qui traduit une tendance à l'érosion du
rivage par la mer qui grignote de plus en plus l'espace occupé.
En somme, les menaces qui pèsent sur la Langue de
Barbarie sont réelles et le quartier de Guet-Ndar court un grand risque
de disparition si l'érosion du rivage continue. A NDIAYE (1975) et A
BADIANE (1993) ont prédit une disparition de Guet-Ndar si les processus
d'érosion du rivage ne sont pas stoppés au niveau de la Langue de
Barbarie. Cela montre la précarité dans laquelle vivent les
populations bénéficiaires de l'AMP de Saint-Louis. En fait, la
sécurisation du quartier des pêcheurs de Guet- Ndar contre
l'avancée de la mer doit logiquement figurer parmi les actions à
inscrire dans le futur plan d'aménagement de l'AMP de Saint-Louis.
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